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409 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 410 crainte de Dieu: ceux qu'on appelle des docteurs anciens, et qui ont perverti le sens naturel de l'Escriture saincte: ils ont esté comme ensorcelez de Satan, et cependant le poure monde a esté si aveuglé qu'il n'a point cognu cela. Ceux là donc ont ici exposé que nous ne sommes point iustifiez par les oeuvres de la Loy, c'est à dire par la circoncision, pour nous abstenir de certaines viandes, et pour garder une telle feste: mais cependant sainct Paul ne dispute point de tout cela. Il oppose la grace de Dieu à toutes nos oeuvres : bref, il monstre que nous ne pouvons rien apporter à Dieu: mais qu'il nous faut estre receus de luy. Voilà l'intention de sainct Paul. Or si nous n'avions ce but là devant nos yeux, il est certain que ce seroit une chose frivole de toute la doctrine qui est contenue en ceste Epistre. Au reste notons que sainct Paul quelque fois dira bien simplement et sans queue, que nous sommes iustifiez sans oeuvres: comme au troisième chap, des Romains il dit que nous avons une approbation claire et certaine de nostre iustice : c'est à dire que nous avons iustice devant Dieu par la remission de nos péchez, et non point par nos oeuvres : il ne dit point là par les oeuvres de la Loy : il couche le mot simplement, afin que toute bouche soit close, et que tous subterfuges soyent ostez. Mais tant y est que ce n'est point sans cause qu'il parle des oeuvres de la Loy pour mettre à néant tous les services que les hommes pourroyent mettre en avant pour obliger Dieu, comme s'ils pouvoyent se iustifier d'eux mesmes. Car comme nous verrons ci après, encores que nous eussions une perfection angelique, ce ne seroit point pour faire que Dieu nous fust obligé en rien qui soit, sinon d'autant que de son bon gré il nous a donné ceste promesse en sa Loy: Qui fera ces choses, il vivra en ioelles. Si donc nous prétendons d'acquérir grace devant Dieu par nos oeuvres, il ne faut point disputer selon la philosophie que Dieu nous doive aucune retribution ni salaire, quand nous l'aurons servi: car nous sommés siens et ne pouvons pas l'astreindre à nous en façon que ce soit. Comment donc est-ce que nos oeuvres pourroyent estre récompensées si elles estoyent suffisantes devant Dieu ? c'est pour ce qu'il nous l'a promis. Voilà une paction qu'il a contractée avec nous en disant: Qui fera ces choses, il vivra en icelles. Ainsi donc si nous pouvons garder la Loy en sa perfection, il est certain que nous serions iustes devant Dieu, et que nous aurions mérité salut: non pas encores pour dignité qui soit en nous, mais pour ceste paction là que JDieu a ainsi faite. Car nous voyons que tout le mérite qui pourroit estre allégué du costé des hommes ne despend sinon de ceste promesse. Et voilà pourquoy sainct Paul dit tousiours oeuvres de la Loy, oeuvres de la Loy: car il n'y a point d'autres oeuvres qui méritent d'estre receuës de Dieu et d'avoir aussi aucune recompense. Voilà donc pour un item. Or nous verrons ci après que nous sommes exclus de toute ceste iustice là, pour ce que nous défaillons: et au lieu que Dieu declare que nous serons sauvez en gardant la Loy, c'est autant comme s'il disoit que nous sommes tous damnez. Et pourquoy? Car il n'y a celui qui s'en acquite: mais nous sommes tous transgresseurs. Voilà donc la Loy qui ne nous peut apporter que mort, à cause de nostre infirmité: mais cela sera déduit plus au long en son ordre. 11 suffit pour ceste heure, que nous sçachions que sainct Paul met en avant ceste doctrine contre les Iuifs qui se glorifioyent et estoyent enflez d'une vaine présomption, comme si Dieu eust esté obligé à eux en observant les ceremonies de la Loy: non, non (dit-il), cela n'est rien, et nous en verrons la raison ci après. Au reste ce que sainct Paul a debatu à cause des ceremonies, cela est pour ce que ces hypocrites qui se vouloyent parangonner avec Dieu et vouloyent avoir la louange de leur salut, s'amusoyent tousiours à des menus fatras, et ne venoyent point au principal, c'est à sçavoir d'entrer en leur conscience: comme auiourd'huy en la Papauté ceux qui preschent tant leurs mérites, et qui disent qu'il nous faut acquérir paradis par nos oeuvres, et encores que nous soyons pécheurs, que nous avons le moyen de nous acquiter envers Dieu par satisfactions, que mettent-ils en avant? Ces gros Rabbins-là, quand ils voudront ainsi mettre les hommes sur un echaffaut pour estre prisez comme des idoles, après avoir fait leurs grandes prefaces du franc arbitre, de leurs vertus, de leurs satisfactions, de leurs mérites, qu'apportent-ils? Sera-ce pour exhorter qu'on vive chastement, sans faire toit à autruy, sans aucune affection d'avarice, qu'un chacun se contente de ce qu'il a, que nous soyons patiens en adversitez, que nous souffrions iniures et opprobres, que nous monstrions que nous sommes disciples de nostre Seigneur Iesus Christ en renonçant à nousmesmes? Or, il ne sera point question de tout cela: mais voici les bonnes oeuvres qu'ils mettront en avant: c'est qu'il faut aller dévotement à la messe, et devant qu'entrer au temple prendre de l'eau bénite, de faire tant de croix, de s'agenouiller devant un tel pilier, d'aller adorer un marmouset, de courir un pèlerinage, d'observer une telle feste, de fonder une messe, de donner pour les trespassez, de faire ceci et cela. Ainsi donc tous ces hypocrites, qui se veulent ainsi iustifier par leurs propres mérites, ils n'ont que des badinages et des sottises, et leur semble toutesfois qu'il y a une telle saincteté et perfection, qu'il n'y a que redite: quand ils auront fait beaucoup d'agios, beaucoup de conte-

