commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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407 SERMONS 408<br />
lever les cornes et se glorifier en eux-mesmes. Or<br />
cela est pour abolir la gloire de Dieu : pour ce que<br />
nous ne sçaurions nous attribuer tant peu que ce<br />
soit, que nous ne luy desrobions ce qui luy appartient<br />
et ravissions. Vo<strong>il</strong>à donc un sacr<strong>il</strong>ège diabolique,<br />
quand les hommes présument de leur vertu<br />
propre, comme s'<strong>il</strong>s avoyent une seule goutte de<br />
iustice. Et puis c'est entrer au gouffre d'enfer,<br />
quand nous cuidons obtenir salut pour nos oeuvres :<br />
car nous renonçons à. la mort et passion de nostre<br />
Seigneur Iesus Christ, là où <strong>il</strong> nous faloit cercher<br />
toute nostre iustice. Et puis le diable nous fait<br />
accroire merve<strong>il</strong>les: mais c'est pour nous faire tresbucher<br />
en ru<strong>in</strong>e. A<strong>in</strong>si donc, notons bien que sa<strong>in</strong>ct<br />
Paul traitte ici du moyen de nous iustifier devant<br />
Dieu: c'est à dire, de luy estre agréables, d'autant<br />
que c'est le pr<strong>in</strong>cipal que nous devons apprendre,<br />
et sans cela toute religion (qu'on nommera) n'est<br />
que fumée et mensonge, et n'est pas sans cause que<br />
sa<strong>in</strong>ct Paul entre en ceste question. Car plusieurs<br />
allèguent, Et comment? <strong>il</strong> n'estoit question que des<br />
ceremonies de la Loy. Et pourquoy donc sa<strong>in</strong>ct<br />
Paul se iette-<strong>il</strong> a<strong>in</strong>si comme à travers champs?<br />
pourquoy vient-<strong>il</strong> parler de la iustice, du salut des<br />
nommes, de la remission des péchez: et puis pourquoy<br />
parle-<strong>il</strong> de toute la Loy? Or d'une partie <strong>il</strong><br />
faut venir au tout: comme pour exemple, quand<br />
auiourd'huy nous enseignerions qu'<strong>il</strong> ne faut po<strong>in</strong>t<br />
garder les superstitions des Papistes et tout ce qui<br />
a esté a<strong>in</strong>si forgé à l'appétit des hommes: et bien<br />
nous ne traitterions pas seulement s'<strong>il</strong> se faut abstenir<br />
de manger chair un vendredi, de garder une<br />
telle ve<strong>il</strong>le, s'<strong>il</strong> faut faire ceci ou cela: mais nous<br />
traitterions en general, s'<strong>il</strong> est licite à un homme<br />
mortel d'imposer loix pour assuiettir les consciences<br />
à une servitude tyrannique. Car <strong>il</strong> n'y a que Dieu<br />
seul qui s'est réservé ceste authorité-là d'estre nommé<br />
Législateur, à f<strong>in</strong> que nul n'usurpe une telle dignité<br />
en l'Eglise. Puis qu'a<strong>in</strong>si est donc que le regime<br />
spirituel de nos âmes doit estre pr<strong>in</strong>s de la<br />
pure parole de Dieu, nous pouvons conclure alors<br />
qu'<strong>il</strong> n'y a ni Pape ni autre de quelque qualité<br />
qu'<strong>il</strong> soit, qui ait puissance de nous charger d'aucunes<br />
loix, ne qui doive attenter rien qui soit contre<br />
la doctr<strong>in</strong>e que nous tenons de Dieu. Nous entrerons<br />
bien donc en ceste dispute generale, ouy bien:<br />
mais c'est pour ce qu'<strong>il</strong> y ait une raison pare<strong>il</strong>le<br />
en tous po<strong>in</strong>ct8. Si nous disputions seulement, que<br />
c'est de manger chair ou poisson, ceste dispute là<br />
seroit frivole: car chacun mangera selon sa santé<br />
ou selon ce qu'<strong>il</strong> peut avoir: ce n'est pas disputer<br />
quant au salut des âmes et de ce qui est requis<br />
pour le repos de la conscience: mais quand nous<br />
prenons cela, de monstrer qu'<strong>il</strong> n'est à la creature<br />
vivante de s'eslever si haut que d'imposer loix,<br />
