commentariüs in epistolam pauli ad corinthios il - Archive ouverte ...
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313 SUR L'EPITRE AUX GALATES. 314 ayez moy en execration, et que de vostre part vous demeuriez tousiours arrestez en ceste vérité que vous avez cognue, et que ie vous soye plustost maudit et execrable, voire mesmes les Anges de paradis, que de rien changer de la vérité du Fils de Dieu, et de vous en destourner. Or ici nous voyons assez que sainct Paul a cerché autre chose, sinon que la vérité de Dieu ait telle reverence entre les hommes qu'elle mérite, et qu'elle soit receuë tellement que tous nos sens, toutes nos pensées, tous nos appetis et affections soyent dontees et tenues captives sous icelle: et qu'il ne soit point licite à creature vivante d'y rien changer, mais que Dieu seul parle par la bouche de son Fils unique: que nous le tenions pour nostre maistre, voire, et que chacun luy obéisse sans contredit. Voilà ce que sainct Paul a cerché. Mais pour ce que nous ne pouvons pas maintenant déduire le GALATES. Chap. I v. 8—9. Nous avons veu par ci-devant comme nous devons estre asseurez en la vérité de l'Evangile, ou il n'y a nulle foy en nous: c'est plustost une opinion, quand nous serons prests à chanceler çà et là. Voilà donc l'approbation que nous devons avoir de nostre foy, c'est que nous soyons arrestez et résolus que Dieu nous a enseignez, et qu'il nous a tellement déclaré sa volonté que si nous en déclinons d'un C08té ou d'autre, c'est comme nous ietter à perdition à nostre escient. Et pour ceste cause non seulement nous devons recevoir la parole de Dieu comme bonne et saincte, mais nous luy devons porter cest honneur, d'avoir en detestation tout ce qui y est contraire, et qui ne s'y accorde point mesmes. Car quand sainct Paul parle ici d'un autre Evangile, il entend que si on desguise la pure simplicité qu'on avoit apprise de luy, il n'y a plus que mensonge et corruption. Apprenons donc de tellement magnifier la doctrine de Dieu, que non seulement nous la prisions en soy, mais que nous reiettions comme chose diabolique tout ce qu'on pourra amener à l'opposite, et qui sera repugnant. Et mesmes sainct Paul ne se contente point de parler des hommes, mais il va iusques aux Anges de Paradis, et dit que nous les devons plustost tenir exécrables, que de changer rien en la foy que nous avons de l'Evangile. Il parle bien de soy en premier lieu, et c'est pour monstrer qu'il n'a QUATRIEME SERMON. reste, il sera réservé à dimanche prochain, au plaisir de Dieu. Or nous nous prosternerons devant la. maiesté de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes, le prians qu'il nous les face sentir de plus en plus, et que ce soit pour nous attirer à une droite repentanoe, et pour nous faire croistre et profiter en la foy, à fin que nous luy soyons vrais sacrifices: et comme nostre Seigneur Iesus 8'est offert pour nostre redemption, qu'aussi nous advisions de nous dédier pleinement à luy : et que nous soyons conduits par luy en telle perseverance, qu'en la vie et en la mort nous ne cerchions autre contentement et repos, sinon d'acquiescer à sa bonne volonté, et que nous n'ayons autre chose pour nous glorifier, sinon au salut qui nous a esté acquis en luy. Que non seulement il nous face ceste grace, mais aussi à tous peuples et nations de la terre etc. point esgard à sa personne, mais qu'il veut simplement honorer Dieu, et faire que sa parole soit receuë de tout le monde sans contredit. Il faloit bien donc que sainct Paul usast de ceste protestation là, car si quelqu'un vouloit exempter sa doctrine par quelque privilege, cestuy-là meneroit une querele privée, Mais celuy qui enseigne se doit mettre au reng commun et s'assubietir à l'obéissance de l'Evangile de nostre Seigneur Iesus Christ: que nous n'ayons point maistre en ce monde duquel nous tenions nostre foy: mais que le Fils de Dieu ait toute maistrise sur nous, comme elle luy appartient. Or notamment S. Paul parle des Anges, pour ce que les faux-apostres et séducteurs qui estoyent venus au pays de Galatie pretendoyent le nom de Pierre, et de lean et de laques: il les rembarre et dit, Quand ils auront tout de leur costé, mesmes que tout le monde sera de leur part, tout cela n'est rien. Apres, s'ils avoyent mesmes les Anges de Paradis, si faut-il neantmoins que Dieu domine en sa Parole et que toutes creatures soyent mises bas: car s'il y a rien qui s'esleve contre la vérité de nostre Dieu, là où son image reluit, et où sa maiesté et gloire doit estre cognue, cela doit aussi estre condamné et tenu comme execrable. Il sembleroit bien de prime face que sainct Paul usast d'une façon excessive. Car à quel propos ameneil les Anges, veu que nous sçavons que du tout ils sont adonnez à faire la volonté de Dieu? comme
315 SER IONS 316 il est dit au Pseaume cent et troisième notamment: et puis en toute l'Escriture saincte nous voyons qu'ils n'ont autre regard, sinon d'obéir simplement à Dieu. Puis donc qu'il est impossible que les Anges falsifient la pure vérité, il ne faloit point que sainct Paul les mist en avant: et mesmes on pourroit estimer qu'il leur fait tort et iniure, veu que Dieu leur a fait ceste grace de persister en son obéissance, et d'estre paisibles pour cheminer comme il l'ordonne. Mais non sans cause S. Paul a ainsi parlé, d'autant que le diable s'efforce tousiours d'amener ce qui peut estre favorable pour pervertir la pure doctrine. Et nous voyons comme le nom de Dieu a esté de tout temps prétendu par les séducteurs : combien qu'ils n'apportassent qu'illusions et tromperies, si est-ce toutesfois qu'ils ont protesté à pleine bquche d'estre envoyez de Dieu. Et voila pourquoy les Prophètes ont eu grande difficulté de batailler à l'encontre de ceux qui tachoyent d'abuser le monde par telle couverture: il a falu venir à l'examen pour sçàvoir si Dieu parloit par leur bouche ou non. Et nous sçavons aussi ce que dit S. Pierre, que tout ainsi qu'au peuple ancien il y a eu plus d'abuseurs qui ont troublé l'Eglise, et y ont apporté toute confusion, qu'il nous faut apprester aussi auiourd'huy d'avoir beaucoup de supposts de Satan, qui tascheront de semer des zizanies, et que l'Eglise sera tousiours snbiete à cela, pour ce que Dieu veut descouvrir et esprouver si nous sommes siens en vérité ou non. Car les hypocrites seront bien tost esbranlez, quand ils trouveront occasion de changer: il y aura une légèreté si volage qu'ils trotteront et çà et là: mais les enfans de Dieu qui ont prins une racine vive et profonde en l'Evangile, ne seront iamais divertis. Et voilà pourquoy aussi Dieu lasche la bride à Satan qui suscite des faux-prophetes, comme il est dit au treizième chapitre du Deutéronome, que Dieu veut sçavoir par experience si nous l'aimons ou non: c'est à dire si nous luy portons l'honneur qu'il mérite pour estre arrestez à luy et y estre arrestez d'une vraye constance et immuable. Or puis qu'ainsi est que le diable a ainsi troublé l'Eglise, et a semé tellement ses erreurs, qu'il a prins quelque couverture du nom de Dieu, il faut que pour gagner ce poinct et cest article que la parole de Dieu demeure en son entier. Car quand les Payons ont adoré leurs idoles, ils ont bien abusé du nom de Dieu : et c'estoit religion (comme ils l'appeloyent) que de tout ce qu'ils faisoyent: et leur sembloit bien qu'il n'y avoit saincteté au monde, sinon de suyvre leurs vaines fantasies. Mais l'Escriture saincte à l'opposite prononce que tous leurs dieux ne sont que diables. Et quelle convenance y-a-il entre ces deux mots ? Ouy, mais pour ce que c'estoit un masque que les Payons prenoyent, pour profaner le nom de Dieu, pour l'attribuer à leurs idoles, voila pourquoy il faut que ceste vaine opinion soit retranchée. Et auiourd'huy nous oyons comme le Pape, et toute ceste infection de son clergé, prétendent qu'ils sont vicaires de Iesus Christ, qu'ils représentent l'Eglise, qu'ils sont successeurs des Âpostres. Il faut bien que tout cela soit abatu, ou nous ne sçaurions quelle foy nous devrions tenir. Voilà donc comme sainct Paul met ici en avant les Anges: comme s'il disoit, quelque authorité des hommes qu'on allègue, on ne pourra point apporter aucun preiudice ni à Dieu, ni à sa parole: car il faut qu'elle ait son degré souverain, et que ce qui est mis haut et excellent en ce monde, soit abatu et mis dessous: et non seulement des creatures mortelles, mais aussi des Anges, tellement que s'il pouvoit advenir (ce qui est impossible) qu'un Ange se dressast contre Dieu, on le doit avoir en detestation. Or en cela ne pensons point que les Anges se sentent iniuriez. Car quelle est leur gloire et toute leur dignité? C'est de faire hommage à leur Créateur et à nostre Seigneur Iesus qui est leur chef, aussi bien que le nostre. Ainsi donc, quand on emprunte leur nom, à fin que Iesus Christ soit glorifié et que son Evangile demeure en son intégrité, en cela les Anges ne cerchent sinon de ployer, tellement que leur nom serve à tel usage: car c'est leur souverain désir. Voilà donc pourquoy S. Paul a ici emprunté le nom des Anges, combien qu'il n'entende pas que iamais ils se puissent retirer de l'obéissance de Dieu. Or il réitère encores ce mesme propos et dit, que quiconque apportera un JEvangüe nouveau, que celuy-là soit tenu comme detestable. Or ici nous voyons en premier lieu comme Dieu veut estre honoré et servi de nous: ce n'est point en autres ceremonies ne façons de faire, comme les hommes ont accoustumé de faire: mais que le principal service, c'est que nous l'escoutions, et que nous demeurions comme bridez, tenans tous nos sens captifs sous sa parole, quand il a parlé à nous: comme aussi il le proteste en son Prophète Ieremiè, Ay-ie demandé sacrifices de tes pères ? mais voici que i'ay requis, et qu'encores i'exige de vous, comme l'hommage que vous me devez: c'est à sçavoir qu'on escoute ma voix. Dieu declare en ce passage-là que les hommes pourront beaucoup travailler en apportant leurs devotions, pensans bien luy complaire: qu'il n'y aura que puantise, iusques à ce que nous ayons apprins d'escouter sa voix et de luy obéir. Voici donc un article qui est bien notable, à fin que nous ne travaillions point en vain : comme nous voyons que les poures Papistes font : et de tout temps ça esté un mal commun en ce monde, que les hommes sçachans bien qu'ils
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ayez moy en execration, et que de vostre part vous<br />
demeuriez tousiours arrestez en ceste vérité que<br />
vous avez cognue, et que ie vous soye plustost<br />
maudit et execrable, voire mesmes les Anges de<br />
par<strong>ad</strong>is, que de rien changer de la vérité du F<strong>il</strong>s<br />
de Dieu, et de vous en destourner. Or ici nous<br />
voyons assez que sa<strong>in</strong>ct Paul a cerché autre chose,<br />
s<strong>in</strong>on que la vérité de Dieu ait telle reverence entre<br />
les hommes qu'elle mérite, et qu'elle soit receuë<br />
tellement que tous nos sens, toutes nos pensées,<br />
tous nos appetis et affections soyent dontees et<br />
tenues captives sous icelle: et qu'<strong>il</strong> ne soit po<strong>in</strong>t<br />
licite à creature vivante d'y rien changer, mais<br />
que Dieu seul parle par la bouche de son F<strong>il</strong>s<br />
unique: que nous le tenions pour nostre maistre,<br />
voire, et que chacun luy obéisse sans contredit.<br />
Vo<strong>il</strong>à ce que sa<strong>in</strong>ct Paul a cerché. Mais pour ce<br />
que nous ne pouvons pas ma<strong>in</strong>tenant déduire le<br />
GALATES. Chap. I v. 8—9.<br />
Nous avons veu par ci-devant comme nous devons<br />
estre asseurez en la vérité de l'Evang<strong>il</strong>e, ou<br />
<strong>il</strong> n'y a nulle foy en nous: c'est plustost une op<strong>in</strong>ion,<br />
quand nous serons prests à chanceler çà et<br />
là. Vo<strong>il</strong>à donc l'approbation que nous devons avoir<br />
de nostre foy, c'est que nous soyons arrestez et résolus<br />
que Dieu nous a enseignez, et qu'<strong>il</strong> nous a<br />
tellement déclaré sa volonté que si nous en décl<strong>in</strong>ons<br />
d'un C08té ou d'autre, c'est comme nous ietter<br />
à perdition à nostre escient. Et pour ceste cause<br />
non seulement nous devons recevoir la parole de<br />
Dieu comme bonne et sa<strong>in</strong>cte, mais nous luy devons<br />
porter cest honneur, d'avoir en detestation tout ce<br />