411 SERMONS 412 nances, voilà Dieu qui se doit bien contenter. Or ce n'est pas en telle monnoye qu'on le paye: car sa Loy est spirituelle, il ne regarde point à ce qui apparoi8t et à ce qui a beau lustre devant les hommes: et mesmes les ceremonies, quand on s'y amuse par trop, Dieu monstre qu'il reiette tout cela : et ceci est encore bien notable : car les hommes cerchent tousiours quelque eschappatoire pour ne point s'adonner à l'obéissance de Dieu, et leur semble que quand ils auront fait ainsi leurs sottes devotions, que les voilà bien acquitez et que tout le reste de leurs péchez doit estre mis en oubli, d'autant qu'ils les rachètent par ce moyen là : c'est donc ce que nous avons ici à observer que sainct Paul a eu combat contre telles gens qui n'avoyent iamai8 sceu que c'estoit de servir à Dieu à bon escient, et n'estoyent iamais entrez en leurs consciences. Comme tous ces caphards de la Papauté, ces vilains là qui ont la vogue, ie ne parle point seulement de ces cardinaux et de ces bestes cornues d'evesques (car on sçait que c'est une puantise dont tout le monde est infecté), mais ie parle de ceux qui s'appellent docteurs, supposts de la foy catholique: il est certain que ce sont mocqueurs de Dieu, qui ne sont iamais entrez en eux mesmes pour s'examiner à bon escient, qu'ils n'ont iamais eu nulle scrupule de conscience. Il est vray que toute leur estude a esté de tenir le poure peuple comme à la géhenne et luy mettre beaucoup de scrupules en avant à fin d'estre veus bien subtils. Mais quant à eux, ils n'en ont rien senti. Et voilà pourquoy ils parlent tant à leur aise des mérites, et cependant ils ne s'en soucient point eux mesmes : seulement ils auront quelques menus fatras, comme des hochettes qu'on donnera à un petit enfant, par lesquelles il leur semble qu'ils pourront appaiser Dieu. Or pour ceste cause sainct Paul dispute des ceremonies de la Loy, comme elles luy estoyent mises en avant: mais cependant cela n'empesche pas qu'il ne tranche iusques au bout: c'est à sçavoir que les hommes sont desnuez de toute iustice et ne peuvent rien apporter à Dieu: mais il faut qu'ils y viennent pour mendier, confessans qu'il n'y a en eux que toute poureté et disette. Et d'avantage notons aussi que les Iuifs ont tousiours perverti la nature et l'usage des Sacremens, pour ce qu'ils en ont fait des mérites, et c'estoit tout au rebours qu'il les faloit prendre. Car les Sacremens n'ont pas esté establis de Dieu à fin que les hommes travaillans pour les observer, acquièrent quelque vertu qui leur soit réputée à iustice: mais plustost «'est pour les enseigner qu'il faut qu'ils cerchent tout en Dieu. Exemple, quand les Iuifs estoyent «irconcis, par cela Dieu leur monstroit à l'oeil que tout ce qui procède de l'homme n'est que corrup­ tion, et qu'il faut que nous soyons retranchez. Voilà que les Iuifs avoyent à regarder en ce Sacrement visible, que la nature des hommes est maudite devant Dieu, et que nous avons cercher, mais que nous n'y trouverons point une seule goutte de pureté. Or d'autre part ils avoyent signe et tesmoignage que Dieu neantmoins les vouloit secourir par le moyen du rédempteur qui devoit de la race des hommes. Car il est descendu de la lignée de David. Dieu donc leur monstroit cela tout visiblement. Et ainsi les Iuifs d'un costé estoyent abbatus en eux-mesmes, et devoyent aussi regarder qu'il n'y avoit en eux que toute malediction: et cependant ils venoyent cercher en Iesus Christ ce qui leur defailloit. Autant en est-il des lavemens. Quand les Iuifs se lavoyent, c'estoyent autant d'averti8semens qu'il n'y avoit qu'ordure en eux. Mais ce lavement là où estoit-il? estoit-ce en l'eau ? non: mais au sang" de nostre Seigneur Iesus Christ. Quand les bestes brutes estoyent tuées, là ils contemployent qu'ils avoyent mérité la mort: les bestes sont innocentes, et elles sont sacrifiées à cause des hommes, pour soustenir leurs péchez. Voilà donc un miroir qui monstre que les hommes sont tous maudits de Dieu. Or cependant les hommes viennent là s'humilier, invoquans Dieu et protestans qu'ils estoyent rachetez par un sacrifice: voire non pas par ces . ombrages, mais en la vérité qui n'estoit pas encores alors apparue. Or les Iuifs qu'ont ils fait? estans circoncis, ils ont cuidé qu'ils avoyent obligé Dieu d'autant envers eux: ayans fait leurs sacrifices, il leur sembloit bien qu'il y avoit là une grande saincteté, et se glorifioyent là dessus/ Or les Prophètes redarguent doublement ces hypocrites. Car en premier lieu ils leur déclarent que quand ils ont gardé toutes les ceremonies de la Loy, qu'ils n'ont rien fait, que cela n'est que vanité. Car voilà Dieu qui ditj le demande miséricorde et non point sacrifices : et puis, ie te remonstreray, homme, comment-tu dois plaire à Dieu, c'est que tu soyes yrayement humilié, et que tu ne t'amuses pas à luy apporter beaucoup de moutons ou de boeufs, car cela n'est rien: mais que tu faces iustice et droiture, que tu vives en bonne intégrité avec tes prochains, quand tu l'auras adoré. Nous voyons aussi ce que nostre Seigneur dit en Ieremie: Qui est-ce qui a parlé à tes Peres de m'offrir sacrifice? non (dit-il), ie veux qu'on m'obeisse, et qu'on escoute ma voix, et qu'on me serve en intégrité de coeur. Et puis en l'autre passage: Seigneur tu aimes la fidélité. Ainsi donc rious voyons comme les Prophètes redarguent les hypocrites, d'autant qu'ils estoyent retenus par les ceremonies, lesquelles de soy ne sont rien, sinon qu'on chemine en pure conscience devant Dieu et en intégrité entre les hommes. Or les Pro-

