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373 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 374 combien que les hommes facent beau semblant d'estre Ohrestiens, si est-ce que tousiours ils taschent d'avoir quelque meslinge: comme nous voyons des esprits tant fretillans en ce monde, qu'ils ne peuvent souffrir que Dieu seul nous conduise. Mais chacun voudroit adiouster son lopin ou morceau : et c'est aussi dont est venue ceste confusion qui est auiourd'huy en la Papauté: on se pourroit esbahir comme on a peu amasser tant de menus fatras, tant de badinages, et en la fin des abominations si lourdes: mais c'est pour ce que les hommes ne se sont point contentez d'obéir à, Dieu, ils ont voulu adiouster à leur fantasie ceci ou cela. Ainsi 8ainct Paul notamment parle ici de la vérité de l'Evangile, comme en la seconde des Corinthiens il parle de la simplicité de nostre Seigneur Iesus Christ: et qu'est-ce de la simplicité de Iesus Christ? Cela s'oppose à tous meslinges que les hommes font. Car (comme i'ay desia dit), ils ont ceste folle fantasie de mettre en avant ceci ou cela, ce qu'ils ont pensé en leur cerveau. Or quand les hommes adioustent ainsi de leur propre, c'est une corruption, c'est une chose abominable. Et voilà pourquoy sainct Paul dit qu'il faut tenir à la simplicité de nostre Seigneur Iesus Christ. Ainsi quand les hommes, sous ombre de traiter l'Evangile, voudront neantmoins faire une religion de plusieurs pieces et bigarrée (comme on dit), ce n'est plus un Evangile veritable: il y aura beaucoup de fausseté meslee parmi. Notons bien donc quand sainct Paul use ici de ce mot, qu'il nous advertit (ou plustost le sainct Esprit par sa bouche) que ce n'est point assez que nous ayons le nom de Chrestiens, que nous ayons aussi quelque belle apparence d'adhérer à la parole de Dieu, et à la doctrine de nostre Seigneur Iesus Christ: mais qu'il nous y faut tenir du tout: et qu'il nous faut garder que rien n'y soit meslé ni brouillé: mais comme un peu de levain peut gaster une paste, que nous sachions aussi que tout sera corrompu, si tost que nous donnerons entree à ce que les hommes ont basti en leur teste. Voilà en somme comme la doctrine de l'Evangile nous doit estre pure: c'est qu'on n'y adiouste rien qui soit, que les hommes n'ayent point ceste audace ni ceste licence de mettre ceci ou cela audessus: mais qu'on se contente de ce que nostre Seigneur Iesus Christ nous a monstre: que nous luy soyons vrais disciples, n'usurpans point à nous ceste hardiesse de répliquer à l'encontre, mais que toute bouche soit close, que nous ne levions point le bec pour dire, voilà ce que ie pense, voilà ce que ie cuide qui est bon: mais que nous recevions simplement ce qui nous est enseigné par nostre Seigneur Iesus Christ, lequel a toute maistrise pour dominer pardessus nos âmes. Voilà comme nous aurons la vérité de l'Evangile. Or d'autant plus nous faut-il bien pratiquer ceste doctrine de sainct Paul, que nous voyons auiourd'huy que beaucoup ne cerchent sinon à mesler l'un parmi l'autre, tellement qu'on ne se soucie point quelle religion on aura, sinon celle qui pourra estre la plus tolerable et qui sera plus aisément receuë du monde. Il est vray qu'entre les Papistes, il y en a beaucoup qui sont si obstinez, que iamais n'endureront qu'on quitte un seul poinct. Car ils voyent bien que s'il y a une bresche faite, toute leur tyrannie sera tantost ruinée et mise bas. Car qu'ont-ils sinon une possession tyrannique par violence, pour dire il nous faut tenir bon? Ceux dono qui combatent simplement pour le Pape, il est vray qu'ils voudront iusques au bout qu'on retienne toutes les ordures et abominations qu'ils ont eu iusques ici: mais il y a beaucoup de fantastiques qui voudroyent une reformation pour mesler et le Pape, et Mahommet, et Iesus Christ tout ensemble, et qu'on ne discernast plus rien : c'est tout un moyennant que le monde s'accorde. Ils ne portent nulle reverence à Dieu: et voilà pourquoy de nostre temps tout a esté ainsi brouillé et confus, c'est aussi sur quoy ceste abomination d'Intérim (qu'on appeloit) estoit fondée: car voyans que beaucoup ne se pouvoyent pas accorder à la Papauté, il vaut donc mieux avoir une reformation moyenne. Et auiourd'huy beaucoup tendent à ceste reformation-là aussi bien. Il est vray qu'il y a des abus, et il les faudroit corriger: mais ils voudroyent seulement arracher quelque petite fueille ou une branche, qu'on se contentast de cela, et que la racine demeurast tousiours: c'est à dire que l'Evangile de Dieu fust obscurci de toutes ces superstitions qui régnent en la Papauté. Mais quoy? voici le sainct Esprit qui condamne tous ces moyenneurs-là, et monstre que 'ce ne sont qu'artifices de Satan, mesmes ce sont illusions et tromperies pour mener les poures âmes à perdition. Et au reste, que c'est aussi pour pervertir la gloire de nostre Seigneur Iesus Christ. Et pourquoy? car nous n'avons point d'Evangile, sinon que nous ayons la pure vérité, à laquelle il ne soit point licite aux hommes d'adiouster rien qui soit, mais que tous se tiennent à ce qui nous est monstre par nostre maistre. Voilà donc comme auiourd'huy nous sommes contraints par la nécessité du temps de pratiquer ceste doctrine. Et ainsi quand les ennemis de Dieu nous reprocheront que nous ne voulons point nous accorder, alléguons tousiours pour nostre excuse, que nostre accord est que nostre Seigneur Iesus Christ nous unisse ensemble, et que nous soyons tous obeissans à sa parole et à sa doctrine. S'ils nous allèguent que c'est présomption de reietter ainsi ce que les hommes qui se disent supérieurs ont commandé, alléguons qu'il nous faut obéir en 24*

