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Telle, dans son aurore, une chaste beauté
N'expose qu'en tremblant à notre œil enchanté
Son esprit ingénu, ses talens et ses charmes.
Que j'aime son regard! sa pudique rougeur!
Et sa décontenance et sa noble candeur,
Qui font qu'à son insu chacun lui rend les armes!
FILLE
A peine elle a seize ans, Clarisse, et dans son âme
A scintillé soudain je ne sais quelle flamme
Inconnue à ses jours d'enfance et de bonheur,
Un sentiment confus s'est glissé dans son cœur...
Au seul penser d'Ernest se colore et s'enflamme
Son joli teint de lis qui peignait sa candeur:
Depuis deux jours son front a connu, la pudeur...
Le dirai-je... l'amour a commencé son drame!
Les folâtres plaisirs, les jeux ont disparu;
Dans ses grands yeux baissés un nuage a couru;
Sa harpe sous ses doigts vibre mélancolique.
Elle n'ose avouer que plaire est son espoir,
Mais on la voit souvent demander au miroir
L'art d'embellir encor sa figure angélique!
FEMME
Les fleurs de l'hymènée ont couronné l'amour;
Clarisse à son époux se donne sans contrainte,
Et la plus chaste ivresse a laissé son empreinte
Dans son sein maternel aussi pur qu'un beau jour.
Ses devoirs, ses enfants la charment tour à tour
Elle aime, elle est aimée, et n'a pas d'autre crainte
Que celle d'ignorer le besoin et la plainte
Du pauvre qui l'adore et bénit son séjour.
Qu'elle est intéressante! on dirait une rose
Ouvrant son sein vermeil sous la main qui l'arrose,
Et conservant encor la fraîcheur du bouton!
Partout j'entends louer son bon cœur, sa belle âme;
Toute bouche sourit en prononçant son nom;
Elle est dans tout son être un modèle de femme!