commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

389 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 390
son Père, à fin de nous amener à toute perfection
de sagesse: et que nous souffrions aussi d'estre
enseignez par tels moyens qu'il voudra: et que ce
que sainct Paul a escrit nous serve: ce qu'a escrit
sainct lean et sainct laques aussi, et les autres
Apostres, moyennant qu'ils nous conduisent tous
à Iesus Christ: que nous recevions ce qui nous est
apporté par eux, fermant les yeux à tout le reste:
et n'ayans autre consideration, sinon que nostre
Seigneur Iesus nous appelle par leur moyen. Et
combien que nous suyvions la conduite de la doctrine
et de Pierre, et de lean, et de laques et de
Paul, que toutesfois nous tendions tousiours à ce
but là: c'est à sçavoir d'estre conioints et unis à
nostre Seigneur Iesus Christ, auquel nous trouverons
toute plenitude de bien et de ioye: tellement
DIXIEME
GALATES. Chap. II v. 11—13.
Nous avons veu par ci-devant sur quoy la doctrine
de sainct Paul estoit combatue: c'est à sçavoir
d'autant qu'il avoit aboli les ceremonies de la Loy.
Or ceux qui luy faisoyent la guerre, avoyent assez
belle couleur, disans que la Loy estoit donnée de
Dieu, et qu'il n'estoit point licite d'y rien changer,
puis que Dieu en estoit l'autheur. Mais il faloit
regarder à quelle fin les ceremonies avoyent esté
données au peuple ancien. Vray est que comme
Dieu est immuable, aussi Ba parole demeure ferme
à perpétuité: mais il ne s'ensuit point de là que
Dieu n'ordonne pour les hommes ce qu'il cognoist
leur estre propre. Ainsi les ceremonies ont esté
temporelles pour la nécessité des Iuifs. Et au reste
il y avoit aussi ce regard que nous avons touché
qu'il faloit bien devant la venue de Iesus Christ
qu'il y eust certains ombrages pour tousiours amener
les fidèles plus loin: c'est qu'ils fussent conformiez
en l'attente du rédempteur qui leur estoit prom
s. Or de là nous pouvons aussi bien recueillir
que Dieu n'avoit point commandé les ceremonies à
fin qu'elles durassent tousiours, et qu'elles eussent
leur usage et condition: mais pour ce temps-là,
qu'elles servissent à ce peuple pour l'espérance qui
leur estoit donnée de ce que nous avons maintenant
en nostre Seigneur Iesus Christ, qui est le
corps et la substance des ombres qui ont esté du
temps de la Loy. Voilà donc où il nous en faut
venir. Et ne peut-on arguer que Dieu soit variable:
comme aucuns fantastiques ont amené ceste
que nous aurons de quoy nous glorifier pleinement
en luy.
Or nous nous présenterons devant la maiesté
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,
le priant qu'il nous les face sentir de plus en plus
pour nous y desplaire, et luy en demander pardon
avec une vraye repentance, et pour batailler tous
les iours contre nos concupiscences, iusques à ce
que nous en soyons du tout purgez. Et d'autant
que nous sommes si miserables creatures, que nous
n'en pouvons pas estre du tout délivrez, qu'il nous
supporte iusques à ce qu'il ait enseveli toutes nos
fautes, pour nous revestir pleinement de sa iustice.
Que non seulement il nous face ceste grace, mais
à tous peuples etc.
SERMON.
raison là. Car dirons-nous que Dieu change de
propos quand il fait l'esté et l'byver ? Nous voyons
les saisons de l'année diverses, nous verrons verdoyer
la terre, et les arbres fleurir, et puis produire
leurs fruicts: nous verrons tout comme mort
en hyver. Or telle variété procède bien de Dieu,
mais ce n'est pas pourtant qu'il change en sa nature.
Ainsi il a donné sa Loy (comme nous avons
dit) pour l'utilité des hommes, et a falu que les
Iuifs qui n'avoyent pas encores telle revelation
comme elle nous est donnée en l'Evangile, fussent
aidez d'un autre moyen: c'est à sçavoir des ceremonies
qui auiourd'huy seroyent superflues, puis que
nous avons l'accomplissement des choses que Dieu
a alors monstre comme de loin : et nostre condition
est en cela meilleure que celle des Iuifs. Or maintenant
sainct Paul pour monstrer que ce n'estoit
point sans cause qu'il preschoit une telle liberté,
et que ce ioug là que Dieu avoit mis sur le col
des anciens Peres estoit osté à la venue de nostre
Seigneur Iesus Christ, il declare que pour ceste
cause il a reprins Pierre. Or il est certain que si
le peuple Chrestien eust deu estre retenu en telle
servitude comme les Iuifs, que Pierre eust soustenu
ceste querelle iusques au bout: Or est-il ainsi qu'il
a souffert d'estre reprins, et a confessé sa faute.
Puis qu'ainsi est en la personne de Pierre que nous
avons ce tesmoignage, il faut conclure que nous
avons cause gagnée et que tous les Apostres ont
cognu qu'il faloit bien qu'à la venue de nostre Seigneur
Iesus Christ tous ces ombrages et figures
anciennes cessassent et fussent abolies.
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