375 SERMONS 376 premier lieu à Dieu et qu'il ne faut point que Iesus Christ soit despouillé de son droit, et que les hommes occupent sa place. S'ils disent, Et quoy? et ne vaudroit-il pas mieux avoir quelque forme moyenne, et qu'un chacun declarast qu'il ne se veut point séparer d'avec le reste, que de batailler ainsi, et faire que la Chrestienté soit comme dissipée: alléguons qu'il n'est point question ici de sçavoir qui le gagnera, et qui sera maistre pardessus son compagnon, mais qu'il faut que tousiours la parole de Dieu demeure en son entier: car autrement tout ce qu'on prétendra de concorde ne sera qu'abomination devant Dieu. Et pourquoy? car il vaudroit mieux que toutes choses fussent meslees et confuses en ce monde que de Bouffrir que la vérité de Dieu, qui est une chose si précieuse et si saincte, fust pervertie en |açon que ce soit, qu'il vaudroit mieux que le ciel et la terre fussent confondus ensemble. Ainsi retenons bien ceste doctrine, comme elle nous pourra servir et profiter, non seulement pour repousser tous les assauts qui nous seront livrez par les ennemis de la vérité: mais aussi pour nous renger en toute humilité et modestie, tellement que nous ne demandions sinon d'estre conduits et gouvernez sous la parole de Dieu, et la doctrine de nostre Seigneur Iesus Christ. Cependant toutesfois, que nous ayons ceste magnanimité en nous de ne point estre destournez par les hommes, ni par leur credit et authorité, ni GALATES. Chap. II v. 6—8. Nous avons veu ce matin, sitost que les hommes meslent de leurs fantasies parmi la vérité de Dieu, qu'il n'y a que corruption, et que l'Evangile par ce moyen est falsifié. Et voilà qui nous doit retenir en telle obéissance, que nul ne presume d'adiouster rien qui soit à ce que nous tenons d'en haut: car Dieu nous a enseignez en telle perfection que nous ne pouvons pas rien adiouster à sa parole sans grand blaspheme: pour ce que noua l'accusons tacitement d'avoir esté mal advisé, ou de s'estre espargné, comme s'il ne nous avoit point voulu communiquer ce qui estoit propre pour nostre salut. Pui6 qu'ainsi est donc que la doctrine de l'Evangile nous est suffisante, demeurons en icelle. Et quand quelqu'un s'eslevera pour y apporter quelque addition, qu'il nous soit comme detestable, mesmes quand il semblera que la chose NEUVIEME SEEMON. par leurs menaces, ni par toute la fierté et arrogance du monde, mais que tousiours nous puissions constamment nous desdier à nostre Seigneur Iesus Christ. Et quand il y en aura qui nous viendront mettre en avant quelque chose de nouveau, que nous regardions bien tousiours la fin et l'issue, où ils nous voudront mener, et que comme Satan a beaucoup d'astuces et de finesses, et ses supposts aussi: que de nostre costé nous ayons ceste prudence de nous garder en telle sorte, que tousiours nostre Seigneur Iesus Christ soit cognu de nous, que nous soyons conduits là, que ce soit nostre seul but et adresse, et que nous cognoissions qu'il a aussi toute plenitude de biens en luy, à fin que nous y venions cercher ce qui uous défaut, et que tout ce qui nous empesche d'approcher de luy soit mis bas. Or nous nous prosternerons devant la maiesté de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes, le priant qu'il nous les face sentir, pour luy en demander pardon avec une vraye repentance: et que nous profitions tellement et de plus en plus en sa parole, que ce soit pour renoncer à nous-mesmes, et pour nous appuyer sur luy et en sa vertu: et qu'il nous supporte en nos fragilitez, iusques à ce qu'il nous ait amenez à la perfection, à laquelle auiourd'huy il nous convie. Ainsi nous dirons, Dieu tout puissant, etc. ne soit point de grande consequence: comme le diable souvent usera de ceste couverture, qu'il ne se faut point arrester à quelque article leger et maigre. Or si faut-il qu'en tout et partout Dieu soit e8couté: comme on pouvoit iuger que c'estoit une chose que sainct Paul pouvoit aisément couler, que de circoncir Tite, et neantmoins il n'a point voulu fléchir en cela, et adiouste la raison: à fin que les Payens ne fussent point assuiettis à une telle nécessité, comme on pretendoit de leur mettre sus. Or nous lisons qu'il n'a point fait scrupule de circoncir Timothee. Toutesfois il sembleroit que la chose fust du tout pareille, et que sainct Paul oust ici usé d'inconstance et de variété. Voilà deux hommes Payens qui de leur enfance n'avoyent pas esté nourris et enseignez en la Loy de Moyse. Or les Iuifs n'eussent iamais receu homme vivant qui n'eust esté circonci; car ils estimoyent poilus tous ceux qui ne portoyent point ce Sacrement - là.

