commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

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une trop grande fierté quand nous ne pouvons pas
nous conformer à la façon commune. Il est vray
que ce titre d'obéissance est favorable, comme nous
avons aussi parlé de la paix: mais si faut-il que
Dieu soit obéi en premier degré. Car si nous voulons
le despiter manifestement, et nous mocquer de
luy à fin de nous assuietir aux hommes, et de plier
le col pour porter leur ioug, et cependant que Dieu
n'ait nulle audience, que sera-ce? Or est-il ainsi
que nous ne pouvons pas nous conformer avec les
Papistes par suietion, que cependant Dieu ne soit
débouté, et que sa parole ne soit comme foulée aux
pies, qu'elle n'ait plus nulle authorité ne reverence.
Qu'est-ce que les Papistes prétendent de faire?
que nous laissions la parole de Dieu, que nous
quittions nostre Seigneur Iesus Christ: et cependant
que nous recevions tout ce qu'ils ont controuvé.
Ils n'useront pas de ces mots, que Dieu soit despouillé
de son honneur, que Iesus Christ, n'ait plus
nulle supériorité sur nous, ils ne parleront pas
ainsi à pleine bouche: maïs la chose est telle,
comme ces trompeurs contre lesquels sainct Paul
a combatu, faisoyent assez belle protestation qu'ils
vouloyent estre Chrestiens, mais cependant il faut
venir à ce but et bien examiner le tout. Or les
Papistes veulent que leurs traditions soyent receuës,
et quelles sont-elles? Nous voyons que nostre Seigneur
Iesus Christ y est comme enseveli (comme
desia nous avons monstre). Et puis il n'y a sinon
toute corruption: ce sont toutes illusions de Satan
qui sont mises audessus, à fin qu'il n'y ait plus
rien de certain, et qu'on ne sache à quoy se tenir.
Puis qu'ainsi est donc, il n'est pas question que
pour obéir aux hommes nous facions la guerre à
Dieu. Et ainsi que nous ayons là comme un front
d'airain pour résister: car c'est la plus grande vertu
que nous puissions avoir, que de ne point fléchir
pour les hommes, quelque couleur et apparence
qu'il y ait: que nous despitions tout cela comme
fiente et ordure, quand il est question de reserver
à Dieu son empire et de donner audience à nostre
Seigneur Iesus Christ, afin qu'il soit nostre chef,
qu'il nous gouverne, et que depuis le plus grand
iusques au plus petit, nous soyons tous sous sa
conduite, et que nous n'ayons autre chose, sinon
de l'escouter simplement et recevoir ce qui est
propre pour nous maintenir en la foy de l'Evangile.
Voilà donc ce que nous avons à retenir ici de sainct
Paul.
Il est certain que si on cerche un homme modeste
et paisible, que sainct Paul l'a esté, voire il
a esté mesme comme un miroir de toute humanité
et douceur. Apres, si on demande une nature
humble, quelle humilité trouvera-on plus grande
qu'en sainct Paul, qui s'est du tout anéanti? Or
cependant si voyons-nous qu'il a bataillé pour la
pure doctrine de l'Evangile, et qu'il ne luy a rien
challu d'esmouvoir la rage de tous les hommes du
monde, voire encores qu'on luy ait reproché que
tous ces troubles qui estoyent en l'Eglise de Galatie
et ailleurs estoyent venus par luy. Il n'a
point craint (di-ie) ce reproche là, dont on le pouvoit
charger, qu'il estoit rebelle, qu'il y avoit trop
de présomption en luy. Ainsi auiourd'huy nous
en faut-il faire. Soyons paisibles entant qu'en nous
sera: quittons de ce qui nous appartient: ne combatons
point pour les biens de ce monde, pour
nostre honneur et reputation: que nous portions
toutes iniures et outrages plustost que d'esmouvoir
nulle contention par nostre faute: mais cependant
bataillons pour la vérité de Dieu iusques au bout:
après si on nous mesprise, que l'un se levé par
malice à l'encontre de nous, que l'autre tasche de
nous amoindrir, que pour cela nous n'esmouvions
point de querelles: mais quand on nous voudra retirer
de l'obéissance de nostre Dieu pour nous faire
plier sous la tyrannie des hommes, que nous tenions
bon à cela, que nous ayons un courage magnanime,
pour résister iusques au bout: et que nous despitions
toute la hautesse de ce monde, afin que nostre
Seigneur Iesus Christ ne soit point diminué, et que
tou8iours il domine pardessus nous, et que nous luy
soyons suiets. Voilà en somme comme nous avons
à pratiquer ce passage, et comme aussi la nécessité
du temps nous y doit inciter.
Car auiourd'huy non seulement nous sommes
persécutez, comme nous voyons les feux allumez
pour meurtrir les poures serviteurs de Dieu: mais
il faudra encores en la fin que ces vilains qui sont
au loage de l'Antéchrist pour pervertir la vérité
de l'Evangile, nous accusent et nous condamnent,
comme si nous estions des mutins. Apres ils disent
qu'il n'y a en nous que fierté, d'autant que nous
ne voulons pas recevoir leurs traditions. Et bien,
nous ont-ils ainsi furieusement calomniez? que nous
souffrions tout patiemment, qu'on nous blasme,
comme sainct Paul en parle moyennant que nous
ayons tousiours ceste querelle là, c'est à sçavoir
que nous persistions de nostre costé en la pure vérité
de l'Evangile, et que les creatures n'empescbent
pas que Iesus Christ ne domine luy seul, et que
tout genouil ne soit ployé devant luy, et que tous
ne luy facent hommage. Or quant à ce que sainct
Paul parle de la vérité de l'Evangile, c'est encores
un mot bien notable, et qui emporte une doctrine
fort utile. Car il pouvoit bien dire simplement, à fin
que l'Evangile demeurast entre vous, ie n'ay pas
voulu une seule minute céder. Mais il parle de
la vérité de l'Evangile, voire non pas qu'il y ait
un Evangile faux, et un Evangile vray: mais c'est
au regard des hommes, quand il dit qu'il faut que
l'Evangile demeure veritable. Et pourquoy? car