commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

369 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 370
costé nous voyons qu'il y a un ioug si estroit, que
c'est pour estrangler les- poures gens. Car les
poures âmes ont esté despouillees de la liberté qui
leur a esté acquise par la mort et passion de nostre
Seigneur Iesus Christ.
Nous voyons donc que ce n'est point sans
cause urgente, voire sans grande nécessité que
nous combatons contre la tyrannie papale touchant
les ceremonies: attendu que nostre Seigneur Iesus
Christ n'a point sa preeminence telle qu'il mérite
cependant qu'on s'amuse à ces fatras: et puis que
les poures consciences sont tousiours en inquietude
sans fin et sans cesse: et puis il y a d'autre costé
que les Papistes cuident mériter grace, par ce
qu'ils appellent service de Dieu, et leur semble que
c'est le moyen par lequel les hommes se doivent
justifier pour obtenir salut. Ainsi donc nous
voyons que sainct Paul de son temps a soustenu
un combat nécessaire. Et auiourd'huy d'autant que
nostre cause est du tout pareille, que nous ne
pouvons pas nous taire, sinon que vueillions trahir
et Dieu et les hommes, il faut que nous bataillions
constamment contre toute ceste tyrannie infernale,
et contre ces fatras, tromperies et illusions de
Satan, par lesquelles il a voulu ou anéantir l'Evangile,
ou le brouiller tellement qu'on ne cognust
point que c'estoit la .pure vérité. Or quand sainct
Paul dit qu'il n'a point voulu céder à telles gens
une seule minute, c'est pour nous conformer encores
tant mieux en ce que i'ay maintenant touché.
C'est une chose favorable entre les hommes que
paix et- amitié. Il est vray, et la devons cercher
entant qu'en nous est. Cependant toutesfois la
vérité de Dieu nous doit estre si précieuse, que s'il
faloit allumer un feu par tout le monde pour la
maintenir, que nous n'en facions point difficulté
alors. Entant qu'il nous sera possible, rachetons
la paix: et s'il n'est question que de nos personnes
et de nos biens, que nous taschions d'appointer avec
ceux qui nous sont ennemis, que nous les supportions,
que par nostre patience nous taschions à les
domter. Voilà comme nous devons cercher la paix.
Or c'est que cependant la vérité de Dieu ne
soit point amoindrie et qu'elle n'y ait ni interest
ni preiudice. Car la paix que les hommes cerchent
entre eux sera tousiours maudite, si cependant
Dieu n'est cognu, s'il n'est magnifié comme il
appartient, et que sa parole aussi nous demeure en
pure intégrité: car c'est le lien de nostre conionction,
si nous voulons qu'elle soit agréable à Dieu
et que la fin en soit bonne et propre pour nostre
salut. Il est certain qu'il faut que Dieu pous
conioigne. Or il nous a donné son Fils, qui est
appelé nostre paix, à fin que nous soyons tous
rengez sous luy. Quand donc nous voulons avoir
«ne paix bonne et saincte, tendons à ce but-là:
Calvini opera. Vol. L.
c'est que nous soyons tous rengez sous l'obéissance
du Fils de Dieu, qu'il soit nostre chef, et que nous
soyons un corps, comme il n'y a qu'une Eglise.
Mais si tost qu'on nous voudra eslongner de nostre
Seigneur Iesus Christ, que nous aimions mieux
soustenir toutes les haines et toutes les rages et
furies du monde, que de cercher un tel appointèrent.
Et ne craignons point tous les reproches
qu'on nous fera: comme auiourd'huy nous serons
faussement diffamez, comme ayans esmeu beaucoup
de querelles, voire mais que pouvons nous? car il
nous faut bien demeurer en la vérité de l'Evangile,
ou malheur sur nous. Si les Papistes ne s'y
veulent accorder, qu'ils soyent du tout obstinez en
ceste rebellion là qu'on void en eux: il faut bien
que nous ayons la guerre aveo les hommes, puis
qu'ils nous veulent destourner de la paix que
nous devons avoir avec Dieu par le moyen de son
Fils qui (non sans cause) porte ce titre là (comme
nous avons desia déclaré.) Quand donc on crie
après nous, il faut que nous soyons muniz de ceste
response d'Elie qu'il fit à Achab, N'est ce pas toy
qui troubles Israel? car ce Prophète estoit alors
accusé, comme auiourd'huy nous sommes, pour ce
qu'il taschoit de réduire le peuple à la pureté de
la Loy, et qu'il batailloit contre les superstitions et
idolatries qui avoyent esté controuvees : il sembloit
bien au Roy qu'Eue estoit venu pour faire des
troubles, seditions et mutineries : comme les Princes
de ce monde veulent tousiours cropir en leurs ordures,
et ne leur chaut gueres que Dieu soit servi
et adoré, moyennant qu'ils soyent maintenuz en
leur estât, ce leur est tout un du reste. Or le
Prophète luy respond, Mais toy et toute la maison
de ton père. Car tous ceux qui ne se veulent point
accorder à Dieu, et qui ne se tiennent point à son
service tel qu'il a establi par sa parole, ceux là
sont les turbateurs du monde, voire ausquels on doit
imputer toutes les mutineries, tous les différons et
tous les discords qui adviennent. Car (comme i'ay
desia monstre) c'est bien raison que Dieu ne soit
point despouillé de son droit, quand les hommes
cerchent d'estre unis ensemble.
Voilà donc en somme ce que nous avons à
retenir quand sainct Paul dit que par suietion il
ne s'est point voulu accorder une seule minute aveo
ceux qui s'estoyent ainsi insinuez à fausses enseignes
pour faire un Evangile bastard, et ,pour
avoir des meslinges et des corruptions : car il faloit
en premier lieu que la vérité de Dieu fust cognue.
Et au reste, ne craignons point non plus ceste calomnie
qu'on nous impose, que c'est orgueil et présomption
quand nous ne voulons pas nous assuietir:
comme auiourd'huy voilà ce que les Papistes amènent
contre nous, qu'il semble que nous voulions
estre plus sages que tout le monde: et que c'est
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