375 SERMONS 376<br />

premier lieu à Dieu et qu'<strong>il</strong> ne faut po<strong>in</strong>t que Iesus<br />

Christ soit despou<strong>il</strong>lé de son droit, et que les hommes<br />

occupent sa place. S'<strong>il</strong>s disent, Et quoy? et ne<br />

vaudroit-<strong>il</strong> pas mieux avoir quelque forme moyenne,<br />

et qu'un chacun declarast qu'<strong>il</strong> ne se veut po<strong>in</strong>t<br />

séparer d'avec le reste, que de bata<strong>il</strong>ler a<strong>in</strong>si, et<br />

faire que la Chrestienté soit comme dissipée: alléguons<br />

qu'<strong>il</strong> n'est po<strong>in</strong>t question ici de sçavoir qui<br />

le gagnera, et qui sera maistre pardessus son compagnon,<br />

mais qu'<strong>il</strong> faut que tousiours la parole de<br />

Dieu demeure en son entier: car autrement tout<br />

ce qu'on prétendra de concorde ne sera qu'abom<strong>in</strong>ation<br />

devant Dieu. Et pourquoy? car <strong>il</strong> vaudroit<br />

mieux que toutes choses fussent meslees et confuses<br />

en ce monde que de Bouffrir que la vérité de<br />

Dieu, qui est une chose si précieuse et si sa<strong>in</strong>cte,<br />

fust pervertie en |açon que ce soit, qu'<strong>il</strong> vaudroit<br />

mieux que le ciel et la terre fussent confondus ensemble.<br />

A<strong>in</strong>si retenons bien ceste doctr<strong>in</strong>e, comme<br />

elle nous pourra servir et profiter, non seulement<br />

pour repousser tous les assauts qui nous seront<br />

livrez par les ennemis de la vérité: mais aussi pour<br />

nous renger en toute hum<strong>il</strong>ité et modestie, tellement<br />

que nous ne demandions s<strong>in</strong>on d'estre conduits et<br />

gouvernez sous la parole de Dieu, et la doctr<strong>in</strong>e<br />

de nostre Seigneur Iesus Christ.<br />

Cependant toutesfois, que nous ayons ceste<br />

magnanimité en nous de ne po<strong>in</strong>t estre destournez<br />

par les hommes, ni par leur credit et authorité, ni<br />

GALATES. Chap. II v. 6—8.<br />

Nous avons veu ce mat<strong>in</strong>, sitost que les<br />

hommes meslent de leurs fantasies parmi la vérité<br />

de Dieu, qu'<strong>il</strong> n'y a que corruption, et que l'Evang<strong>il</strong>e<br />