qui y est contraire, et qui ne s'y accorde po<strong>in</strong>t<br />
mesmes. Car quand sa<strong>in</strong>ct Paul parle ici d'un<br />
autre Evang<strong>il</strong>e, <strong>il</strong> entend que si on desguise la pure<br />
simplicité qu'on avoit apprise de luy, <strong>il</strong> n'y a plus<br />
que mensonge et corruption. Apprenons donc de<br />
tellement magnifier la doctr<strong>in</strong>e de Dieu, que non<br />
seulement nous la prisions en soy, mais que nous<br />
reiettions comme chose diabolique tout ce qu'on<br />
pourra amener à l'opposite, et qui sera repugnant.<br />
Et mesmes sa<strong>in</strong>ct Paul ne se contente po<strong>in</strong>t<br />
de parler des hommes, mais <strong>il</strong> va iusques aux<br />
Anges de Par<strong>ad</strong>is, et dit que nous les devons plustost<br />
tenir exécrables, que de changer rien en la foy<br />
que nous avons de l'Evang<strong>il</strong>e. Il parle bien de soy<br />
en premier lieu, et c'est pour monstrer qu'<strong>il</strong> n'a<br />
QUATRIEME SERMON.<br />
reste, <strong>il</strong> sera réservé à dimanche procha<strong>in</strong>, au plaisir<br />
de Dieu.<br />
Or nous nous prosternerons devant la. maiesté<br />
de nostre bon Dieu, en cognoissance de nos fautes,<br />
le prians qu'<strong>il</strong> nous les face sentir de plus en plus,<br />
et que ce soit pour nous attirer à une droite repentanoe,<br />
et pour nous faire croistre et profiter en la<br />
foy, à f<strong>in</strong> que nous luy soyons vrais sacrifices: et<br />
comme nostre Seigneur Iesus 8'est offert pour nostre<br />
redemption, qu'aussi nous <strong>ad</strong>visions de nous dédier<br />
ple<strong>in</strong>ement à luy : et que nous soyons conduits par<br />
luy en telle perseverance, qu'en la vie et en la<br />
mort nous ne cerchions autre contentement et repos,<br />
s<strong>in</strong>on d'acquiescer à sa bonne volonté, et que nous<br />
n'ayons autre chose pour nous glorifier, s<strong>in</strong>on au<br />
salut qui nous a esté acquis en luy. Que non seulement<br />
<strong>il</strong> nous face ceste grace, mais aussi à tous<br />
peuples et nations de la terre etc.<br />
po<strong>in</strong>t esgard à sa personne, mais qu'<strong>il</strong> veut simplement<br />
honorer Dieu, et faire que sa parole soit receuë<br />
de tout le monde sans contredit. Il faloit bien<br />
donc que sa<strong>in</strong>ct Paul usast de ceste protestation là,<br />
car si quelqu'un vouloit exempter sa doctr<strong>in</strong>e par<br />
quelque priv<strong>il</strong>ege, cestuy-là meneroit une querele<br />
privée, Mais celuy qui enseigne se doit mettre au<br />
reng commun et s'assubietir à l'obéissance de l'Evang<strong>il</strong>e<br />
de nostre Seigneur Iesus Christ: que nous<br />
n'ayons po<strong>in</strong>t maistre en ce monde duquel nous<br />
tenions nostre foy: mais que le F<strong>il</strong>s de Dieu ait<br />
toute maistrise sur nous, comme elle luy appartient.<br />
Or notamment S. Paul parle des Anges, pour ce<br />
que les faux-apostres et séducteurs qui estoyent<br />
venus au pays de Galatie pretendoyent le nom de<br />
Pierre, et de lean et de laques: <strong>il</strong> les rembarre<br />
et dit, Quand <strong>il</strong>s auront tout de leur costé, mesmes<br />
que tout le monde sera de leur part, tout cela<br />
n'est rien.<br />
Apres, s'<strong>il</strong>s avoyent mesmes les Anges de Par<strong>ad</strong>is,<br />
si faut-<strong>il</strong> neantmo<strong>in</strong>s que Dieu dom<strong>in</strong>e en sa<br />
Parole et que toutes creatures soyent mises bas:<br />
car s'<strong>il</strong> y a rien qui s'esleve contre la vérité de<br />
nostre Dieu, là où son image reluit, et où sa maiesté<br />
et gloire doit estre cognue, cela doit aussi<br />
estre condamné et tenu comme execrable. Il sembleroit<br />
bien de prime face que sa<strong>in</strong>ct Paul usast<br />
d'une façon excessive. Car à quel propos amene<strong>il</strong><br />
les Anges, veu que nous sçavons que du tout<br />
<strong>il</strong>s sont <strong>ad</strong>onnez à faire la volonté de Dieu? comme