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cra<strong>in</strong>te de Dieu: ceux qu'on appelle des docteurs<br />

anciens, et qui ont perverti le sens naturel de l'Escriture<br />

sa<strong>in</strong>cte: <strong>il</strong>s ont esté comme ensorcelez de<br />

Satan, et cependant le poure monde a esté si aveuglé<br />

qu'<strong>il</strong> n'a po<strong>in</strong>t cognu cela. Ceux là donc ont ici<br />

exposé que nous ne sommes po<strong>in</strong>t iustifiez par les<br />

oeuvres de la Loy, c'est à dire par la circoncision,<br />

pour nous abstenir de certa<strong>in</strong>es viandes, et pour<br />

garder une telle feste: mais cependant sa<strong>in</strong>ct Paul<br />

ne dispute po<strong>in</strong>t de tout cela. Il oppose la grace<br />

de Dieu à toutes nos oeuvres : bref, <strong>il</strong> monstre que<br />

nous ne pouvons rien apporter à Dieu: mais qu'<strong>il</strong><br />

nous faut estre receus de luy. Vo<strong>il</strong>à l'<strong>in</strong>tention de<br />

sa<strong>in</strong>ct Paul.<br />

Or si nous n'avions ce but là devant nos yeux,<br />

<strong>il</strong> est certa<strong>in</strong> que ce seroit une chose frivole de toute<br />

la doctr<strong>in</strong>e qui est contenue en ceste Epistre. Au<br />

reste notons que sa<strong>in</strong>ct Paul quelque fois dira bien<br />

simplement et sans queue, que nous sommes iustifiez<br />

sans oeuvres: comme au troisième chap, des<br />

Roma<strong>in</strong>s <strong>il</strong> dit que nous avons une approbation<br />

claire et certa<strong>in</strong>e de nostre iustice : c'est à dire que<br />

nous avons iustice devant Dieu par la remission de<br />

nos péchez, et non po<strong>in</strong>t par nos oeuvres : <strong>il</strong> ne dit<br />

po<strong>in</strong>t là par les oeuvres de la Loy : <strong>il</strong> couche le<br />

mot simplement, af<strong>in</strong> que toute bouche soit close,<br />

et que tous subterfuges soyent ostez. Mais tant y<br />

est que ce n'est po<strong>in</strong>t sans cause qu'<strong>il</strong> parle des<br />

oeuvres de la Loy pour mettre à néant tous les<br />

services que les hommes pourroyent mettre en avant<br />

pour obliger Dieu, comme s'<strong>il</strong>s pouvoyent se iustifier<br />

d'eux mesmes. Car comme nous verrons ci<br />

après, encores que nous eussions une perfection angelique,<br />

ce ne seroit po<strong>in</strong>t pour faire que Dieu nous<br />

fust obligé en rien qui soit, s<strong>in</strong>on d'autant que de<br />

son bon gré <strong>il</strong> nous a donné ceste promesse en sa<br />

Loy: Qui fera ces choses, <strong>il</strong> vivra en ioelles. Si<br />

donc nous prétendons d'acquérir grace devant Dieu<br />

par nos oeuvres, <strong>il</strong> ne faut po<strong>in</strong>t disputer selon la<br />

ph<strong>il</strong>osophie que Dieu nous doive aucune retribution<br />

ni salaire, quand nous l'aurons servi: car nous<br />

sommés siens et ne pouvons pas l'astre<strong>in</strong>dre à nous<br />

en façon que ce soit. Comment donc est-ce que<br />

nos oeuvres pourroyent estre récompensées si elles<br />

estoyent suffisantes devant Dieu ? c'est pour ce qu'<strong>il</strong><br />

nous l'a promis. Vo<strong>il</strong>à une paction qu'<strong>il</strong> a contractée<br />

avec nous en disant: Qui fera ces choses, <strong>il</strong><br />

vivra en icelles. A<strong>in</strong>si donc si nous pouvons garder<br />

la Loy en sa perfection, <strong>il</strong> est certa<strong>in</strong> que nous serions<br />

iustes devant Dieu, et que nous aurions mérité<br />

salut: non pas encores pour dignité qui soit en<br />

nous, mais pour ceste paction là que JDieu a a<strong>in</strong>si<br />

faite. Car nous voyons que tout le mérite qui pourroit<br />

estre allégué du costé des hommes ne despend<br />

s<strong>in</strong>on de ceste promesse. Et vo<strong>il</strong>à pourquoy sa<strong>in</strong>ct<br />

