Résumé de l'intervention du 10 mars par Dominique Massenot

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Humus et vie du sol : points de vue croisés entre agronomie et bio-dynamie Le sol étant un objet d’étude commun à l’agronomie et à la bio-dynamie, peut-on trouver des points communs dans des approches différentes d’une même réalité ? Les notions si universelles d’humus et de vie du sol semblent un terrain de prédilection pour mettre en parallèle les deux approches et voir dans quelle mesure elles sont conciliables. Cette démarche peut paraître incongrue mais est pourtant suggérée maintes fois par Rudolf STEINER luimême : « il faut réaliser une entente entre l’investigation spirituelle et le science moderne dans les domaines pratiques par excellence, dont fait partie l’agriculture… ». Les concepts de base sont plutôt divergents : l’agronomie se base sur une restitution d’éléments minéraux alors que la bio-dynamie cherche à entretenir ou améliorer les forces de vie. Sur le plan de l’humus, les deux approches admettent généralement l’intérêt d’apport de matières organiques stables pour entretenir ou augmenter le taux d’humus ainsi que pour l’amélioration de la vie du sol, sans que les raisons soient vraiment claires et identiques. Ces concepts, moins clairs qu’il n’y paraît, demandent un approfondissement des notions d’humus et de vie du sol, tant dans la démarche agronomique que dans l’approche bio-dynamique avant de pouvoir statuer sur « l’entente » éventuelle entre les deux démarches. La démarche agronomique Humus est un des mots les plus employés en agronomie mais sa définition est un véritable problème. Il s’agit des matières organiques, essentiellement d’origine végétale, plus ou moins transformées dans le sol. Le dosage classique du pourcentage de matière organique du sol (en fait dosage du carbone multiplié par un coefficient) est la plupart du temps baptisé taux d’humus. La définition des différentes fractions humiques comme les acides humiques, les acides fulviques, l’humine, … résulte d’un protocole d’attaque des matières organiques au laboratoire mais ne correspond à aucune identité chimique ou réalité de terrain. Quant aux notions de mull, moder, mor, il s’agit d’une classification pédologique des humus forestiers inadaptée aux sols agricoles. Le taux de matière organique total ne signifie pas grand-chose tant que l’on ne sait pas la nature des différentes formes organiques qui le composent. Ces formes multiples peuvent néanmoins toujours se classer sur une échelle de stabilité, c’est-à-dire de résistance à la dégradation ou de durée de vie dans le sol : on a ainsi des formes labiles à cycle rapide, des formes lentes à cycle plus long et des formes hyper-stables qui ont uniquement tendance à s’accumuler et qui sont principalement représentés par les fractions ligneuses des plantes pérennes. Congrès L’approche bio-dynamique de la vigne – 10 et 11 mars 2011 – Maison de l’Agriculture Bio-Dynamique – www.bio-dynamique.org

Humus et vie <strong>du</strong> sol : points <strong>de</strong> vue croisés entre agronomie et bio-dynamie<br />

Le sol étant un objet d’étu<strong>de</strong> commun à l’agronomie et à la bio-dynamie, peut-on trouver <strong>de</strong>s points communs<br />

dans <strong>de</strong>s approches différentes d’une même réalité ? Les notions si universelles d’humus et <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> sol<br />

semblent un terrain <strong>de</strong> prédilection pour mettre en <strong>par</strong>allèle les <strong>de</strong>ux approches et voir dans quelle mesure elles<br />

sont conciliables.<br />

Cette démarche peut <strong>par</strong>aître incongrue mais est pourtant suggérée maintes fois <strong>par</strong> Rudolf STEINER luimême<br />

: « il faut réaliser une entente entre l’investigation spirituelle et le science mo<strong>de</strong>rne dans les domaines<br />

pratiques <strong>par</strong> excellence, dont fait <strong>par</strong>tie l’agriculture… ».<br />

