commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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c'est de modestie: c'est à sçavoii* d'autant qu'il n'y
a nul de nous qui ne puisse errer, comme nous
n'avons point une telle perfection de sagesse que
nous ne tombions en de lourdes fautes: et encores
que nous ne les appercevions pas, quelquefois il
nous adviendra de fléchir par infirmité pour le
moins quand nous sommes redressez, que nous ne
monstrions point les dents, ainsi que beaucoup sont
pleins de fierté et de rebellion: et mesmes ils desgorgent
leur venin, ou ils s'enveniment en leur
courage, quand ils sont reprins. Apprenons en
premier lieu à l'exemple de sainct Pierre, qu'il n'y
a celuy de nous tant avancé en saincteté, sagesse
et vertu, qui ne puisse faillir. Et pourtant que
nous escoutions patiemment ce qui nous sera remonstré
pour en faire nostre profit: et que nous
n'ayons nulle vergongne de baisser la teste, quand
nous verrons que c'est à bon droit qu'on nous
accuse et qu'on nous condamne. Voilà donc ce
que nous avons à retenir en premier lieu sur ce
passage. Or de faict sainct Pierre avoit desia eu ce
titre honorable, comme nous avons veu ce matin,
qu'il estoit comme colomne principale en l'Eglise
de Dieu et au temple spirituel qui devoit eBtre
basti. Il estoit honoré, il avoit receu le sainct
Esprit avec ses compagnons, et combien qu'il fust
tresbuché pour un coup, si est-ce que Iesus Christ
l'avoit restabli et avoit aboli la memoire de ceste
cheutte là, en luy disant, Pais mes brebis, que tu
ayes le soin de mes agneaux. Or si est-ce neantmoins
qu'encores il ne chemine point de droit pié,
mais il decline. Et d'autant plus nous faut-il estre
sur nos gardes, et que nul ne se déçoive, comme
s'il avoit tant bien profité en Peschole de Dieu
qu'il ne fust plus en danger de faillir. Gardons
nous d'une telle outrecuidance, mais que nous
facions tousiours le guet, afin de n'estre point séduits
par les astuces et embûches de Satan et
mesmes que ce nous soit une chose suspecte de
vouloir complaire aux hommes, veu que sainct Pierre
est tombé en ceste extremité-la. Il est vray que
son coeur tendoit bien à un but opposite, qu'il desiroit
de s'employer du tout à glorifier le nom de
Dieu. Il avoit résisté constamment, quand il luy
fut. défendu de prescher plus au nom de Iesus
Christ. C'e8toit une voix d'une magnanimité angelique,
quand il respondit, Il faut obéir à Dieu et
non pas aux hommes. Car il voyoit là les gouverneurs
de son peuple, il les voyoit assemblez avec
leurs pompes : il y avoit là une gravité magistrale,
qui estoit pour estonner un poure homme de nul
credit, comme il estoit, tant luy que lean, son compagnon.
Or si est-ce que faisant ceste réplique,
Qu'il obéira à Dieu maugré tous ceux qui pretendoyent
avoir preeminence pardessus luy: toutesfois
si voyons nous qu'il a esté deceu en cest endroit
dont il est ici fait mention. Quand donc les hommes
seront pour nous desbaucher, et que nous aurons
quelque belle couverture: quand il semblera que
ce n'est point mal fait de leur complaire, que nous
avisions à cest exemple qui nous est ici proposé
et qui est recité pour nous, à ceste fin qu'un
chacun regarde, et sans avoir l'oeil à travers pour
acquérir faveur en ce monde, que porte sa vocation
et ce que Dieu nous commande : que nous fermions
les yeux à tout ce qui est à l'environ, et que nous
n'ayons que ce but-là, qu'il faut en tout et par tout
nous conformer à la volonté de Dieu. Quand donc
nous aurons droitement regardé ce que Dieu nous
ordonne, et que nous aurons interrogé sa bouche,
que nous l'aurons prié qu'il nous conduise et gouverne
par son sainct Esprit, qu'aussi nous aurons
bien contemplé les bornes de nostre vacation, pour
ne rien attenter sinon ce qui est de nostre office:
alors nous pourrons éviter les astuces et a le
chemens de Satan et du monde, pour ne point
gratifier par trop aux creatures: mais sans cela
nous serons trompez tous les coups, comme il en
est ainsi advenu à Pierre. Car si nous faisons
comparaison de nous avec luy, il est certain qu'il
se pouvoit beaucoup mieux garder: mais après il
s'est humilié, à fin que ce fait nous serve d'instruction,
et que nous soyons despouillez de toute
fierté, que nous ne vueillions point mettre en
avant nos opinions, pour estre trop sages en nostre
cerveau et en nostre fantasie: mais que toute
nostre sagesse soit de nous reigler à la pure parole
de Dieu.
Or venons maintenant à ce que sainct Paul
adiouste. Il entre plus avant en propos et dit,
Nous sommes Iuifs de nature et non point pécheurs,
c'est à dire gens à condamner, gens poilus, poures
miserables d'entre les Payons. Or si est-ce que
cognoissans que nous ne pouvons pas estre iustifiez
par les oeuvres de la Loy et qu'il n'y avoit autre
moyen de nous rendre agréables à Dieu, sinon en
y venant avec la grace, de nostre Seigneur Iesus
Christ, nous avons renoncé à la iustice de la Loy,
et avons cognu qu'il faloit que Dieu nous acceptast
par 8a bonté gratuite au nom de son Fils. Puis
qu'ainsi est donc, qu'entre nous Iuifs avons renoncé
à nostre dignité, et que sera-ce maintenant des
Payens? ne faut-il pas que tous soyent reconciliez
avec Dieu par sa pure bonté, sans qu'ils y apportent
rien qui soit de leur propre, ne qu'ils prétendent
d'avoir rien desservi, ni d'avoir aucune dignité
en leurs personnes? Ici sainct Paul, comme
nous avons touché, entre en la dispute principale
qu'il avoit contre ceux qui mesloyent les ceremonies
de la Loy parmi l'Evangile. Or sainct Pierre
n'estoit pas de ce nombre-là, car il est certain qu'il
cognoissoit assez qu'il n'y avoit autre moyen