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J'ai vu des mortels périr le plus aimable,
Et n'ose dire encor, seigneur, le moins coupable.
LE GIGOT
Parodie de La Mort d'Hippolyte
Un riche bourgeois et sa femme, tous deux de bon appétit, sont à table et ont mangé une partie de leur
dîner. Ils attendent le rôti qui doit se composer d'un gigot. Ce plat n'arrivant pas, malgré les tintements
répétés de la sonnette. Madame se lève et va voir ce qui se passe a la cuisine; un moment après,
Fanchette, la servante, paraît à la porte de la salle.
Le Maître.
Ha! Fanchette, est-ce toi? Qu'as-tu fait du rôti? Je te l'ai confié pour le manger plus tendre...
Mais d'où naissent les pleurs que je te vois répandre?
Qu'en as-tu fait?
O vœux tardifs et superflus!
Inutiles désirs, votre gigot n'est plus.
Bah!
J'ai vu des époux mourir le plus aimable
Et le gigot mangé par une dent coupable
Fanchette.
Le Maître.
Fanchette.
Thésée.
Mon fils n'est plus! Hé quoi! quand je lui tends les bras!
Les dieux impatients ont hâté son trépas!
Quel coup me l'a ravi? quelle foudre soudaine?
A peine nous sortions des portes de Trézène,
Il était sur son char; ses gardes affligés
Imitaient son silence, autour de lui rangés:
Il suivait tout pensif le chemin de Mycènes;
Sa main sur les chevaux laissait flotter les rênes:
Ses superbes coursiers, qu'on voyait autrefois
Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée.
Un effroyable cri, sorti du fond des flots,
Des airs en ce moment a troublé le repos;
Et du sein de la terre une voix formidable
Répond en gemissant à ce cri redoutable.
Théramène.