Les concepts <strong>de</strong> base sont plutôt divergents : l’agronomie se base sur une restitution d’éléments minéraux alors<br />

que la bio-dynamie cherche à entretenir ou améliorer les forces <strong>de</strong> vie. Sur le plan <strong>de</strong> l’humus, les <strong>de</strong>ux<br />

approches admettent généralement l’intérêt d’apport <strong>de</strong> matières organiques stables pour entretenir ou<br />

augmenter le taux d’humus ainsi que pour l’amélioration <strong>de</strong> la vie <strong>du</strong> sol, sans que les raisons soient vraiment<br />

claires et i<strong>de</strong>ntiques.<br />

Ces concepts, moins clairs qu’il n’y <strong>par</strong>aît, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un approfondissement <strong>de</strong>s notions d’humus et <strong>de</strong> vie <strong>du</strong><br />

sol, tant dans la démarche agronomique que dans l’approche bio-dynamique avant <strong>de</strong> pouvoir statuer sur<br />

« l’entente » éventuelle entre les <strong>de</strong>ux démarches.<br />

La démarche agronomique<br />

Humus est un <strong>de</strong>s mots les plus employés en agronomie mais sa définition est un véritable problème. Il s’agit<br />

<strong>de</strong>s matières organiques, essentiellement d’origine végétale, plus ou moins transformées dans le sol. Le dosage<br />

classique <strong>du</strong> pourcentage <strong>de</strong> matière organique <strong>du</strong> sol (en fait dosage <strong>du</strong> carbone multiplié <strong>par</strong> un coefficient)<br />

est la plu<strong>par</strong>t <strong>du</strong> temps baptisé taux d’humus. La définition <strong>de</strong>s différentes fractions humiques comme les aci<strong>de</strong>s<br />

humiques, les aci<strong>de</strong>s fulviques, l’humine, … résulte d’un protocole d’attaque <strong>de</strong>s matières organiques au<br />

laboratoire mais ne correspond à aucune i<strong>de</strong>ntité chimique ou réalité <strong>de</strong> terrain. Quant aux notions <strong>de</strong> mull,<br />

mo<strong>de</strong>r, mor, il s’agit d’une classification pédologique <strong>de</strong>s humus forestiers inadaptée aux sols agricoles.<br />

Le taux <strong>de</strong> matière organique total ne signifie pas grand-chose tant que l’on ne sait pas la nature <strong>de</strong>s<br />

différentes formes organiques qui le composent. Ces formes multiples peuvent néanmoins toujours se classer<br />

sur une échelle <strong>de</strong> stabilité, c’est-à-dire <strong>de</strong> résistance à la dégradation ou <strong>de</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> vie dans le sol : on a<br />

ainsi <strong>de</strong>s formes labiles à cycle rapi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s formes lentes à cycle plus long et <strong>de</strong>s formes hyper-stables qui ont<br />

uniquement tendance à s’accumuler et qui sont principalement représentés <strong>par</strong> les fractions ligneuses <strong>de</strong>s<br />

plantes pérennes.<br />

Congrès L’approche bio-dynamique <strong>de</strong> la vigne – <strong>10</strong> et 11 <strong>mars</strong> 2011 – Maison <strong>de</strong> l’Agriculture Bio-Dynamique – www.bio-dynamique.org


La vie <strong>du</strong> sol est également un domaine complexe où le maximum <strong>de</strong> biodiversité écologique ne correspond pas<br />

forcément à la meilleure efficacité agronomique. A l’intérieur <strong>du</strong> sol, les ressources en nutriments et en énergie<br />

sont plus ou moins facilement utilisables <strong>par</strong> les différents organismes vivants et peuvent faire l’objet d’une<br />

concurrence, notamment entre les micro-organismes et les racines <strong>de</strong>s plantes cultivées. Les racines ont besoin<br />

d’une porosité pour coloniser le sol et, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> porosité naturelle liée à la pierrosité, c’est<br />

l’agrégation <strong>de</strong>s <strong>par</strong>ticules fines sous forme grumeleuse qui est la meilleure garantie <strong>du</strong> développement<br />

racinaire. L’agrégation résulte d’une activité microbienne intense pro<strong>du</strong>isant le mucus qui sert <strong>de</strong> liant entre les<br />

<strong>par</strong>ticules dans les grumeaux. Le mucus étant un polysacchari<strong>de</strong>, l’activité microbienne ne peut le pro<strong>du</strong>ire que<br />

si elle dispose <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> sucres et d’azote organique rapi<strong>de</strong>ment assimilable. Les apports organiques<br />

à la fois riches en sucres et en azote se limitent à <strong>de</strong>ux catégories : les engrais verts et le compost <strong>de</strong> fumier<br />

pailleux au sta<strong>de</strong> dit « jeune », c’est-à-dire <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong> la cellulose en sucres.<br />

Une même matière organique ne peut à la fois faire <strong>de</strong> l’humus stable et favoriser l’activité microbienne<br />

pro<strong>du</strong>ctrice <strong>de</strong> mucus. Plus les apports organiques sont ligneux, stables ou stabilisés <strong>par</strong> compostage long, plus<br />

ils vont contribuer à augmenter le stock <strong>de</strong> carbone dans le sol. Inversement, plus les apports organiques sont<br />

riches en sucres et en azote faciles à dégra<strong>de</strong>r, plus ils <strong>par</strong>ticipent à l’agrégation <strong>de</strong>s <strong>par</strong>ticules <strong>du</strong> sol sous<br />

forme <strong>de</strong> structure grumeleuse, garante d’un bon développement <strong>de</strong>s cultures.<br />

La démarche bio-dynamique<br />

La démarche bio-dynamique ne reposant pas sur les mêmes concepts que l’agronomie, il est nécessaire <strong>de</strong><br />

caractériser la conception bio-dynamique <strong>du</strong> vivant pour comprendre son point <strong>de</strong> vue dans le domaine <strong>du</strong> sol.<br />

Pour la bio-dynamie, à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s idées développées <strong>par</strong> Rudolf STEINER, les organismes vivants sont bien sûr<br />

composés <strong>de</strong>s substances étudiées <strong>par</strong> la science mais ce ne sont pas les substances qui engendrent la vie : ce<br />

sont au contraire <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> vie qui animent et organisent les substances tout au long <strong>du</strong> fil <strong>de</strong> la vie. Seul le<br />

mon<strong>de</strong> minéral est uniquement composé <strong>de</strong> substances et dépourvu <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> vie. Les organismes vivants<br />

peuvent absorber et secréter <strong>de</strong>s substances minérales mais le minéral ne peut pas donner naissance à la vie.<br />

En outre, les différentes formes <strong>de</strong> vie présentes sur terre, végétales notamment, ne dépen<strong>de</strong>nt pas que <strong>de</strong>s<br />

conditions terrestres mais également <strong>de</strong>s forces provenant <strong>de</strong> tout le cosmos.<br />

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Pour la bio-dynamie, la qualité fondamentale d’un sol est <strong>de</strong> contenir <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> vie permettant le<br />

développement et la croissance <strong>de</strong>s plantes. Tous les sols ne sont pas également pourvus en forces <strong>de</strong> vie et,<br />

comme le précise R. STEINER dans la 4 ème conférence <strong>du</strong> Cours aux agriculteurs, « il faut dans certaines<br />

régions <strong>de</strong> la terre venir en ai<strong>de</strong> à la croissance végétale <strong>par</strong> la fumure… ». Dans la 7 ème conférence, R.<br />

STEINER précise que le manque <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> vie est révélé <strong>par</strong> la présence <strong>de</strong> larves d’insectes dans le sol,<br />

comme les taupins ou les vers blancs <strong>par</strong> exemple, alors que l’excès <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> vie est corroboré avec<br />

l’abondance <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> terre.<br />

La notion d’humus est peu développée dans le « Cours aux agriculteurs » mais R. STEINER justifie le principe<br />

<strong>de</strong> la fumure sur un apport ou une restitution <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> vie dans le sol. Les engrais minéraux sont inaptes à<br />

augmenter les forces <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> sol étant donné qu’ils en sont dépourvus. Seuls, les engrais organiques en<br />

contiennent et leur intérêt repose sur la restitution <strong>de</strong> forces <strong>de</strong> vie : « Dans la terre, il faut qu’une quantité<br />

suffisante <strong>de</strong> déchets organiques soit amenée à un état <strong>de</strong> décomposition assez avancée pour que la terre en<br />

soit véritablement vivifiée comme il convient. » (in 4 ème conférence).<br />

La distinction entre engrais organiques <strong>de</strong> nature purement végétale comme les engrais verts et engrais<br />

organiques d’origine animale comme les fumiers est encore plus importante en bio-dynamie qu’en agronomie<br />

car, pour R. STEINER, les forces <strong>de</strong> vie sont différenciées dans les règnes végétal et animal. Les forces <strong>de</strong> vie<br />

caractéristiques <strong>du</strong> règne végétal sont appelées forces éthériques et correspon<strong>de</strong>nt aux forces <strong>de</strong> croissance<br />

végétative. Le règne animal possè<strong>de</strong> également ces forces éthériques mais présente un second niveau<br />

d’organisation, voire <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> ces forces végétatives, dénommées forces astrales, caractéristiques<br />

