commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

437 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 438
nostre salut en Iesus Christ, voire, et que deviendroit
nostre franc arbitre, que deviendroyent nos
mérites et nos satisfactions? Il leur semble qu'il
vaudroit mieux arracher le soleil du ciel, voire
Dieu de son siege, que de despouiller l'homme de
ceste dignité, et de ce qu'il peut apporter devant
Dieu pour appointer avec luy: et neantmoins il
est certain qu'il n'y a en eux que toute puantise:
car on void qu'en leur vie il n'y a ni crainte de
Dieu, ni droiture, ni équité, ni rien qui soit. Ils
sont pleins d'orgueil, voire ils en crèvent, ils sont
pleins d'envie et de vengeance et de toute dissolution.
Et au reste si veulent ils tenir Dieu obligé,
mais c'est d'autant que iamais ils n'ont cognu la
Loy. Ainsi donc apprenons, quand nostre Seigneur
nous enseigne et qu'il nous monstre comme nous
avons à cheminer en ce monde, de tousiours faire
comparaison de la doctrine qu'il nous propose avec
nostre vie: et en ceste doctrine là nous trouverons
une droite perfection de la Loy: et en nous il n'y
aura sinon confusion horrible: nous verrons l'enfer
qui nous est appresté. Voilà comme il nous sera
aisé de quitter tout ce que nous aurions pensé auparavant
avoir de mérite: que cela sera bien tost
abbatu, et aurons la bouche close, et serons là
comme poures trespassez, sans avoir plus, nul souffle,
d'autant que nous appercevrons assez que nous ne
pouvons approcher de Dieu: mais qu'il faudra qu'il
foudroyé à rencontre de nous si nous apportons
quelque imagination folle de nos mérites. Voilà
comme la Loy nous tuera.
Or quand nous aurons passé par une telle
mort, c'est à dire que nous serons desia vrayement
humiliez et du tout confus, alors voici le remède
que sainct Paul propose: Tay esté crucifié (dit-il)
avec Iesus Christ, voire pour vivre à Dieu. Or ici
il monstre que nostre Seigneur Iesus Christ non
seulement nous apporte la remission de nos péchez:
mais aussi qu'il nous sanctifie et nous régénère par
son sainct Esprit, tellement qu'aulieu qu'auparavant
il n'y avoit en nous que rebellion, nous sommes
adonnez à servir Dieu et à luy complaire. Or pour
mieux entendre ce que sainct Paul nous dit, notons
qu'il y a deux principales graces que nous recevons
par nostre Seigneur Iesus Christ, l'une c'est la
remission de nos péchez, par laquelle, nous sommes
a8seurez de nostre salut, et avons nos consciences
paisibles, et sur laquelle il nous faut estre fondez,
tellement que nous reclamons Dieu • pour nostre
Père. Qui nous donne ceste audace là de lever la
teste au ciel, et d'appeler Dieu nostre Père? et
puis cfui nous donne ceste audace de nous glorifier
d'estre compagnons et frères des Anges? c'est pour
ce que nos péchez ne viennent point en conte: car
il nous faut recourir tousiours à ce lavement qui
eh a esté fait en la mort et passion de nostre
Seigneur Iesus Christ. Voilà donc nostre iustice :
c'est que Dieu n'ayant point égard à nostre indignité,
nous accepte, voire d'autant qu'il régarde
l'obéissance de nostre Seigneur Iesus Christ, par
laquelle toutes nos transgressions ont esté effacées.
Voilà le principal bien que nous avons par nostre
Seigneur Iesus Christ.
Or il y en a un autre second: c'est à sçavoir
au lieu que de nature nous sommes pervers, et que
tout ce qu'on appelle franc arbitre en la Papauté,
n'est sinon une phrenesie, que les hommes se
cuident faire valoir, et toutesfois il n'y a que malice,
nous sommes tortus, nous sommes pleins de vice
et de corruption : au lieu donc que nous sommes
tels, nostre Seigneur Iesus Christ nous fait la grace
que nous aspirons au bien, en nous desplaisant en
nos vices: car cependant que nous demeurons en
nostre nature, chacun se plaist et se flatte en son
mal. Mais quand nous avons gousté l'amour inestimable
de nostre Dieu, que nous avons cognu que
c'est de nostre Seigneur Iesus Christ, alors nous
sommes tellement touchez par son sainct Esprit
que nous condamnons le mal et desirons d'approcher
de Dieu, et nous conformer à sa saincte volonté.
Nous avons donc cela, et combien que nous allions
en clochant, tant y a neantmoins que nous gémissons
tousiours, voyans nos imperfections et infirmitez,
et sentons bien que l'Esprit de Dieu nous pousse
à cela, quand nostre principal désir est de renoncer
à ce qui est de vice en nous et de nostre chair,
en sorte que nous ne demandons sinon que Dieu
soit glorifié en toute nostre vie, et qu'il y soit
vrayement obéi. Voilà le second bien que nostre
Seigneur Iesus nous apporte : et ce sont deux choses
coniointes comme d'un lien inseparable, comme la
clarté du soleil ne peut point estre séparée de sa
chaleur. Ainsi ces deux graces (c'est à sçavoir
nostre iustice et la remission de nos péchez) sont
inviolablement coniointes avec ce renouvellement
qui est fait par l'esprit de sanctification.
Voilà donc deux graces inseparables: comme
quand nous disons que le soleil est chaut, il ne
laisse pas de luire, et toutesfois la clarté du soleil
n'est pas la chaleur. Ainsi quand nous disons que
nous sommes justifiez par la remission de nos
péchez, ce n'est pas à dire que Iesus Christ cependant
souffre qu'on se mocque de luy et qu'on le
despite: mais il faut que nous soyons bien purgez,
que nous apprenions de renoncer à ce monde et à
nous me8mes à fin d'adhérer à luy en vraye obeisv
sance. Quoy qu'il en soit, ce que dit sainct Paul
en ce passage se trouvera tousiours bien vray, qu'il
a esté crucifié avec Iesus Christ, pour vivre à Dieu.
Si donc on accuse l'Evangile comme s'il donnoit
licence de, mal faire et de pécher, nous avons
tousiours ceste response, Et comment? par la Loy;
28*