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393 SUR L'EPITRE AUX G-ALATES. 394
gardant tel iour de feste, faisant ceci ou cela, n'inventoyent
pas un service de Dieu qui fust nécessaire
de soy, mais pour s'exercer tousiours en la foy de
Iesus Christ.
Et en cela voyons-nous que les ceremonies
n'ont eu nulle vertu d'elles-mesmes : mais quand
on les rapporte à leur fin et patron spirituel, on
cognoist qu'elles n'ont point esté establies de Dieu
sans le profit de l'Eglise. Qu'on sépare donc Iesus
Christ des ceremonies, et ce ne sera plus qu'un ieu
de petis enfans: mais si on regarde à quoy elles
ont deu conduire les fidèles, alors on trouvera
qu'elles ont esté utiles. Et mesmes auiourd'huy
encores nous en pouvons faire nostre profit: combien
que l'usage en soit aboli, si est-ce que des
ceremonies nous pouvons recueillir ce qui nous est
monstre en l'Evangile. Comme quoy? Il estoit dit
que le Sacrificateur seul entreroit au Sanctuaire,
mais non sans sacrifice. Et bien, de là nous avons
à recueillir qu'il n'y a ni homme ni Ange qui soit
digne d'approcher de Dieu, et que nous en serions
tous forclos, n'estoit que l'ouverture nous en fust
faite en la personne de nostre Seigneur Iesus Christ:
voilà pour un item.
Apres en second lieu, nous avons aussi à
retenir que nous ne pouvons pas estre agréables à
Dieu, ni avoir la hardiesse et liberté de l'invoquer,
sinon que le sang marchast: c'est à dire la mort
et passion de nostre Seigneur Iesus Christ, pour
nous acquérir la grace et faveur: et qu'il faut que
toutes nos oraisons soyent dédiées par ce moyen-là
ou elles seront reiettees de Dieu. Apres il est dit
que le livre de la Loy mesmes a eu son aspersion
du sang, aussi bien que le sanctuaire. Nous voyons
donc que tout seroit profane, sinon qu'il fust
sanctifié par nostre Seigneur Iesus Christ d'un
costé et d'autre, et que nous n'aurions aussi nulle
fermeté des promesses de Dieu: et que nous ne
les pourrions point appliquer à nostre salut sinon
qu'elles eussent tousiours leur signature. Apres
quand il est dit que Dieu est nostre père, et puis
que nos péchez nous sont pardonnez, que nous
sommes receuz de luy comme iustes et innocens:
toutes ces promesses là n'auroyent pas nulle vigueur,
et ne pourroyent pas nous apporter aucun avantage,
sinon que le sang de Iesus Christ nous vint
devant les yeux, tellement que (par manière de
dire) il faut que toute la parole de Dieu nous soit
escrite en lettres rouges du sang de nostre Seigneur
Iesus Christ. Voilà donc comme nous devons faire
nostre profit des ceremonies de la Loy. Mais quoy
qu'il en soit, l'usage est aboli, et s'il demeuroit,
nous n'aurions pas une telle doctrine: car nous
serions arrestez à ces choses basses et corruptibles.
Mais quand nous avons ce patron celeste duquel
il fut parlé à Moyse, comme aussi l'Apostre en
l'Epistre aux Hebrieux, et sainct Etienne aux Actes
le remonstrent bien, alors nous cognoistrons pourquoy
Dieu avoit ordonné telles ceremonies. Voilà
donc pour un item: c'est que nous cognoissions
qu'il n'est point ici parlé de choses de petite importance:
mais de sçavoir de quoy les ceremonies
ont profité aux Peres anciens, et pourquoy Dieu a
voulu qu'elles fussent abolies à la venue de nostre
Seigneur Iesus Christ.
Or suyvant cela nous voyons aussi que sainct
Paul n'a point espargné Pierre: combien qu'il fust
son compagnon, combien qu'il eust ceste dignité et
excellence de l'office où il estoit, et qu'il semblast
qu'il deust estre supporté. Quoy qu'il en soit, il
l'a reprins vivement pour ceste querelle. Nous
pouvons beaucoup mieux iuger que si c'eust esté
une chose petite et legiere, que S. Paul n'eust pas
esmeu un tel débat et contention. Il faloit donc
que ceci fust de grande importance. Or cependant
nous sommes admonestez quand la vérité de Dieu
est obscurcie, ou qu'on se destourne de la pure
simplicité de l'Evangile, qu'il ne faut rien espargner,
quand tout le monde devroit esclatter, si faut-il que
nous maintenions ceste cause-là en une constance
invincible, sans fléchir pour nulle creature que ce
soit : car s'il y avoit homme qui deust estre supporté,
cela estoit en Pierre, veu que nostre Seigneur
Iesus Christ luy avoit eslargi de ses graces pour
le nommer de ce titre. S. Paul se devoit bien conformer
aucunement à luy: voire mais ceci estoit
insupportable. Voici donc un exemple qui nous
monstre quand l'authorité des hommes seroit pour
obscurcir la vérité de l'Evangile, qu'il nous faut
entrer en combat et n'avoir esgard à nulle creature:
et ceci nous est auiourd'huy fort utile: car il y en
a beaucoup qui voudroyent nager entre deux eaux,
et combien qu'ils apperçoivent les abus et corruptions,
si est-ce qu'ils voudroyent moyenner, et le
tout pour racheter paix et concorde comme ils
disent, qu'en la fin il ne peut advenir que grande
confusion quand les uns s'esmouveront ainsi contre
les autres. Afin donc d'appaiser tous discords, ils
voudroyent qu'on fist un partage et un meslinge,
et qu'un chacun fléchit de son costé: mais cependant
Dieu quittera-il son droit à l'appétit des
hommes? et pouvons nous complotter à son preiudice?
Ainsi donc voyans qu'auiourd'huy nous avons
à batailler contre l'obstination des Papistes, lesquels
ont perverti, corrompu et falsifié toute la vérité de
l'Evangile, combien qu'on nous mette en avant ces
titres honorables (qui ne sont toutesfois que masques
à la vérité), mais encores quand on nous propose
la saincte Eglise catholique, le sainct siege Apostolique,
les Prélats, la Chrestienté, la Hierarchie, que
nous ne soyons point étonnez de tout cela. Et
pourquoy? Car nous avons Dieu de nostre costé: