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317 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 318 estoyent créez pour rendre service à Dieu, se sont tourmentez, et ont prins beaucoup de peine, mais le tout a esté frustratoire et inutile, d'autant que ils n'ont point commencé par ce bout, c'est à sçavoir de reigler leur vie à la volonté de Dieu, et d'avoir pleine certitude qu'ils n'attentôyent rien, sinon ce qui leur estoit commandé par luy. Voilà donc comme nostre service sera auioùrd'huy agréable à Dieu, c'est quand nous luy presterons l'aureille, que nous souffrirons d'estre enseignez en sa parole, d'estre gouvernez du tout par icelle, et que nous conformerons là pleinement nostre vie et toutes nos oeuvres et nos pensées. Et en cela voyons nous le bien que Dieu nous a fait, quand il nous a appelez à la cognoissance de son Evangile. Or d'autre costé nous contemplons les poures Papistes (comme desia nous avons touché). qui se lèvent matin, qui s'appliquent à ceci et à cela, ils n'auront ne fin ne cesse en leurs devotions: et cependant non seulement ce n'est pas un temps perdu, et leur travail est frivole et inutile: mais ils sont détestables devant Dieu. Puis qu'ainsi est donc, que nous- prisons ceste grace qui nous est faite, quand Dieu nous a déclaré sa volonté, et que nous sçachions qu'il ne nous faut point cheminer à l'aventure, et que nous avons à discerner entre le bien et le mal, non point par nostre sens et phantasie: mais d'autant que Dieu nous a amenez en son eschole, et qu'il nous approuve, et que nous sçavons qu'il ny a rien qui mérite d'estre prisé, sinon de nous conformer à la reigle qu'il nous a donnée par sa parole. Voilà pour un item. Et cependant aussi nous voyons quelle est la maiesté de l'Evangile, et qu'il n'est point ici question d'amener en avant l'opinion des hommes pour nous envelopper en quelque doute: comme auioùrd'huy les Papistes n'ont autre bouclier contre nous, sinon des traditions de l'Eglise, des Conciles et de l'ancienneté: mais quand ils auront amassé tout le monde, cela vaudroit-il les Anges de Paradis? Il est certain que non. Or donc nous pouvons bien nous moquer de leur sottise, à l'exemple de sainct Paul, et dire que quand le Pape et toute ceste infection de son clergé auroyent les Anges de leur costé, que ce ne seroit rien au pris et en comparaison de nostre Seigneur Iesus Christ, qui a tout empire souverain, et devant lequel tout genouil doit estre ployé: et non seulement des creatures terrestres, mais de ce qui est là haut au ciel, comme aussi il en est parlé en l'Epistre des Philip., là où ce passage est appliqué à sa personne, quand Dieu iure que tout genouil sera ployé devant luy, et que toute langue confessera qu'il faut que luy seul soit glorifié. Voilà donc comme nous devons priser la doctrine de l'Evangile, c'est que nous ne soyons point esbranlez par l'authorité: des hommes: quand on nous alléguera qu'un tel pense ainsi, que nous sçachions puis que Dieu nous a fait ce bien de nous résoudre, qu'il nous faut là tenir sans iamais changer. Voilà en somme ce que nous avons à retenir de ce passage. Or sur cela sainct Paul monstre que ce n'est point sans cause qu'il a ainsi parlé de son Evangile qu'il avoit presche. Car il dit qu'il n'enseigne point selon les hommes, ou qu'il ne met point les hommes en avant, et qu'il ne conseille pas d'une façon humaine, mais qu'il propose Dieu, et qu'il ne cerche point de plaire aux hommes, mais à Iesus Christ. Et puis il adiouste que son Evangile n'est point des hommes, mais qu'il luy a esté révélé d'en haut, comme desia nous avons traitté par ci-devant. Ce n'eust pas esté assez que sainct Paul eust parlé de l'Evangile en general, sinon qu'il eust monstre quant et quant qu'il eust esté vray et fidèle ministre. Car le diable souffrira bien que le nom de l'Evangile soit fort authentique entre nous: mais cependant nous ne sçaurons pas qu'il veut dire, et ne laisserons pas d'estre enveloppez en beaucoup d'erreurs, et aurons nos esprits vagabons çà et là. Il ne suffit point donc que le nom de l'Evangile soit honoré au monde, mais il faut que nous sçachions quel est cest Evangile, et quelle substance y est contenue. Et voilà pourquoy sainct Paul s'attribue ceste fidélité d'avoir enseigné l'Evangile, en sorte qui si on y change rien, que cela soit tenu comme detestable. Or ceci est encores bien à noter: car les Papistes quand ils lisent ce passage, ne s'en font que moquer: et Dieu aussi les a hebetez, qu'il y a moins de sens qu'en des petis enfans. Car ils disent que sainct Paul a entendu que si on faisoit un autre Evangile, comme si on escrit un livre, et que ce ne fust point l'Evangile qui avoit esté escrit par luy, qu'alors on devoit reietter tout cela, d'autant que l'Evangile estoit assez approuvé. Or cependant ils n'estiment point que ce qui est contenu en toutes les Epistres de sainct Paul soit Evangile: mais ils imaginent plustost qu'il ait escrit quelque histoire de l'Evangile, et que ceux qui ne l'avoyent point receu, quand on leur en apporteroit quelque autre, que cela n'eust nul tesmoignage ne reputation. Or nous voyons là que ces poures bestes n'ont ni raison ni intelligence, ne goust aucun. Tant plus donc nous faut-il observer, que sainct Paul non sans cause a parlé de l'Evangile qu'il avoit presche, voire monstrant comme au doigt la doctrine laquelle il nous faut avoir pour résolue. Voulons nous estre du troupeau de nostre Seigneur Iesùs Christ? Ce n'est point assez que nous acceptions ce qui nous est dit en son nom, mais il nous faut prattiquer ce qui est dit au dixième chap, de S. lean, qu'en escoutant sa voix nous la puissions discerner de la voix des estrangers, et que nous
319 SERMONS 320 ayons tousiours ceste conclusion certaine, qu'il n'y a que luy auquel il nous falle renger. Yoilà donc comme nous serons sous la conduite de nostre bon Pasteur, c'est si nous ne sommes point esbranlez ne de costé ne d'autre, quand les nommes nous soliciteront, et que chacun taschera de nous attirer à soy, que nous ne soyons pas comme roseaux branlans, mais que nous demeurions fermes en la doctrine que nous aurons cognue. Voilà comme nostre Seigneur Iesus Christ nous advouëra du rang et du nombre de ses brebis, et fera tousiours office de pasteur envers nous: mais si nous faisons comme ceux qui trouvent tout bon, et quand on leur dira qu'il n'y a que Iesus Christ sur lequel il nous falle estre appuyez pour avoir quelque fiance de salut, et bien, ils accepteront ceste doctrine. Mais si à l'opposite on leur met beaucoup de tromperies en avant, et qu'on leur brouille l'esprit de ceci et de cela, ce leur est tout un. Quand donc il n'y aura nulle discretion, c'est signe qu'il n'y a nulle foy ni certitude: car il faut que nous ayons ceste resolution-là que Iesus Christ est le seul maistre, puis que la charge luy est commise de Dieu son Père, et qu'aussi il s'en est acquitté en perfection. Si nous n'avons cela, il est certain que nous serons tousiours ravis d'opinion et de fantasie, et qu'il n'y aura nulle foy en nous. Et voilà aussi pourquoy sainct Paul declare que l'Evangile qu'il a presche, est celuy que nostre Seigneur Iesus a commande qu'on presche et qu'on publie, et duquel il est autheur au nom de Dieu son Père. Puis qu'ainsi est, il s'y faut donc tenir: et par consequent quand sainct Paul parle d'autre Evangile, il entend le meslinge et corruption qu'on y pourra mettre: comme s'il disoit, Tout ce qu'on adiouste à la doctrine de l'Evangile, et qu'on y mesle de la fantasie des hommes, et qu'on ne se contente point de ceste simplicité-là, et qu'on en varie, tout cela n'est que mensonge. Et ainsi, que nous fuyons cela comme poison: car il est certain que nul poison ne peut estre si mortelle qu'est une doctrine fausse. Et si les hommes se gardent naturellement de ce qui leur est nuisible pour ceste vie caduque, nos âmes ne nous doivent-elles • pas estre plus précieuses? Et quel soin devons nous avoir qu'elles ne soyent point empoisonnées par nulle tromperie des hommes? En somme que nous sçachions si tost qu'on fera quelque addition à la pure doctrine de nostre Seigneur Iesus Christ, que c'est autant de fausseté: car il ne veut point seulement estre tenu comme principal, mais il faut qu'il demeure luy seul sans compagnon, et que tous ceux qui enseignent soyent premièrement ses disciples, que celuy qui parle en l'Eglise ne propose rien de son propre, ne de ce qui aura esté forgé en la boutique des hommes: mais qu'il se monstre estre vrayement disoiple de nostre Seigneur Iesus Christ, et que nous soyons tous enseignez en son authorite: voilà pour un item. Et pour le second, il faut que nous sçachions ce qui est contenu en l'Evangile. Car si ce mot trotte en la bouche de chacun, et que cependant sous ce mot de l'Evangile, on nous face à croire que vessies sont lanternes (comme on dit), et que sera-ce? Qu'est-ce que nous aurons gaigné que l'Evangile ait un titre si honorable entre nous, qu'on dise, C'est la pure vérité de Dieu, à laquelle toutes creatures se doivent assubietir? mais il faut que nous cognoissions quelle est la substance, que nous sçachions que le Fils de Dieu est descendu ici bas pour nous conduire à Dieu son Père, à fin que nous cognoissions comment il veut estre adoré de nous: et puis, que nous sçachions quelle est la volonté de Dieu, pour y renger toute nostre vie: que nous n'inventions point un service à nostre appétit et à nostre poste, mais que nous luy rendions l'obéissance qu'il demande et approuve sur tout. Et puis que nous cognoissions combien nostre condition est miserable, si nous voulons cercher nostre salut en nous, car il n'y a qu'ignorance, infirmité, faiblesse, mesmes qu'il n'y a que rebellion et cupiditez meschantes: que (bref) nous sommes detenus sous les liens de Satan, qu'il nous traine comme poures bestes, comme des asnes ou des boeufs qui sont vendus: et que si nous desirons d'estre affranchis d'une telle captivité et tyrannie si horrible, qu'il nous faut venir à Dieu seul, sçachans que c'est luy qui est la fontaine de tout bien. Et au reste, pour ce que nous ne pouvons approcher de Dieu, que nous venions à nostre Seigneur Iesus Christ, lequel est descendu à nous: et que nous cerohions en sa plenitude tout ce qui nous fait défaut, et que nous mettions là toute nostre fiance: que nous n'ayons point autre adresse que luy, ni autre iustice, ni autre saincteté et perfection: mais qu'estans anéantis en nous mesmes, nous ne laissions point neantmoins d'espérer qu'il nous conduira à Dieu son Père: que nous cognoissions aussi par quel moyen il nous iustifie: c'est à sçavoir par le sacrifice de sa mort et passion. Et puis quand nous venons prier Dieu, que nous venions à luy comme à nostre advocat, à fin qu'il porte la parole pour nous. Voilà donc ce que nous devons sçavoir de l'Evangile, c'est qu'il n'y a qu'une seule Loy, à laquelle il nous falle reigler nostre vie : que nous ayons une certaine creance, que nous cognoissious le Dieu lequel il nous faut servir et adorer. Apres que nous le contemplions en la personne de nostre Seigneur Iesus Christ, qui est sa vraye image^ que nous n'ayons autre obiect que Iesus Christ: que toutes nos pensées s'adressent là,
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estoyent créez pour rendre service à Dieu, se sont<br />
tourmentez, et ont pr<strong>in</strong>s beaucoup de pe<strong>in</strong>e, mais le<br />
tout a esté frustratoire et <strong>in</strong>ut<strong>il</strong>e, d'autant que <strong>il</strong>s<br />
n'ont po<strong>in</strong>t commencé par ce bout, c'est à sçavoir<br />
de reigler leur vie à la volonté de Dieu, et d'avoir<br />
ple<strong>in</strong>e certitude qu'<strong>il</strong>s n'attentôyent rien, s<strong>in</strong>on ce<br />
qui leur estoit commandé par luy. Vo<strong>il</strong>à donc<br />
comme nostre service sera auioùrd'huy agréable à<br />
Dieu, c'est quand nous luy presterons l'aure<strong>il</strong>le,<br />
que nous souffrirons d'estre enseignez en sa parole,<br />
d'estre gouvernez du tout par icelle, et que nous<br />
conformerons là ple<strong>in</strong>ement nostre vie et toutes nos<br />
oeuvres et nos pensées. Et en cela voyons nous<br />
le bien que Dieu nous a fait, quand <strong>il</strong> nous a<br />
appelez à la cognoissance de son Evang<strong>il</strong>e. Or<br />
d'autre costé nous contemplons les poures Papistes<br />
(comme desia nous avons touché). qui se lèvent<br />
mat<strong>in</strong>, qui s'appliquent à ceci et à cela, <strong>il</strong>s n'auront<br />
ne f<strong>in</strong> ne cesse en leurs devotions: et cependant<br />
non seulement ce n'est pas un temps perdu, et leur<br />
trava<strong>il</strong> est frivole et <strong>in</strong>ut<strong>il</strong>e: mais <strong>il</strong>s sont détestables<br />
devant Dieu. Puis qu'a<strong>in</strong>si est donc, que<br />
nous- prisons ceste grace qui nous est faite, quand<br />
Dieu nous a déclaré sa volonté, et que nous sçachions<br />
qu'<strong>il</strong> ne nous faut po<strong>in</strong>t chem<strong>in</strong>er à l'aventure,<br />
et que nous avons à discerner entre le bien<br />
et le mal, non po<strong>in</strong>t par nostre sens et phantasie:<br />
mais d'autant que Dieu nous a amenez en son<br />
eschole, et qu'<strong>il</strong> nous approuve, et que nous sçavons<br />
qu'<strong>il</strong> ny a rien qui mérite d'estre prisé, s<strong>in</strong>on de<br />
nous conformer à la reigle qu'<strong>il</strong> nous a donnée par<br />
sa parole. Vo<strong>il</strong>à pour un item.<br />
Et cependant aussi nous voyons quelle est la<br />
maiesté de l'Evang<strong>il</strong>e, et qu'<strong>il</strong> n'est po<strong>in</strong>t ici question<br />
d'amener en avant l'op<strong>in</strong>ion des hommes pour nous<br />
envelopper en quelque doute: comme auioùrd'huy<br />
les Papistes n'ont autre bouclier contre nous, s<strong>in</strong>on<br />
des tr<strong>ad</strong>itions de l'Eglise, des Conc<strong>il</strong>es et de<br />
l'ancienneté: mais quand <strong>il</strong>s auront amassé tout<br />
le monde, cela vaudroit-<strong>il</strong> les Anges de Par<strong>ad</strong>is?<br />
Il est certa<strong>in</strong> que non. Or donc nous pouvons bien<br />
nous moquer de leur sottise, à l'exemple de sa<strong>in</strong>ct<br />
Paul, et dire que quand le Pape et toute ceste <strong>in</strong>fection<br />
de son clergé auroyent les Anges de leur<br />
costé, que ce ne seroit rien au pris et en comparaison<br />
de nostre Seigneur Iesus Christ, qui a tout<br />
empire souvera<strong>in</strong>, et devant lequel tout genou<strong>il</strong><br />
doit estre ployé: et non seulement des creatures<br />
terrestres, mais de ce qui est là haut au ciel,<br />
comme aussi <strong>il</strong> en est parlé en l'Epistre des Ph<strong>il</strong>ip.,<br />
là où ce passage est appliqué à sa personne, quand<br />
Dieu iure que tout genou<strong>il</strong> sera ployé devant luy,<br />
et que toute langue confessera qu'<strong>il</strong> faut que luy<br />
seul soit glorifié. Vo<strong>il</strong>à donc comme nous devons<br />
priser la doctr<strong>in</strong>e de l'Evang<strong>il</strong>e, c'est que nous ne<br />
soyons po<strong>in</strong>t esbranlez par l'authorité: des hommes:<br />
quand on nous alléguera qu'un tel pense a<strong>in</strong>si, que<br />
nous sçachions puis que Dieu nous a fait ce bien<br />
de nous résoudre, qu'<strong>il</strong> nous faut là tenir sans<br />
iamais changer. Vo<strong>il</strong>à en somme ce que nous avons<br />
à retenir de ce passage.<br />
Or sur cela sa<strong>in</strong>ct Paul monstre que ce n'est<br />
po<strong>in</strong>t sans cause qu'<strong>il</strong> a a<strong>in</strong>si parlé de son Evang<strong>il</strong>e<br />
qu'<strong>il</strong> avoit presche. Car <strong>il</strong> dit qu'<strong>il</strong> n'enseigne po<strong>in</strong>t<br />
selon les hommes, ou qu'<strong>il</strong> ne met po<strong>in</strong>t les hommes<br />
en avant, et qu'<strong>il</strong> ne conse<strong>il</strong>le pas d'une façon huma<strong>in</strong>e,<br />
mais qu'<strong>il</strong> propose Dieu, et qu'<strong>il</strong> ne cerche<br />
po<strong>in</strong>t de plaire aux hommes, mais à Iesus Christ. Et<br />
puis <strong>il</strong> <strong>ad</strong>iouste que son Evang<strong>il</strong>e n'est po<strong>in</strong>t des<br />
hommes, mais qu'<strong>il</strong> luy a esté révélé d'en haut,<br />
comme desia nous avons traitté par ci-devant. Ce<br />
n'eust pas esté assez que sa<strong>in</strong>ct Paul eust parlé<br />
de l'Evang<strong>il</strong>e en general, s<strong>in</strong>on qu'<strong>il</strong> eust monstre<br />
quant et quant qu'<strong>il</strong> eust esté vray et fidèle m<strong>in</strong>istre.<br />
Car le diable souffrira bien que le nom de l'Evang<strong>il</strong>e<br />
soit fort authentique entre nous: mais cependant<br />
nous ne sçaurons pas qu'<strong>il</strong> veut dire, et ne<br />
laisserons pas d'estre enveloppez en beaucoup<br />
d'erreurs, et aurons nos esprits vagabons çà et là.<br />
Il ne suffit po<strong>in</strong>t donc que le nom de l'Evang<strong>il</strong>e<br />
soit honoré au monde, mais <strong>il</strong> faut que nous sçachions<br />
quel est cest Evang<strong>il</strong>e, et quelle substance<br />
y est contenue. Et vo<strong>il</strong>à pourquoy sa<strong>in</strong>ct Paul<br />
s'attribue ceste fidélité d'avoir enseigné l'Evang<strong>il</strong>e,<br />
en sorte qui si on y change rien, que cela soit tenu<br />
comme detestable. Or ceci est encores bien à noter:<br />
car les Papistes quand <strong>il</strong>s lisent ce passage, ne s'en<br />
font que moquer: et Dieu aussi les a hebetez, qu'<strong>il</strong><br />
y a mo<strong>in</strong>s de sens qu'en des petis enfans. Car <strong>il</strong>s<br />
disent que sa<strong>in</strong>ct Paul a entendu que si on faisoit<br />
un autre Evang<strong>il</strong>e, comme si on escrit un livre, et<br />
que ce ne fust po<strong>in</strong>t l'Evang<strong>il</strong>e qui avoit esté escrit<br />
par luy, qu'alors on devoit reietter tout cela, d'autant<br />
que l'Evang<strong>il</strong>e estoit assez approuvé. Or cependant<br />
<strong>il</strong>s n'estiment po<strong>in</strong>t que ce qui est contenu en<br />
toutes les Epistres de sa<strong>in</strong>ct Paul soit Evang<strong>il</strong>e:<br />
mais <strong>il</strong>s imag<strong>in</strong>ent plustost qu'<strong>il</strong> ait escrit quelque<br />
histoire de l'Evang<strong>il</strong>e, et que ceux qui ne l'avoyent<br />
po<strong>in</strong>t receu, quand on leur en apporteroit quelque<br />
autre, que cela n'eust nul tesmoignage ne reputation.<br />
Or nous voyons là que ces poures bestes<br />
n'ont ni raison ni <strong>in</strong>telligence, ne goust aucun.<br />
Tant plus donc nous faut-<strong>il</strong> observer, que sa<strong>in</strong>ct<br />
Paul non sans cause a parlé de l'Evang<strong>il</strong>e qu'<strong>il</strong><br />
avoit presche, voire monstrant comme au doigt la<br />
doctr<strong>in</strong>e laquelle <strong>il</strong> nous faut avoir pour résolue.<br />
Voulons nous estre du troupeau de nostre Seigneur<br />
Iesùs Christ? Ce n'est po<strong>in</strong>t assez que nous acceptions<br />
ce qui nous est dit en son nom, mais <strong>il</strong> nous<br />
faut prattiquer ce qui est dit au dixième chap, de<br />
S. lean, qu'en escoutant sa voix nous la puissions<br />
discerner de la voix des estrangers, et que nous