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417 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 418 Iuifs de s'enorgueillir: mais il lenr met en avant Iuifs estoyent séparez d'avec le reste du monde. ce qu'ils avoyent receu gratuitement de Dieu, en Voilà pourquoy sainct Paul dit: Nous sommes Iuifs, quoy ils n'avoyent point matière de se glorifier: et non pas pécheurs d'entre les Payens. Quand il comme nous voyons qu'en l'Epistre aux Romains parle des pécheurs, il entend ceux qui demeurent il prononce deux sentences, qui de prime face pour- en leur ordure et ne sont point nettoyez par la royent sembler contraires, et toutesfois elles s'accor­ grace de Dieu. Car la circoncision estoit une dent très bien. Car il demande d'un costé: M'avons- marque et un tesmoignage que Dieu acceptait le nous nul privilege sur les Payons? Si avons (dit-il), parentage d'Abraham et la race qui estoit descendue car Dieu nous a esleus pour son peuple: il nous a de luy pour son peuple familier et special. Voilà donné la marque de circoncision pour declarer qu'il donc en quoy les Iuifs ont esté distinguez ancienne­ nous avouoit pour ses enfans: il s'est allié avec ment d'avec les incrédules, c'est à dire combien nous: il nous a promis le rédempteur du monde: qu'il y eust une condition égale, d'autant que tous bref nous voilà sanctifiez tellement que si nous con­ estoyent indifféremment enfans d'Adam, neantmoins sidérons les graces que Dieu a desployees sur nous, Dieu en a choisi les uns et a choisi les autres il y a bien pour nous avancer et exalter pardessus comme estranges de sa maison. Si on demande, le reste du monde. Or d'un costé sainct Paul pourquoy? Il n'y a eu que sa pure grace: mais magnifie là la bonté de Dieu: après il réitère ceste cependant les Iuifs n'ont pas esté plus excellons. question là et demande: Qu'avons nous d'avantage? Or suivons maintenant le propos que traitte Rien qui soit (dit-il), car tous sont enclos sous la ici sainct Paul. Nous avons (dit-il) cognu que nous malediction de Dieu. Si les Payons sont à con­ ne pouvons pas estre iustifiez par les oeuvres de la damner, nous au double: car encores pourroit-il Loy, sinon par la foy de Iesus Christ. Parlant ainsi, sembler que l'ignorance leur servira d'excuse. Or il monstre que les Iuifs mesmes, quelque grace tant y a qu'ils n'en pourront pas faire bouclier de­ qu'ils eussent receu, ne pouvoyent pas se fonder vant Dieu : mais qu'ils périront, encores que iamais sur les hommes ou en eux-mesmes, comme s'ils ils n'ayent eu ni instruction ni doctrine. Il faut eussent rien desservi envers Dieu, mais il faloit bien donc que nous soyons condamnez par la Loy . qu'ils eussent leur refuge à sa bonté gratuite, (dit-il) veu que Dieu nous a enseignez, et toutes- cognoissans qu'il n'y a salut sinon en Iesus Christ, fois nous ne laissons pas d'estre pécheurs et