commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

397 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 398
desire de s'entretenir avec le monde. Et voilà qui
est cauBe de nous aveugler tousiours en nos fautes :
car il n'y a que flatteries, et nous semble que
nous ne pouvons estre amis, sinon qu'un chacun
pardonne à son compagnon. Or il y a bien une
façon de pardonner qui est louable, comme nous
avons dit: c'est que nous soyons humains pour
reprendre ceux qui ont failli: que nous taschions
à les gagner tousiours par douceur, et les attirer.
Et puis que nous ne soyons point trop chagrins:
car il y a des fautes qui sont passables, et qu'il ne
faut point esplucher iusques au vif: car cela ne
fait que exaspérer, quand il y a une convoitise
de reprendre, comme on en verra beaucoup qui
sont quasi continuellement au guet, pour sçavoir
s'il pourront trouver à mordre sur cestuy-ci ou sur
cestuy-là: toute leur saincteté est de bailler un
brocard à un, de mesdire de l'autre: bref ce sont
les plus grands correcteurs du monde. Or il nous
faut garder d'une telle convoitise, que nous ne
cerchions point à reprendre: mais au reste c'est
un vice que nous avons à détester comme une
peste mortelle, que ceste flaterie qui regne auiourd'huy
par trop au monde. Ainsi donc apprenons
selon qu'un chacun aimera son prochain, d'user de
ceste liberté que nous monstre ici sainct Paul: et
sur tout quand il est question de la vérité de Dieu,
que là, on n'espargne rien: mais que le zèle de
Dieu surmonte en nous, encores qu'il nous faille
acquérir des mauvaises graces, que nous soyons
suiets à beaucoup de calomnies et murmures, si
faut-il neantmoins entrer en combat. Car il n'y a
nulle excuse quand nous serons traistres en dissimulant,
si la vérité de l'Evangile est falsifiée. Il
faut donc que nous suyvions ce qui nous est ici
monstre par sainct Paul: et l'acte qu'il a fait
envers son compagnon Pierre nous doit servir de
loy et de reigle: tellement que nous monstrions
que nous ne desirons rien plus sinon que Dieu soit
escouté, que sa vérité ne soit point convertie en
mensonge: mesmes qu'on n'y brouille rien, qu'on
n'y mesle point du levain ou de la zizanie, mais
que tousiours elle demeure en sa pure simplicité.
Or d'autre part, les grans sont ici admonnestez de
s'assuiettir en toute modestie, et se rendre dociles
à la correction qui leur est faite, cognoissans que
Dieu ne s'est point despouillé de son droit, quand
il les a ainsi eslevez et qu'il faut qu'il ait tousiours
l'empire souverain, et qu'il exerce sa iuridiction
par sa parole, tellement qu'il faut que ceux qui
sont les plus eslevez plient ici le col, et qu'ils
cognoissent que ce seroit une confusion diabolique,
s'ils pretendoyent privilege de ne recevoir nul
chastiment. Car la parole de Dieu par ce moyen
là seroit comme déboutée, et il seroit aussi privé
de son empire qu'il a pardessus nous: c'est donc
comme il nous faut pratiquer ceste doctrine. Et
sur tout auiourd'huy quand nous voyons l'audace
des hommes, qui se dressent ainsi contre Dieu,
que nous soyons fortifiez à l'encontre, et que
rien ne nous estonne, puisque nous savons quelle
est la querelle pour la quelle nous avons à batailler:
et que nous despitions hardiment toute ceste
caverne d'infection, c'est à scavoir le Pape et son
Clergé, que toute ceste vermine et puantise là ne
nous soit rien, quand nous voyons qu'ils dressent
les cornes à l'encontre de nostre Seigneur Iesus
Christ, et qu'ils veulent sous ombre de luy, combien
qu'ils prétendent son nom, faire que son
Evangile soit comme mis sous le pié, voire enseveli
du tout: ou bien qu'il y ait un meslinge
si confus qu'on ne cognoisse point qui est le
maistre.
Quand donc nous voyons que le diable les
possède ainsi, que nous ne doutions point de nous
armer en combat et persister iusques au bout:
mesmes nous avons auiourd'huy entre les autres
choses, une querelle beaucoup plus favorable que
ne pouvoit sembler de ce temps là celle que sainct
Paul maintenoit. Il est vray que la raison est
pareille et procède d'une mesme source, mais
encores il faloit que sainct Paul combatist contre
les ceremonies que Dieu avoit commandé de sa
propre bouche: et pourquoy cela? d'autant que
l'Evangile en estoit obscurci, la grace de nostre
Seigneur Iesus Christ estoit comme abatue, les
mérites des hommes estoyent establis: et puis on
ne cognoissoit point à quoy Dieu avoit regardé en
sa loy. Auiourd'huy nous combatons pour les
mesmes raisons contre toutes les abominations qui
ont esté dressées en la Papauté: mais nous avons
cela pardessus, que tout a esté controuvé en la
boutique de Satan et des hommes. Or nous sçavons
qu'il n'y a que mensonge et vanité aux hommes,
cependant qu'ils se gouvernent à leur fantasie, et
qu'ils ne se rengent point à l'obéissance de Dieu.
Puis qu'ainsi est donc que nous combations tant
plus vertueusement, voyans que nostre Seigneur en
toutes sortes nous donne de quoy pour n'estre point
espouvantez de ces titres qu'on nous met en avant,
qui ne sont autre chose qu'illusions de Satan.
Voilà en somme ce que nous avons à retenir.
Or il nous faut aussi bien observer ce que
S. Paul adiouste, qu'il a reprins Pierre, d'autant que
luy et ses compagnons ne cheminoyent point d'un droit
pié en la vérité de VEvangile, et puis il les a reprins,
voyant que le mal estoit desia espandu au
long et au large, et que s'il eust plus dissimulé,
que le remède n'eust pas esté opportun. Yoici deux
raisons qu'il nous faut bien noter. Quant à la vérité
de l'Evangile, desia nous avons monstre ci-dessus
que c'est la pureté qu'il nous faut retenir. Car