commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

401 SUR L'EPITRB AUX GA.LATES. 402
nous l'a baillé, sans qu'il y ait aucun meslinge des
hommes. Et puis en second lieu, selon que nous
voyons que le mal gagne, que nous réduisions à
Dieu ceux qui sont desbauchez, et que nous
taschions d'empescher ceux qui meinent ainsi leurs
prochains en perdition, et qui ne demandent sinon
à tout pervertir, que ceux là soyent reprimez, et
qu'un chacun qui aura zèle de Dieu se declare leur
ennemi mortel, et que nous rompions tout ce qui
nous pourroit retenir, encores qu'il y ait amitié et
parentage, qu'il y ait des liens les plus estroits de
ce monde, que nous mettions tout cela en oubli
quand nous voyons que les âmes, qui sont rachetées
par le sang de nôstre Seigneur Iesus Christ, sont
ainsi menées en ruine et perdition : que nous voyons
que les choses qui estoyent bien establies sont renversées,
et qu'on ne demande que toute confusion,
tellement qu'on ne sache plus que c'est de Iesus
Christ: et que petit à petit le diable ait la vogue
et qu'il nous précipite comme s'il avoit la bride
avallee sur le col. Quand nous voyons que le mal
tend là, qu'un chacun s'efforce de l'empescher et
GALATES. Chap. II v. 14—16.
Ceste sentence a tousiours esté comme en
commun proverbe, que chacun doit garder la loy
qu'il veut mettre sur les autres: car il n'y a nulle
raison ni équité que celuy qui voudra estre franc
et libre mette le fardeau sur les espaules d'autruy.
Et voilà pourquoy aussi nostre Seigneur Iesus
Christ reproche aux Scribes et Pharisiens qu'il ne
leur coustoit rien de mettre des charges fort pesantes
sur le poure peuple : mais cependant ils se donnoyent
congé et licence de faire ce que bon leur sembloit.
Or le plus souvent cela viendra d'hypocrisie que
celuy qui sera severe et extreme en toute rigueur
envers ses prochains, voudra qu'on l'espargne, et
qu'il soit dispensé. Or si nous devons presser nos
prochains à faire leur devoir, le vray ordre et naturel
c'est qu'un chacun commence par soy. On
void donc l'hypocrisie toute descouverte, quand
un homme ne voudra rien pardonner à ses prochains,
mais qu'il voudra que iusques au bout ils
s'acquittent, et cependant que ses fautes seront
lourdes, et qu'il ne voudra recevoir nulle correction.
Mais aussi quelquefois il adviendra que nous voudrons
faire des bons varlets aux despens d'autruy.
Or il en est ainsi advenu à sainct Pierre: car ce
Calvini opera. Vol. L.
ONZIEME SERMON.
que nous monstridns que nous aimons mieux avoir
la guerre pour servir à Dieu, que si nous avions
toutes les amitiez du monde pour complaire et
gratifier aux creatures mortelles: et que cependant
nous facion8 les aveugles ou les borgnes, quand
nous verrons que Dieu sera offensé: mais que sa
vérité et sa gloire nous sera si précieuse, que tout
le reste ne nous soit rien au pris. Voilà en
somme comme nous avons à prattiquer ceste doctrine:
le reste sera réservé pour l'apres disnee.
Nous nous prosternerons donc devant la maiesté
de nostre bon Dieu, en oognoissance de nos fautes,
le priant qu'il luy plaise nous les faire sentir de
plus en plus. Et cependant d'autant qu'il veut
que nous venions à luy avec repentance, qu'il luy
plaise nous y attirer par son sainct Esprit, et nous
supporter en nos infirmitez, iusques à ce qu'il nous
en ait du tout purgez et nettoyez, nous ayant
amenez à la perfection à laquelle il nous convie
et exhorte. Ainsi nous dirons tous, Dieu tout
puissant etc.
qu'il pressoit les Payons à garder la Loy ceremoniale,
n'estoit pas d'une telle hypocrisie comme
nous avons dit, que cependant il se donnast liberté
de faire ce que bon luy sembleroit, et qu'il voulust
estre absous devant Dieu pour avoir contraint les
autres à telle condition. Mais il estoit double,
d'autant qu'il vouloit gratifier par trop à sa nation.
Il s'estoit auparavant permis de vivre à la façon
payenne, c'est à dire n'usant plus des ceremonies
de la Loy. Car (comme nous avons touché) sainct
Paul ne parle pas ici des incrédules, ne des contempteurs
de Dieu : il parle des Payons qui avoyent
esté convertis à la cognoissanoe de l'Evangile et
desiroyent de servir à Dieu, voire sans les ceremonies
anciennes. Or sainct Pierre s'estoit conformé
à leur façon commune et toutesfois il estoit
Iuif: c'estoit donc une chose trop inique de mettre
une bride plus estroite sur les Payons qu'il ne recevoit
pour soy, comme desia nous avons dit. Il
ne le faisoit point pour son regard: mais il estoit
double, comme ceux qui voudroyent acquérir faveur
partout et ne fascher personne. Ainsi nous voyons
qu'il y a eu iuste raison de le redarguer et luy faire
ceste honte devant toute l'Eglise.
Il reste maintenant que de son costé il a recognu
sa faute, et à son exemple apprenons que
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