de qui est venu pour retirer de perdition ce qui estoit transgresser sa iustice, en sorte que nous sommes desia péri. Et en cela est accompli ce qu'il dit en plongez en malediction plus grande et profonde que l'autre passage, que tant ceux qui estoyent prochains, les Payens et incrédules. que ceux qui estoyent loin, ont esté tous réconciliez En ceste sorte donc maintenant il dit que les ensemble. Iesus Christ est la paix, pour faire que Iuifs sont bien séparez d'avec les Payens: non pas Dieu nous aime et nous reçoive à merci: non pas qu'ils soyent plus dignes, non pas qu'ils ayent seulement ceux qui estoyent eslongnez auparavant aucune iuBtice en leurs personnes: mais pour ce que comme les Payens, mais aussi les enfans d'Abraham, Dieu par sa bonté gratuite les a voulu choisir : quelque noblesse et dignité qu'il y eust: car cela comme auiourd'huy les enfans qui naissent des n'estoit point de nature. Or notons quand sainct fidèles ne sont pas meilleurs que les enfans des Paul dit que les Iuifs qui ont esté convertis à la Payens et des Turcs, si on regarde ce qui est de foy Chrestienne ou cognu qu'ils ne pouvoyent pas nature. Car nous sommes tous de ceste masse estre iustifiez par les oeuvres de la Loy, sinon par corrompue et maudite, et Dieu nous a tellement la foy de nostre Seigneur Iesus Christ, qu'il fait condamnez qu'il ne faut point que nul levé les une comparaison entre la foy et la Loy, pour cornes cuidant mieux valoir que ses compagnons. monstrer que nous ne pouvons pas estre iustifiez Or tant y a neantmoins que sainct Paul declare par grace sinon en renonçant à tous mérites: et qu'ils sont sanctifiez, qu'ils ne sont pas souillez ceci est bien digne d'estre noté. Car les Papistes comme ceux qui naissent des incrédules ou Payens. confesseront assez que nous sommes iustifiez par la Il sembleroit qu'il y eust là quelque repugnance, foy: mais ils adioustent que c'est en partie. Or mais le tout s'accorde bien, car il n'y a que souillure ceste glose là gaste tout: car ils sont convaincus, «t puantise en tous sans en excepter un seul, et que nous ne pouvons pas estre reputez iustes de­ cela est de nature. Mais cependant il y a un don vant Dieu, sinon que nostre Seigneur Iesus Christ supernaturel, c'est à dire un remède que Dieu moyenne et que nous soyons appuyez sur le salut adiouste, c'est que les enfans des fidèles sont dédiez qu'il nous a acquis. Les Papistes voyent bien cela, à luy, et il les recognoist et advouë pour siens. et pourtant par acquit ils diront assez: Nous sommes Tout ainsi donc auiourd'huy les enfans qui naissent iustifiez par la foy, mais par la seule foy, nenni. de l'Eglise sont reputez du peuple de Dieu et de Voilà sur quoy ils combatent. Et c'est le principal la compagnie de ses esleus, ainsi sous la Loy les article de quoy nous sommes en different avec eux^ Calvini opera. Vol. L. 27

