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Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive,
Dis-lui qu'avec douceur il traite sa captive:
Qu'il lui rende... A ce mot ce héros expiré
N'a laissé dans mes bras qu'un corps defıguré:
Triste objet où des dieux triomphe la colère,
Et que meconnaîtrait l'œil même de son père.
O mon fils! cher espoir que je me suis ravi!
Inexorables dieux, qui m'avez trop servi!
A quels mortels regrets ma vie est réservee!
Thésée.
Théramène.
La timide Aricie est alors arrivée:
Elle venait, seigneur, fuyant votre courroux,
A la face des dieux l'accepter pour époux.
Elle approche; elle voit l'herbe rouge et fumante;
Elle voit (quel objet pour les yeux d'une amante!)
Hippolyre étendu, sans forme et sans couleur.
Elle veut quelque temps douter de son malheur;
Et ne connaissant plus ce héros qu'elle adore,
Elle voit Hippolyte, et le demande encore.
J'y cours en sanglottant, tout le monde me suit.
De son suc savoureux la trace nous conduit;
L'escalier en est oint, les marches dégouttantes
Portent de ses lardons les dépouilles fumantes.
J'arrive, je l'appelle et, me tendant la main,
Jeannot ouvre deux yeux qu'il referme soudain:
Minot, dit-il, m'arrache une bien belle vie!
Prends soin,après ma mort, d'assouvir mon envie,
Fanchette, si le maître un jour, désabusé
Du chat, qui de ma mort doit seul être accuse,
Veut apaiser mon sang et mon ombre plaintive;
Dis-lui que, retenant cette bête captive,
Il l'égorge... A ces mots, mon epoux expiré
S'est tordu dans mes bras et n'a plus respiré.
Triste objet, dont les soins de votre apothicaire
N'ont pas su prolonger le destin culinaire!
O Jeannot, cher époux, que ne t'ai-je suivi!
Insatiable chat, toi seul me l'as ravi...
A quels mortels regrets ma vie est reservée!
Madame votre épouse alors est arrivée;
Elle venait, monsieur, affamée, en courroux,
Demander le rôti pour elle et son époux.
Elle arrive, elle voit la place encor fumante.
Elle voit... quel objet quand la faim la tourmeute!
Des os souillés, rongés, sans forme et sans couleur,
Elle veut quelque temps douter de son malheur,
Et ne connaissant plus ce bon mets qu'elle adore,
Elle voit son gigot et le demande encore.
Mais trop sûre à la fin qu'il est devant ses yeux,
Par un triste regard elle accuse les dieux;
Et froide gémissante, et presque inanimée,
Aux pieds de son amant elle tombe pâmée.
Ismène est auprès d'elle; Ismène tout en pleurs
La rappelle à la vie, ou plutôt aux douleurs
Et moi, je suis venu, détestant la lumière,
Vous dire d'un héros la volonté dernière,