ceste dispute là est toute résolue et vuidee. Aussi<br />
quand on dira qu'en barbottant des patrenostres<br />
pour se racheter de ses péchez: en courant en un<br />
pèler<strong>in</strong>age pour prendre là ce qu'on appelle en la<br />
Papauté oeuvres de supererogation, c'est à dire<br />
quand les hommes font plus que Dieu leur commande,<br />
qu'<strong>il</strong>s se rachètent, et luy donnent quelque<br />
recompense des fautes qu'<strong>il</strong>s ont commises : et bien,<br />
si nous parlions simplement des pèler<strong>in</strong>ages, et que<br />
nous ne v<strong>in</strong>ssions pas au fondement et à la source,<br />
ceste dispute là seroit froide et maigre: mais quand<br />
nous traittons que toute nostre satisfaction est en<br />
ce qui nous a esté acquis par la mort et passion<br />
de nostre Seigneur Iesus Christ, et puis que Dieu<br />
desavoue tout ce qui a esté controuvé par nous, et<br />
qu'<strong>il</strong> veut estre servi en obéissance.<br />
Vo<strong>il</strong>à comme nous déduisons la cause a<strong>in</strong>si qu'<strong>il</strong><br />
appartient. Et pouvons prendre une conclusion<br />
toute certa<strong>in</strong>e. A<strong>in</strong>si en a fait sa<strong>in</strong>ct Paul. Car<br />
<strong>il</strong> n'a po<strong>in</strong>t regardé seulement à ce que les Iuifs<br />
disoyent, qu'<strong>il</strong> se faloit abstenir de manger de la<br />
chair de pourceau, qu'<strong>il</strong> faloit garder une telle feste<br />
et ce qui estoit des ceremonies: mais <strong>il</strong> a regardé<br />
pourquoy <strong>il</strong>s le disoyent: c'est qu'<strong>il</strong>s pretendoyent<br />
de monstrer que ceste observation de la Loy estoit<br />
nécessaire à salut: et c'estoit un lien de servitude<br />
sur les consciences qui estoit <strong>in</strong>supportable: après<br />
<strong>il</strong> voyoit que la liberté qui nous a esté acquise par<br />
nostre Seigneur Iesus Christ s'aboliroit: et c'estoit<br />
encores un second po<strong>in</strong>ct qui le contraignoit de<br />
entrer en telle dispute: mais le pr<strong>in</strong>cipal qu'<strong>il</strong> traitte<br />
ici, c'est que ceux qui vouloyent qu'on gardast les<br />
ceremonies, entendoyent que c'estoit un service<br />
agréable à Dieu, et de telle importance qu'on acqueroit<br />
par ce moyen iustice et salut: bref que<br />
c'estoyent autant de mérites. Or sa<strong>in</strong>ct Paul declare<br />
qu'<strong>il</strong> est impossible que les hommes acquièrent<br />
iustice devant Dieu par leurs oeuvres. Nous voyons<br />
donc ma<strong>in</strong>tenant pourquoy <strong>il</strong> traitte en general<br />
que nous ne.pouvons pas estre iustifiez, combien que<br />
ses <strong>ad</strong>versaires ne prétendissent s<strong>in</strong>on que la Loy<br />
ceremoniale fust gardée, et que tousiours on cont<strong>in</strong>uast<br />
comme devant la venue de Iesus Christ à<br />
sacrifier et faire le reste qui estoit des ombrages et<br />
figures anciennes. Et par cela aussi voyons nous<br />
quelle sottise c'est quand les Papistes pensent estre<br />
eschappez en disant que sa<strong>in</strong>ct Paul ne parle ici<br />
que des oeuvres de la Loy, et non po<strong>in</strong>t des oeuvres<br />
morales. Il est vray qu'<strong>il</strong>s ne sont pas les<br />
premiers autheurs de ceste reverie. Car le diable<br />
a eu des supposts de tout temps qui ont abusé le<br />
peuple: et aussi <strong>il</strong> ne se faut po<strong>in</strong>t arrester à l'authorité<br />
des hommes, et surtout de ceux qui n'ont<br />
eu ni pieté ni cra<strong>in</strong>te de Dieu: combien qu'<strong>il</strong>s ayent<br />
esté renommez de grand sçavoir, si est-ce neantmo<strong>in</strong>s<br />
qu'<strong>il</strong> y en a eu beaucoup qui ont esté des<br />
mo<strong>in</strong>es fantastiques qui iamais n'avoyent gousté