commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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nous sommes tousiours morts: car noua voyons là
nostre malediction qui nous laissera confus en desespoir.
Mais en l'Evangile, combien que nous
soyons crucifiez, c'est à dire combien qu'il y ait
une espèce de mort en l'Evangile, tant y a que
ceste mort-ci est vivifiante, elle est cause de vie:
car cependant que les hommes vivent en eux
•mesmes, ils sont morts .quant à Dieu: ce sont
poures cbarongnes pleines de puantise : mais quand
ils meurent en eux mesmes, ils vivent à Dieu. Et
voilà pourquoy sainct Paul au 12. chap, des Rom.
a. 1 nous appelle sacrifices vivans, quand il nous
monstre qu'il nous faut estre transfigurez et quitter
toute nostre raison et toute nostre volonté pour
rendre à Dieu service qui luy soit agréable. Il dit:
Offrez vous comme sacrifices vivans. Ainsi donc
en la Loy il faut qu'il y ait une mort mortelle:
une mort qui nous laisse du tout abysmez iusques
aux enfers: mais en l'Evangile, la mort est vivifiante.
Et pourquoy? car nous sommes crucifiez avec
Iesu8 Christ pour vivre à Dieu, c'est à dire nostre
vieil homme (comme sainct Paul en parle au 6. chap,
des Rom. a. 4) et ce que nous avons de nature,
cela est aboli petit à petit, non pas du premier
iour: mais quoy qu'il en soit, nous sentirons que
nostre Seigneur Iesus Christ amortit ce qui estoit
en nous de ce monde et de nous-mesmes, que nous
ne sommes point tant adonnez à nous arrester ici
bas, quand nous voyons que c'est une miserable
condition que d'y vivre, et que nostre vrayo solicitude
est d'adhérer à Dieu. Voilà donc comme nous
serons crucifiez avec nostre Seigneur Iesus Christ.
Mais ce crucifiement-là qu'emporte-il? Il est vray
que c'est une espèce de mort: mais tant y a que
ceste mort là nous amené à la vie: ce que ne fait
pas la mort que nous apporte la Loy.
Nous voyons donc maintenant la vraye intention
de sainct Paul, et le sens naturel de ce passage.
Ainsi auiourd'huy, quand les ennemis de la
vérité blasphèment contre l'Evangile, nous avons
ici la response pour leur clorre la bouche: et s'ils
persistent tousiours qu'ils abbayent comme des
chiens: mais ils ne pourront mordre quoy qu'il en
soit. Voici que mettent en avant les Papistes,
quand nous preschons que les hommes sont iustifiez
par la bonté gratuite de Dieu. O comment?
et c'est pour lascher la bride à ce qu'un chacun
vive à son appétit et qu'il n'y ait plus de remors
de conscience ne de scrupule qu'un chacun se
permette de faire comme il voudra.- Voilà donc le
blaspheme commun des Papistes. Apres quand
nous monstrous qu'ils ne nous peuvent lier par
leurs traditions, et que c'est une tyrannie qu'ils
ont usurpée en despouillant Dieu de son droict, et
que la liberté nous a esté acquise par nostre Seigneur
Iesus Christ, à fin que nous ne soyons plus
astreints à ce que les hommes nous voudront mettre
de loy et de nécessité, en ce qui concerne le regime
spirituel de nos âmes: Or voilà que c'est:
ils ne désirent sinon de prendre tout esbat, et de
mener une vie dissolue: il est vray que nous pouvons
bien respondre à tout cela aiseement: Car la
doctrine que nous portons n'est pas pour irriter la
cupidité des hommes, ni pour leur donner licence
plus grande et plus enorme: c'est tout l'opposite.
Mais quoy qu'il en soit, ceci nous doit bien suffire:
c'est à sçavoir que si nous demeurions en ce bourbier
des Papistes, il est certain que là il n'y auroit
que mort. Car s'ils n'estoyent plus qu'endormis,
et du tout stupides, il est certain qu'ils seroyent
agitez d'inquiétudes et de remords, qu'ils
verroyent bien, ce n'est pas ici où il nous faut reposer
: mais les voilà empunaisiz en leur ignorance,
tellement qu'il n'y a nulle apprehension du iugement
de Dieu.
Or de nostre costé, quand nous cognoissons que
nous avons une liberté qui nous a esté acquise par
nostre Seigneur Iesus Christ, et que nous sommes
asseurez de nostre salut, pour ce que Dieu nous
remet gratuitement toutes nos fautes : et que desia
nous sentons par la vertu du sainct Esprit que
Dieu nous attire à soy, et que nous sommes mortifiez
pour vivre à luy, qu'alors nous allons d'un
courage alaigre. Et combien qu'il y ait tant d'infirmitez
en nostre nature, et nonobstant toutes
nos imperfections, nous ne doutons pas que Dieu
ne nous accepte. Or les Papistes ne peuvent avoir
une seule bonne affection de servir à Dieu, sinon
qu'ils soyent du tout ensorcelez en une vaine confiance.
Et pourquoy? Ils se fondent sur leurs
mérites, et leur semble que c'est le moyen d'acquérir
grace. Or maintenant qu'est-ce qu'ils peuvent
faire? Prenons le cas qu'ils apportassent cent fois
plus qu'ils n'ont, et que Dieu les gouvernast par
son sainct Esprit, qu'ils eussent quelque sentiment
de l'Evangile à demi: tant y a qu'il s'en faut beaucoup
qu'ils s'acquitent envers Dieu, voire de la centième
partie. Cependant on sçait bien que tout ce
qu'ils font n'est sinon des menus fatras: et de la
Loy de Dieu elle ne leur est quasi rien, et cependant
ils s'amusent à leurs inventions' propres. Maia
encores prenons le cas qu'ils s'employassent à cheminer
en la crainte de Dieu, qu'ils fussent enseignez
droitement, pour faire ce que Dieu leur
commande: tant y a neantmoins qu'ils ne peuvent
pas encores se vanter qu'ils viennent à ceste perfection
de iustice que Dieu requiert de nous: et
quand ils se seront bien tormentez, comment pourront-ils
servir à Dieu d'un courage alaigre, sinon
qu'ils cognoissent qu'il leur est propice, nonobstant
qu'ils soyent ainsi coulpables devant luy?
Or de nostre costé nous pouvons servir à Dieu