419 ' SERMONS 420 Or sainct Paul monstre ici leur bestise, quand il dit: sinon par la foy: car ce mot là emporte que tout ce que les hommes présument d'apporter à Dieu, pour luy estre agréables, est retranché. Voilà donc la porte close à tous mérites, quand sainct Paul prononce qu'il n'y a autre moyen sinon par la foy. Nous verrons plus expressément ci après pourquoy la foy est ainsi accomparee à la Loy comme une chose opposite. Car la Loy presuppose qu'ayans accompli ce que Dieu nous commande, nous soyons trouvez bons serviteurs, et qu'il nous rende le salaire qu'il nous a promis: la foy presuppose que nous soyons poures gens damnez et perdus, et que nous cerchions en Iesus Christ ce qui nous deffaut: comme pour exemple, quand il y aura deux hommes qui demanderont à estre nourris et couchez, l'un apportera argent et voudra estre traitté en bien payant. Tous deux demanderont quoy qu'il en soit à manger: mais le second sera poùre, et n'aura ne denier ne maille, il demandera l'aumosne. Voilà donc les deux qui ont bien quelquechose de commun: car ils demandent pasture, comme ils en ont faute: mais le premier aura argent pour contenter son hoste: et comme il aura bien beu et mangé, qu'il aura esté receu humainement, aussi l'hoste de son costé recevra le payement et se contentera, et n'estimera point que celuy-là soit obligé envers luy. Pourquoy? Il est satisfaict, et mesmes il a gagné. Or le poure homme qui demandera l'aumosne, il tient sa vie de celuy qui le nourrit et le couche: car il ne luy apporte rien, sinon charge. Ainsi donc quand nous voudrons estre iustifiez devant Dieu par la Loy, il faut que nous le desservions, tellement qu'il reçoive de nous, et que nous recevions de luy, et qu'il y ait comme une chose réciproque. Et cela est-il possible? nenni: comme nous verrons plus au long ci après. Il faut donc conclurre que nous sommes déboutez de la iustice de la Loy, et quand nous cuidons apporter à Dieu quelque obligation, nous ne faisons que provoquer son ire. Il ne reste donc sinon que nous y venions comme poures mendians, et ainsi la foy nous iustifie: non pas comme une vertu qui soit en nous, mais d'autant que nous confessons avec toute humilité que nous ne pouvons obtenir salut, sinon qu'il nous soit donné, gratuitement. Voiià donc comme la Loy est ici mise à l'opposite de la foy: comme si sainct Paul declaroit que tous ceux qui prétendent d'estre agréables à Dieu par leurs mérites, ils renoncent à la grace de nostre Seigneur Iesus Christ, comme il en sera aussi traitté plus au long. Or. maintenant si on dit que la Loy a esté donnée de Dieu, ainsi qu'elle ne peut pas avoir aucune contrariété à la foy, de laquelle aussi Dieu est autheur, la response est facile à cela. Car Dieu a fait le iour et la nuict, l'eau et le feu, le froid et le chaut. Or maintenant il est certain que le iour ne sera pas contraire à la nuict: car nous voyons un ordre admirable de la bonté et sagesse de Dieu, quand l'homme a la clarté du soleil pour faire son ouvrage de iour, et de nuict qu'il est là comme caché en repos. Ainsi donc combien que le iour soit divers d'avec la nuict, il n'y a point de contrariété, aussi n'y a il pas entre le feu et l'eau, moyennant que chacune creature ait son usage comme elle doit, mais nous voyons comme Dieu a très bien accordé le feu avec l'eau: et cependant si on les veut faire batailler ensemble il y aura grande contrariété. Ainsi en est-il de la Loy et de l'Evangile. Or ceux qui veulent que l'homme soit iustifie tant par l'Evangile que par la Loy, ils brouillent et meslent tout, c'est autant comme qui feroit esclater le ciel et la terre: bref il seroit plus aisé de mesler le feu et l'eau, que de dire que nous puissions acquérir par nos mérites quelque grace de Dieu, et cependant, que nous ayons besoin aussi d'estre secourus par nostre Seigneur Iesus Christ. Mais quand on regardera que c'est de la Loy, et à quel usage elle a esté donnée, alors on trouvera qu'elle n'a nulle repugnance à l'Evangile et par consequent à la foy, et qu'il y a un accord très bon. Voilà donc ceste difficulté solue. Que si on allègue que la foy procède de Dieu comme la Loy, il est vray, mais il faut regarder (comme nous verrons ci après) pourquoy Dieu a donné l'un et l'autre. Or retournons à ce que dit sainct Paul : il dit que nous ne sommes point iustifèes que par la foy de nostre Seigneur Iesus Christ. Quand il parle d'estre iustifiez, notons que c'est autant comme d'estre reputez ou tenus pour iustes devant Dieu* Et ce mot-ci a besoin d'estre entendu: car il est question de sçavoir comment nous sommes sauvez. Or ne sommes nous pas miserables creatures, si apres avoir .vescu long temps en ce monde, on nous demande quel est le moyen de salut, et que nous n'en puissions respondre? Nous verrons beau-, coup de poures bestes qui auront gourmande le pain de Dieu, et neantmoins ils ne sçauront comment ils se pourront presenter devant luy. Or. pour ceste cause nous faut-il estre tant plus attentifs à ce qui nous est ici enseigné par sainct PauL Il dit donc que nous sommes iustifiez. Et comment? Est-ce que nous soyons iustes, et qu'il n'y ait que "redire en nous? nenni: mais c'est que Dieu nous accepte. Le mot de Iustice donc se prend pour ceste faveur que Dieu nous porte, entant qu'il nous veut estre Père et nous tenir pour ses enfans. Si on demande: Et pourquoy l'Escriture use elle de ce: mot Iustifier? car il semble que cela ne vienne point à propos. On pourroit bien dire, Dieu nous aime, il a pitié de nous, il veut nous estre Fere et