<strong>du</strong> mon<strong>de</strong> animal. Ces forces astrales interviennent <strong>par</strong>tiellement dans le mon<strong>de</strong> végétal à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> la floraison<br />

et lors <strong>de</strong> la fructification.<br />

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La fumure d’origine animale convient ainsi mieux à l’ensemble <strong>du</strong> cycle <strong>de</strong> la plante qu’une fumure purement<br />

végétale : « Il faut avoir à notre disposition un fumier porteur d’éthérique et d’astral. C’est à cette condition<br />

qu’il exerce dans le sol une action vivifiante et aussi astralisante. » (in 4 ème conférence). L’action « astralisante »<br />

se comprend d’autant mieux quand on sait que la substance qui porte ces forces astrales est l’azote.<br />

L’importance <strong>de</strong> l’azote, à condition qu’il soit d’origine organique, est aussi gran<strong>de</strong> en bio-dynamie qu’en<br />

agronomie et sa gestion est tout aussi délicate : « Si on laisse le tas <strong>de</strong> compost sans précaution, il peut très<br />

facilement arriver qu’il répan<strong>de</strong> son astral <strong>de</strong> tous côtés… Car l’azote est assurément un élément qui prend très<br />

volontiers le large dans toutes sortes <strong>de</strong> combinaisons possibles. » (in 4 ème conférence). La substance qui<br />

correspond aux forces éthériques est l’oxygène : cela renvoie aux conditions <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong> la matière<br />

organique et au travail <strong>du</strong> sol.<br />

La spécificité <strong>de</strong> la bio-dynamie est <strong>de</strong> compléter et d’affiner cette gestion <strong>de</strong> la fumure organique <strong>par</strong> les<br />

pré<strong>par</strong>ations bio-dynamiques. Deux pré<strong>par</strong>ations s’appliquent directement dans les <strong>par</strong>celles : la bouse <strong>de</strong> corne<br />

pour stimuler la vie <strong>du</strong> sol et <strong>de</strong> la plante, la silice <strong>de</strong> corne pour organiser la vie <strong>de</strong> la plante. Six pré<strong>par</strong>ations à<br />

base <strong>de</strong> plantes médicinales sont incorporées dans les composts, dès le début <strong>du</strong> compostage et quelle que soit<br />

la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> compostage.<br />

Conclusion<br />

Il ap<strong>par</strong>aît donc qu’une possibilité convergence se <strong>de</strong>ssine entre agronomie et bio-dynamie dans le domaine <strong>de</strong><br />

la vie <strong>du</strong> sol et sur l’intérêt dans les <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> favoriser cette vie <strong>du</strong> sol. Une véritable agronomie ne doit pas<br />

se contenter <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s substances minérales mais prendre en compte la matière organique en tant que<br />

source d’énergie pour la vie microbienne capable d’entretenir la structure grumeleuse. Une bio-dynamie bien<br />

comprise prend également en compte les substances et les sources d’énergie raisonnées en bio-dynamie, que<br />

l’on peut qualifier <strong>de</strong> terrestres. La bio-dynamie élargit le cadre <strong>du</strong> raisonnement à tout le cosmos, aussi bien<br />

sur le plan <strong>de</strong>s forces cosmiques qui organisent la vie végétale que sur le plan <strong>de</strong>s substances répan<strong>du</strong>es à dose<br />

infinitésimale dans l’atmosphère et absorbées <strong>par</strong> les plantes, forces et substances que l’on peut qualifier <strong>de</strong><br />

cosmiques.<br />

Il est donc possible <strong>de</strong> travailler <strong>de</strong> manière rationnelle et rigoureuse dans le sens d’une « entente » entre<br />

démarche scientifique et investigation spirituelle.<br />

<strong>Dominique</strong> MASSENOT<br />

www.amisol.fr<br />

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