commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

433 SUR L'BPITRE AUX GALATES. 434
à fin que nous soyons adonnez à à servir Dieu,
que son image soit réparée en nous à ce que nous
cheminions en vérité et en droiture: quand donc
cela est dit, nous voyons bien que nostre Seigneur
Iesus Christ n'apporte point le péché. Et pourquoy?
car considérons qui nous sommes: nous trouverons
qu'il y a un abysme de toute iniquité en
chacun de nous et en tout le genre humain.
Or nostre Seigneur Iesus Christ vient pour y
remédier. Voilà donc le péché qui estoit desia
auparavant, mais il faut que Iesus Christ le descouvre.
Quel mal fait un médecin par la seignee?
voilà un poure homme duquel on n'apperçoit point
le mal: or son sang est du tout corrompu, mais
on ne le voit pas du temps qu'il est caché dedans
les veines: a il une seignee? on trouvera que ce
n'est point sang, qu'il n'y a que toute infection.
Apres quelle poureté sortira-il d'un corps humain,
quand on le veut nettoyer et purger de quelque
maladie? Or maintenant imputera-on cela au médecin,
ou au remède qui luy est donné? on cognoist
que ce8te purge là est pour délivrer un corps qui
estoit auparavant à demi pourri. Ainsi donc quand
nostre Seigneur Iesus met en avant par la clarté
de son Evangile les maladies spirituelles qui estoyent
en nous, les pollutions et ordures qui sont détestables
devant Dieu, et desquelles nous devons
avoir honte: quand donc il nous purge de tout cela,
faut-il qu'on luy impute quelque tache ou reproche?
quelle ingratitude sera-ce? Ainsi donc voici bien
une response suffisante pour rabatre les blasphemes
et murmures de ces ennemis de l'Evangile qui crèvent
d'orgueil et ne peuvent souffrir d'estre mattez.
Qu'ils allèguent ce qu'ils pourront pour monstrer
qu'ils ont quelque justice et quelque saincteté, et
tousiours on trouvera qu'il n'y a que pollution en
eux, laquelle ils n'ont point cognue, mais toutesfois
elle se monstre. Voilà donc pour un item.
Or en second lieu sainct Paul adiouste une
plus ample declaration et plus facile, quand il dit
qu'il est mort à la Loy par la Loy mesmes : mais que
jpour vivre à Dieu il a esté crucifié avec Iesus Christ.
Or quand il dit qu'il est mort à la Loy par la Loy,
c'est en se mooquant de ceux qui pretendoyent estre
iustifiez en observant la Loy. Car nous avons desia
exposé que toute sa dispute et combat estoit contre
telles gens. Voilà des séducteurs qui vouloyent
mesler Iesus Christ avec la Loy de Moyse, voire
pour acquérir iustice: car il est certain que nostre
Seigneur Iesus Christ n'est point contraire à la
Loy: mais plustost son Evangile prend tesmoignage
de là, comme il est monstre au premier chapitre
des Romains a. 2. Au reste quant est de la iustice,
c'est à dire quand on dispute et qu'on veut savoir
comment et par quel moyen les hommes sont re-
. ceus de Dieu et acceptez comme innocens, et comme
Calvini opera. Vol. L.
purs et sans macule, alors il faut que la Loy soit
séparée d'avec Iesus Christ. Et pourquoy? car elle
n'apporte que malediction en soy, et Iesus Christ
apporte le remède. Ces ennemis donc de l'Evangile,
contre lesquels sainct Paul maintenant dispute,
eussent voulu mesler la Loy en faisant accroire,
combien qu'on soit iustifié par nostre Seigneur
Iesus Christ, neantmoins qu'il faut mesler quant
et quant les ceremonies, et que c'est une partie du
salut des hommes: et que par ce moyen là ils aoquierent
grace et faveur devant Dieu. Or sainct
Paul retranche tout cela, et dit qu'il n'y a que
Iesus Christ seul, et qu'il ne faut point ici mener
des aides de costé ne d'autre, mais se contenter
simplement de la grace, et qne la Loy n'a point
ici de lieu. Car il dit: Moy ie ne suis point mort
par l'Evangile: comme s'il disoit: Me ferez vous accroire
que ie puisse estre agréable à Dieu par le
moyen de la Loy? Or il vous declare à l'opposite
que ce n'a point esté l'Evangile qui m'a condamné:
ce n'a point esté l'Evangile qui m'a monstre mes
ordures, afin que i'en eusse honte : ce n'a point esté
l'Evangile' qui m'a osté toute espérance de salut:
mais c'a esté la Loy qui m'a déclaré que ie suio
mort du tout, que ie suis damnable devant Dieu,
que ie suis damné et perdu: cela ne procède d'ailleurs
sinon de la Loy. Et vous m'y voulez faire
trouver iustice? C'est comme si vous me bailliez
quelque poison à manger à fin d'en prendre nourriture.
Or il est vray que ce mal ici ne doit pas
estre imputé à la Loy, car cela reviendroit au deshonneur
de Dieu duquel elle procède. Mais quoy
qu'il en soit, attendu la corruption qui est en nous,
la Loy ne nous peut sinon occire, comme nous
l'avons veu en la seconde des Corinthiens, et sainct
Paul le declare plus à plein au 7. chap, des Rom.
b. 9. Car là il dit que, quand les hommes cuident
avoir vie, c'est à dire qu'ils se persuadent d'estre
iustes et que Dieu leur est propice et favorable,
c'est signe que la Loy leur est morte: c'est à dire
qu'elle n'a point ceste vertu et vigueur de leur
monstrer ce qu'elle doit. Car à quelle fin la Loy
a elle esté donnée? c'est pour nous mettre devant
les yeux quelle est la vraye reigle de bien vivre:
or ceste reigle là est appelée la iustice que Dieu
approuve. Voilà pour un item.
En second lieu la Loy nous doit estre comme
un miroir pour nous faire contempler nos vilenies,
nos taches, nos souillures, nos pollutions, nos iuiquitez
si enormes, que nous soyons là comme engloutis
en desespoir. Or devant que nous ayons
la Loy, nous ne voyons point cela: c'est à dire
nous ne cognoissons point quels nous sommes, ni le
mal qui est en nous. Mais quand Dieu nous met
en avant ce qu'il requiert, et que nous l'appréhendons
au vif, alors nous sommes confus et du tout
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