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Or sa<strong>in</strong>ct Paul monstre ici leur bestise, quand<br />

<strong>il</strong> dit: s<strong>in</strong>on par la foy: car ce mot là emporte que<br />

tout ce que les hommes présument d'apporter à<br />

Dieu, pour luy estre agréables, est retranché. Vo<strong>il</strong>à<br />

donc la porte close à tous mérites, quand sa<strong>in</strong>ct<br />

Paul prononce qu'<strong>il</strong> n'y a autre moyen s<strong>in</strong>on par<br />

la foy. Nous verrons plus expressément ci après<br />

pourquoy la foy est a<strong>in</strong>si accomparee à la Loy<br />

comme une chose opposite. Car la Loy presuppose<br />

qu'ayans accompli ce que Dieu nous commande,<br />

nous soyons trouvez bons serviteurs, et qu'<strong>il</strong> nous<br />

rende le salaire qu'<strong>il</strong> nous a promis: la foy presuppose<br />

que nous soyons poures gens damnez et<br />

perdus, et que nous cerchions en Iesus Christ ce<br />

qui nous deffaut: comme pour exemple, quand <strong>il</strong><br />

y aura deux hommes qui demanderont à estre<br />

nourris et couchez, l'un apportera argent et voudra<br />

estre traitté en bien payant. Tous deux demanderont<br />

quoy qu'<strong>il</strong> en soit à manger: mais le second sera<br />

poùre, et n'aura ne denier ne ma<strong>il</strong>le, <strong>il</strong> demandera<br />

l'aumosne. Vo<strong>il</strong>à donc les deux qui ont bien quelquechose<br />

de commun: car <strong>il</strong>s demandent pasture,<br />

comme <strong>il</strong>s en ont faute: mais le premier aura<br />

argent pour contenter son hoste: et comme <strong>il</strong> aura<br />

bien beu et mangé, qu'<strong>il</strong> aura esté receu huma<strong>in</strong>ement,<br />

aussi l'hoste de son costé recevra le payement<br />

et se contentera, et n'estimera po<strong>in</strong>t que celuy-là<br />

soit obligé envers luy. Pourquoy? Il est satisfaict,<br />

et mesmes <strong>il</strong> a gagné. Or le poure homme qui demandera<br />

l'aumosne, <strong>il</strong> tient sa vie de celuy qui le<br />

nourrit et le couche: car <strong>il</strong> ne luy apporte rien,<br />

s<strong>in</strong>on charge. A<strong>in</strong>si donc quand nous voudrons<br />

estre iustifiez devant Dieu par la Loy, <strong>il</strong> faut que<br />

nous le desservions, tellement qu'<strong>il</strong> reçoive de nous,<br />

et que nous recevions de luy, et qu'<strong>il</strong> y ait comme<br />

une chose réciproque. Et cela est-<strong>il</strong> possible? nenni:<br />

comme nous verrons plus au long ci après. Il faut<br />

donc conclurre que nous sommes déboutez de la<br />

iustice de la Loy, et quand nous cuidons apporter<br />

à Dieu quelque obligation, nous ne faisons que provoquer<br />

son ire. Il ne reste donc s<strong>in</strong>on que nous<br />

y venions comme poures mendians, et a<strong>in</strong>si la foy<br />

nous iustifie: non pas comme une vertu qui soit<br />

en nous, mais d'autant que nous confessons avec<br />

toute hum<strong>il</strong>ité que nous ne pouvons obtenir salut,<br />

s<strong>in</strong>on qu'<strong>il</strong> nous soit donné, gratuitement.<br />

Voiià donc comme la Loy est ici mise à l'opposite<br />

de la foy: comme si sa<strong>in</strong>ct Paul declaroit<br />

que tous ceux qui prétendent d'estre agréables à<br />

Dieu par leurs mérites, <strong>il</strong>s renoncent à la grace de<br />

nostre Seigneur Iesus Christ, comme <strong>il</strong> en sera<br />

aussi traitté plus au long. Or. ma<strong>in</strong>tenant si on<br />

dit que la Loy a esté donnée de Dieu, a<strong>in</strong>si qu'elle<br />

ne peut pas avoir aucune contrariété à la foy, de<br />

laquelle aussi Dieu est autheur, la response est fac<strong>il</strong>e<br />

à cela. Car Dieu a fait le iour et la nuict,<br />

l'eau et le feu, le froid et le chaut. Or ma<strong>in</strong>tenant<br />

<strong>il</strong> est certa<strong>in</strong> que le iour ne sera pas contraire à<br />

