commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...

321 SUR L'EPITRE AUX GALATES 322
oognoissans qu'en lay le Père a mis tout ce qui
estoit requis pour nostre salut: et que nous eçachions
aussi qu'en la vertu de son sainct Esprit,
il nous conduit et gouverne, tellement qu'estans
sous sa protection nous sommes asseurez que le
diable et tous ces supposts ne pourront rien contre
nous, quand nous serons ainsi préservez par sa vertu.
Voilà le contenu de l'Evangile qu'il nous faut sçavoir
ou ce qui est ici dit ne nous profitera rien.
Au reste, sainct Paul pour monstrer que non
sans cause il se préfère ici à ceux qui vouloyent
desguiser la doctrine de l'Evangile, pour y apporter
quelque meslinge et addition, use de deux argumens.
L'un est, qu'il s'est porté fidèlement et
d'une affection pure et droite à enseigner les Galatiens
et tous autres. Pour le second il dit qu'il
n'a rien mis en avant de son propre: mais qu'il
avoit receu de nostre Seigneur lesus Christ par
revelation celeste ce qu'il leur a proposé. Or il
nous faut bien noter ces deux argumens, à fin que
nous sçachions que non sans cause sainct Paul a
déclaré ci - dessus que . ceste doctrine devoit estre
authentique, et qu'il n'estoit point licite à creature
vivante de batailler à l'encontre. De là nous pouvons
recueillir une reigle generale, comment nous
devons estre asseurez en nostre foy. Car les Anges
ne descendront pas pour parler à nous d'une façon
visible, mais nous serons enseignez par la bouche
des hommes. Or tant y a, comme i'ay desia dit,
qu'il nous faut avoir ceste conclusion infaillible, que
nous tenons de Dieu et de nostre Seigneur lesus
Christ la doctrine où nostre foy est fondée et appuyée.
Et comment comprendrons-nous cela? Par
ces deux raisons qui sont ici couchées. L'une c'est
que ceux qui nous enseignent ayent un désir et
zèle de nous mener à Dieu, et qu'ils ne s'arment
point du titre et du nom des hommes, et que mesmes
ils n'ayent rien de l'homme: mais qu'ils suivent
le train que Dieu a commandé à tous les siens,
c'est à sçavoir qu'on luy acquière le monde en
obéissance: voilà pour un item. Et puis pour le
second, outre le bon zèle, qu'il y ait aussi certitude,
que celuy qui parle n'entreprend rien, et qu'il ne
passe point ses bornes, mais que de main en main
il propose ce qui luy est commandé, en sorte que
lesus Christ soit tousiours ouy et qu'il parle, et
que toute bouche soit close, sinon à fin qu'on l'escoute,
et que sa doctrine nous soit cognue.
Or quant au premier, là où S. Paul proteste
de son affection, il dit qu'il ne conseille pas selon
Vhomme, mais selon Dieu. Et par cela il signifie
qu'il n'y va point d'une affection mondaine, mais
qu'il tasche de se conformer simplement à Dieu,
puis qu'il a esté appelé de luy: et qu'il a aussi
lesus Christ son maistre, tellement qu'il ne met
que cestuy-là en avant, et qu'il ne prend point un
Calvini opera. Vol. L.
rempart du costé des hommes: comme ceux qui
veulent attirer les hommes simples et ignorans, ils
emprunteront du credit çà et là, Ho, un tel dit
ainsi: mais il faut que Dieu soit escouté. Car quand
chacun d'un accord nous voudroit destourner de
luy, il est certain que luy seul doit emporter un
million de mondes, quand autant il y en auroit.
Puis qu'ainsi est donc, notons bien la doctrine qui
est ici contenue, quand sainct Paul propose son
affection, qui est pour nous donner une reigle generale:
comme aussi il adiouste quant et quant
qu'il n'a point taschê de plaire aux hommes: Car
sitost qu'on parle à l'appétit des hommes, il faut
que la vérité de Dieu soit corrompue. Aussi il
adiouste que s'il plaisoit aux hommes, il ne serait
point serviteur de lesus Christ. Or le diable a beaucoup
de moyens et d'artifices pour tellement obscurcir
la vérité de Dieu, qu'il nous semblera bien
que tousiours nous sommes avec Dieu: et cependant
nous en serons bien eslongnez, sinon que nous
ayons prudence et discretion, comme elle nous est
ici donnée. Que donc nous sçachions discerner
Dieu d'avec les hommes, tellement que nous ne
soyons point esbahis ni estonnez, quand nous verrons
beaucoup de contradictions, beaucoup d'opinions
diverses, beaucoup de combats et de disputes, que
cela ne soit point pour nous faire changer de foy.
Et pourquoy? Regardons seulement si nous pourrons
estre asseurez en Dieu : quand nous aurons
cela, despitons hardiment tout le monde. Mais si
nous ne sommes bien appuyez en nostre foy, il est
certain qu'à chacune bouffée de vent nostre foy
sera renversée, ou bien elle ne fera que vaguer de
costé et d'autre. Que donc nous prenions un tel
goust, que nous sçachions que c'est Dieu vrayement
qui a eu pitié de nous, afin de nous declarer sa
volonté: et que nous regardions bien à ceux qui
nous enseignent, de quelle affection ils sont conduits
et gouvernez, et s'ils cerchent d'obeîr à Dieu
de leur part, de nous conduire à ce chemin-là par
leur exemple. Et au reste ceste doctrine emporte
beaucoup quand sainct Paul dit que s'il plaisoit
aux hommes, il ne seroit point serviteur de lesus
Christ. Car nous sçavons de faict, quels sont les
hommes de leur nature: il n'y a qu'iniquité et rebellion
à l'encontre de Dieu. Si donc nous leur
voulons gratifier, il faudra que nous quittions Dieu,
et que nous n'ayons rien de commun avec luy.
Car les hommes tendent tousiours au rebours, sinon
qu'on tasohe de les faire approcher de Dieu, ils
regimbent comme bestes sauvages. Nous ne leur
pourrons donc complaire sinon en nous esgarant de
Dieu, et laschant la bride à ceux qui tracassent de
costé et d'autre: et puis mesmes les bons quelquefois
voudroyent que Dieu se conformast à leurs
appetis. Car combien que desia ils ayent ceste
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