commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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canailles qui ne font que despiter Dieu: car ils ne
sçauroyent discerner entre le bien et le mal: ils
sont tant stupides qu'ils sont comme empunaisiz en
leur vilenie: comme un gros yvrongne qui aura
perdu toute honte, et après avoir bien gourmande,
voudra tousiours demeurer en son intemperance.
Apres les paillards, les perivres, les blasphémateurs
et gens semblables protesteront assez d'avoir la foy,
mais cependant il est certain que iamais n'ont esté
préparez pour approcher de nostre Seigneur Iesus
Christ. Et pourquoy? car ils n'ont point cognu
qu'ils ne pouvoyent estre iustifiez que par grace.
Or notons que pour estre bien persuadez que nous
ne pouvons pas estre iustifiez par la Loy, il faut
que nous establissions là Dieu en son siege iudicial,
et qu'un chacun de nous s'adiourne devant luy:
que soir et matin nous pensions que nous avons à
rendre conte de toute nostre vie. Là dessus que
nous cognoiasions que nous serions cent mille fois
abysmez, s'il n'avoit pitié de nous et que nous
fussions supportez par sa miséricorde infinie.
Voilà comme nous cognoistrons que nous ne
pouvons estre iustifiez par la Loy : car nous sommes
comme damnez, si tost que nous venons à comparoistre
devant Dieu. Il faut que nous soyons
effrayez, tellement que nous n'ayons ne cesse ne
repos iusques à ce que nostre Seigneur Iesus nous
ait secourus. Voilà donc comme il nous faut estre
chargez et travaillez, c'est à dire qu'il nous faut
desplaire en nos vices, gémir avec une angoisse
telle que nous soyons saisis des douleurs de la
mort, à fin de cercher tout nostre allégement en
Dieu, et de l'y cercher, cognoissant que nous ne
pouvons autrement, ni du tout ni en partie obtenir
salut: mais qu'il faut qu'il nous soit donné. Car
sainct Paul ne met pas ici aucun moyen, comme
s'il disoit qu'il nous faut cercher ce qui nous défaut
en Iesus Christ, et le reste que nous le pourrons
GALATES. Chap. II v. 17, 18.
Nous avons veu par ci-devant que S. Paul pour '
abbatre tout orgueil et confiance que les hommes
prennent en leurs oeuvres et mérites, alleguoit que
les Iuifs qui avoyent grande dignité pardessus les
autres, neantmoins ne pouvoyent estre autrement
agréables à Dieu, que par la foy de l'Evangile. Or
si est-ce qu'il sembloit bien que les Iuifs eussent
quelque iustice en eux-mesmes pour estre agréables
TREIZIEME SERMON.
avoir : mais il dit que quand nous aurons cognu
que nous ne pouvons estre reputez iustes en nos
mérites, ni en nos oeuvres, il faut que la seule foy
nous suffise et qu'elle nous contente. Que nous
sçachions donc qu'il n'y a point seulement une
portion de nostre salut en Iesus Christ: mais que
nous y avons et le commencement et la fin, c'est
à dire le tout: et que nous demeurions tousiours
en ceste humilité là, cognoissans que nous n'apportons
que toute condamnation, et qu'il nous faut
recevoir de la pure miséricorde et gratuite de Dieu
tout ce qui appartient à nostre salut : tellement que
nous puissions dire que c'est par la foy que nous
sommes sauvez: c'est à dire, que d'autant que
nostre Seigneur Iesus Christ nous a esté ordonné
de Dieu son Père, afin que nous puissions estre
appuyez sur luy, qu'il commence et parfait nostre
salut en telle sorte qu'il faut que le tout luy soit
attribué, et que nous apprenions de renoncer à
nou8-mesmes, pour estre adonnez pleinement et du
tout à luy.
Or nous nous prosternerons devant la maiesté
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,
le priant qu'il nous les face tellement sentir que
ce soit pour nous y desplaire de plus en plus, et
nous faire acoroistre et profiter en la repentance
en laquelle il nous faut exercer toute nostre vie:
et que nous apprenions de magnifier tellement sa
bonté comme elle nous a esté déclarée en nostre
Seigneur Iesus Christ, que nous soyons là du tout
ravis: et que ce ne soit point seulement pour l'en
glorifier de bouche, mais pour mettre en luy toute
nostre fiance, et y estre confermez de plus en plus,
iusques à ce que nous soyons recueillis en la vie
éternelle, là où nous aurons le salaire de nostre
foy. Que non seulement il nous face ceste grace,
mais à tous peuples etc.
à Dieu: d'autant que la Loy leur estoit donnée,
et ceste promesse quant et quant, qui fera ces
choses, il vivra en icelles. On eust dono iugé que
les Iuifs, estans séparez d'avec nostre Seigneur Iesus
Christ, et estans considérez en leurs personnes, pouvoyent
estre aucunement iustes devant Dieu : autrement
il 8embleroit que la Loy fust superflue. Or
quand ils viennent à nostre Seigneur Iesus Christ,
alors ils se cognoissent poures pécheurs, miserables
et damnez. Il semble donc que Iesus Christ amené