la nuict: car nous voyons un ordre <strong>ad</strong>mirable de<br />

la bonté et sagesse de Dieu, quand l'homme a la<br />

clarté du sole<strong>il</strong> pour faire son ouvrage de iour, et<br />

de nuict qu'<strong>il</strong> est là comme caché en repos. A<strong>in</strong>si<br />

donc combien que le iour soit divers d'avec la nuict,<br />

<strong>il</strong> n'y a po<strong>in</strong>t de contrariété, aussi n'y a <strong>il</strong> pas<br />

entre le feu et l'eau, moyennant que chacune creature<br />

ait son usage comme elle doit, mais nous voyons<br />

comme Dieu a très bien accordé le feu avec l'eau:<br />

et cependant si on les veut faire bata<strong>il</strong>ler ensemble<br />

<strong>il</strong> y aura grande contrariété. A<strong>in</strong>si en est-<strong>il</strong> de la<br />

Loy et de l'Evang<strong>il</strong>e. Or ceux qui veulent que<br />

l'homme soit iustifie tant par l'Evang<strong>il</strong>e que par<br />

la Loy, <strong>il</strong>s brou<strong>il</strong>lent et meslent tout, c'est autant<br />

comme qui feroit esclater le ciel et la terre: bref<br />

<strong>il</strong> seroit plus aisé de mesler le feu et l'eau, que de<br />

dire que nous puissions acquérir par nos mérites<br />

quelque grace de Dieu, et cependant, que nous<br />

ayons beso<strong>in</strong> aussi d'estre secourus par nostre Seigneur<br />

Iesus Christ. Mais quand on regardera que<br />

c'est de la Loy, et à quel usage elle a esté donnée,<br />

alors on trouvera qu'elle n'a nulle repugnance à<br />

l'Evang<strong>il</strong>e et par consequent à la foy, et qu'<strong>il</strong> y a<br />

un accord très bon. Vo<strong>il</strong>à donc ceste difficulté<br />

solue. Que si on allègue que la foy procède de<br />

Dieu comme la Loy, <strong>il</strong> est vray, mais <strong>il</strong> faut regarder<br />

(comme nous verrons ci après) pourquoy<br />

Dieu a donné l'un et l'autre.<br />

Or retournons à ce que dit sa<strong>in</strong>ct Paul : <strong>il</strong> dit<br />

que nous ne sommes po<strong>in</strong>t iustifèes que par la foy<br />

de nostre Seigneur Iesus Christ. Quand <strong>il</strong> parle<br />

d'estre iustifiez, notons que c'est autant comme<br />

d'estre reputez ou tenus pour iustes devant Dieu*<br />

Et ce mot-ci a beso<strong>in</strong> d'estre entendu: car <strong>il</strong> est<br />

question de sçavoir comment nous sommes sauvez.<br />

Or ne sommes nous pas miserables creatures, si<br />

apres avoir .vescu long temps en ce monde, on<br />

nous demande quel est le moyen de salut, et que<br />

nous n'en puissions respondre? Nous verrons beau-,<br />

coup de poures bestes qui auront gourmande le<br />

pa<strong>in</strong> de Dieu, et neantmo<strong>in</strong>s <strong>il</strong>s ne sçauront<br />

comment <strong>il</strong>s se pourront presenter devant luy. Or.<br />

pour ceste cause nous faut-<strong>il</strong> estre tant plus attentifs<br />

à ce qui nous est ici enseigné par sa<strong>in</strong>ct PauL<br />

Il dit donc que nous sommes iustifiez. Et comment?<br />

Est-ce que nous soyons iustes, et qu'<strong>il</strong> n'y ait que<br />

"redire en nous? nenni: mais c'est que Dieu nous<br />

accepte. Le mot de Iustice donc se prend pour ceste<br />

faveur que Dieu nous porte, entant qu'<strong>il</strong> nous veut<br />

estre Père et nous tenir pour ses enfans. Si on<br />

demande: Et pourquoy l'Escriture use elle de ce:<br />

mot Iustifier? car <strong>il</strong> semble que cela ne vienne<br />

po<strong>in</strong>t à propos. On pourroit bien dire, Dieu nous<br />

aime, <strong>il</strong> a pitié de nous, <strong>il</strong> veut nous estre Fere et

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