par ce moyen est falsifié. Et vo<strong>il</strong>à qui nous<br />

doit retenir en telle obéissance, que nul ne presume<br />

d'<strong>ad</strong>iouster rien qui soit à ce que nous<br />

tenons d'en haut: car Dieu nous a enseignez en<br />

telle perfection que nous ne pouvons pas rien<br />

<strong>ad</strong>iouster à sa parole sans grand blaspheme: pour<br />

ce que noua l'accusons tacitement d'avoir esté mal<br />

<strong>ad</strong>visé, ou de s'estre espargné, comme s'<strong>il</strong> ne nous<br />

avoit po<strong>in</strong>t voulu communiquer ce qui estoit propre<br />

pour nostre salut. Pui6 qu'a<strong>in</strong>si est donc que la<br />

doctr<strong>in</strong>e de l'Evang<strong>il</strong>e nous est suffisante, demeurons<br />

en icelle. Et quand quelqu'un s'eslevera pour y<br />

apporter quelque <strong>ad</strong>dition, qu'<strong>il</strong> nous soit comme<br />

detestable, mesmes quand <strong>il</strong> semblera que la chose<br />

NEUVIEME SEEMON.<br />

par leurs menaces, ni par toute la fierté et arrogance<br />

du monde, mais que tousiours nous puissions<br />

constamment nous desdier à nostre Seigneur Iesus<br />

Christ. Et quand <strong>il</strong> y en aura qui nous viendront<br />

mettre en avant quelque chose de nouveau, que<br />

nous regardions bien tousiours la f<strong>in</strong> et l'issue, où<br />

<strong>il</strong>s nous voudront mener, et que comme Satan a<br />

beaucoup d'astuces et de f<strong>in</strong>esses, et ses supposts<br />

aussi: que de nostre costé nous ayons ceste prudence<br />

de nous garder en telle sorte, que tousiours<br />

nostre Seigneur Iesus Christ soit cognu de nous,<br />

que nous soyons conduits là, que ce soit nostre<br />

seul but et <strong>ad</strong>resse, et que nous cognoissions qu'<strong>il</strong><br />

a aussi toute plenitude de biens en luy, à f<strong>in</strong> que<br />

nous y venions cercher ce qui uous défaut, et que<br />

tout ce qui nous empesche d'approcher de luy soit<br />

mis bas.<br />

Or nous nous prosternerons devant la maiesté<br />

de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,<br />

le priant qu'<strong>il</strong> nous les face sentir, pour luy en demander<br />

pardon avec une vraye repentance: et que<br />

nous profitions tellement et de plus en plus en sa<br />

parole, que ce soit pour renoncer à nous-mesmes,<br />

et pour nous appuyer sur luy et en sa vertu: et<br />

qu'<strong>il</strong> nous supporte en nos frag<strong>il</strong>itez, iusques à ce<br />

qu'<strong>il</strong> nous ait amenez à la perfection, à laquelle auiourd'huy<br />

<strong>il</strong> nous convie. A<strong>in</strong>si nous dirons, Dieu<br />

tout puissant, etc.<br />

ne soit po<strong>in</strong>t de grande consequence: comme le<br />

diable souvent usera de ceste couverture, qu'<strong>il</strong> ne<br />

se faut po<strong>in</strong>t arrester à quelque article leger et<br />

maigre. Or si faut-<strong>il</strong> qu'en tout et partout Dieu<br />

soit e8couté: comme on pouvoit iuger que c'estoit<br />

une chose que sa<strong>in</strong>ct Paul pouvoit aisément couler,<br />

que de circoncir Tite, et neantmo<strong>in</strong>s <strong>il</strong> n'a po<strong>in</strong>t<br />

voulu fléchir en cela, et <strong>ad</strong>iouste la raison: à f<strong>in</strong><br />

que les Payens ne fussent po<strong>in</strong>t assuiettis à une<br />

telle nécessité, comme on pretendoit de leur mettre<br />

sus. Or nous lisons qu'<strong>il</strong> n'a po<strong>in</strong>t fait scrupule de<br />

circoncir Timothee. Toutesfois <strong>il</strong> sembleroit que<br />

la chose fust du tout pare<strong>il</strong>le, et que sa<strong>in</strong>ct Paul<br />

oust ici usé d'<strong>in</strong>constance et de variété. Vo<strong>il</strong>à deux<br />

hommes Payens qui de leur enfance n'avoyent pas<br />

esté nourris et enseignez en la Loy de Moyse. Or<br />

les Iuifs n'eussent iamais receu homme vivant qui<br />

n'eust esté circonci; car <strong>il</strong>s estimoyent po<strong>il</strong>us tous<br />

ceux qui ne portoyent po<strong>in</strong>t ce Sacrement - là.

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