Paul dit tousiours oeuvres de la Loy, oeuvres de<br />

la Loy: car <strong>il</strong> n'y a po<strong>in</strong>t d'autres oeuvres qui méritent<br />

d'estre receuës de Dieu et d'avoir aussi aucune<br />

recompense. Vo<strong>il</strong>à donc pour un item.<br />

Or nous verrons ci après que nous sommes<br />

exclus de toute ceste iustice là, pour ce que nous<br />

défa<strong>il</strong>lons: et au lieu que Dieu declare que nous<br />

serons sauvez en gardant la Loy, c'est autant<br />

comme s'<strong>il</strong> disoit que nous sommes tous damnez.<br />

Et pourquoy? Car <strong>il</strong> n'y a celui qui s'en acquite:<br />

mais nous sommes tous transgresseurs. Vo<strong>il</strong>à donc<br />

la Loy qui ne nous peut apporter que mort, à<br />

cause de nostre <strong>in</strong>firmité: mais cela sera déduit<br />

plus au long en son ordre. 11 suffit pour ceste<br />

heure, que nous sçachions que sa<strong>in</strong>ct Paul met en<br />

avant ceste doctr<strong>in</strong>e contre les Iuifs qui se glorifioyent<br />

et estoyent enflez d'une va<strong>in</strong>e présomption,<br />

comme si Dieu eust esté obligé à eux en observant<br />

les ceremonies de la Loy: non, non (dit-<strong>il</strong>), cela<br />

n'est rien, et nous en verrons la raison ci après.<br />

Au reste ce que sa<strong>in</strong>ct Paul a debatu à cause des<br />

ceremonies, cela est pour ce que ces hypocrites qui<br />

se vouloyent parangonner avec Dieu et vouloyent<br />

avoir la louange de leur salut, s'amusoyent tousiours<br />

à des menus fatras, et ne venoyent po<strong>in</strong>t au pr<strong>in</strong>cipal,<br />

c'est à sçavoir d'entrer en leur conscience:<br />

comme auiourd'huy en la Papauté ceux qui preschent<br />

tant leurs mérites, et qui disent qu'<strong>il</strong> nous faut acquérir<br />

par<strong>ad</strong>is par nos oeuvres, et encores que<br />

nous soyons pécheurs, que nous avons le moyen<br />

de nous acquiter envers Dieu par satisfactions, que<br />

mettent-<strong>il</strong>s en avant? Ces gros Rabb<strong>in</strong>s-là, quand<br />

<strong>il</strong>s voudront a<strong>in</strong>si mettre les hommes sur un<br />

echaffaut pour estre prisez comme des idoles, après<br />

avoir fait leurs grandes prefaces du franc arbitre,<br />

de leurs vertus, de leurs satisfactions, de leurs<br />

mérites, qu'apportent-<strong>il</strong>s? Sera-ce pour exhorter<br />

qu'on vive chastement, sans faire toit à autruy,<br />

sans aucune affection d'avarice, qu'un chacun se<br />

contente de ce qu'<strong>il</strong> a, que nous soyons patiens en<br />

<strong>ad</strong>versitez, que nous souffrions <strong>in</strong>iures et opprobres,<br />

que nous monstrions que nous sommes disciples de<br />

nostre Seigneur Iesus Christ en renonçant à nousmesmes?<br />

Or, <strong>il</strong> ne sera po<strong>in</strong>t question de tout<br />

cela: mais voici les bonnes oeuvres qu'<strong>il</strong>s mettront<br />

en avant: c'est qu'<strong>il</strong> faut aller dévotement à la<br />

messe, et devant qu'entrer au temple prendre de<br />

l'eau bénite, de faire tant de croix, de s'agenou<strong>il</strong>ler<br />

devant un tel p<strong>il</strong>ier, d'aller <strong>ad</strong>orer un marmouset,<br />

de courir un pèler<strong>in</strong>age, d'observer une telle feste,<br />

de fonder une messe, de donner pour les trespassez,<br />

de faire ceci et cela. A<strong>in</strong>si donc tous ces hypocrites,<br />

qui se veulent a<strong>in</strong>si iustifier par leurs propres<br />

mérites, <strong>il</strong>s n'ont que des b<strong>ad</strong><strong>in</strong>ages et des sottises,<br />

et leur semble toutesfois qu'<strong>il</strong> y a une telle sa<strong>in</strong>cteté<br />

et perfection, qu'<strong>il</strong> n'y a que redite: quand <strong>il</strong>s<br />

auront fait beaucoup d'agios, beaucoup de conte-

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