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222 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - L’espace universitaire<br />
Tombant en ruines, il échappera aux bombardements mais<br />
sa vétusté ne pourra le sauver (16) (FIG. 5)<br />
L’influence des idées réformées dans ce quartier n’est pas<br />
un leurre. Luce Madeline a dressé une liste de 426 maisons<br />
détenues en 1570 par des Huguenots, ou prétendus tels.<br />
Les idées nouvelles touchent en particulier le milieu<br />
des imprimeurs et des libraires, installés en bordure du<br />
quartier, dans la rue allant à Bonne-Nouvelle (rue Pothier,<br />
pour François Guyard et Pierre Rousset, et sept autres<br />
personnes). Ces réformés se trouvent en particulier autour<br />
de Saint-Pierre-le-Puellier et de son cloître. Cette paroisse<br />
apparaît comme une ville dans la ville, tellement elle semble<br />
marginale, et elle se ressent comme telle, dans le dédale<br />
de ses rues, cours, impasses, plus ou moins secrets (17) . Si<br />
les idées réformées touchent des familles de toute la ville,<br />
elles paraissent mieux implantées dans les populations plus<br />
besogneuses longeant le cours de la Loire. D’après le récit<br />
de l’étudiant allemand Johann Wilhelm von Botzheim,<br />
présent au moment de la Saint-Barthélémy, et qui habitait<br />
vers le cloître Saint-Pierre-le-Puellier, « notre maison se<br />
trouvait environnée de maisons huguenotes ». Il évoque<br />
alors le dédale que devait être ce vieux quartier où l’on<br />
communiquait par les greniers, les caves et les jardins (18) .<br />
Cette situation dura jusqu’à la Saint-Barthélémy (19) .<br />
S’agit-il d’une coïncidence, la présence dans cet espace de<br />
trois établissements de jeu de paume tranche avec les autres<br />
quartiers d’Orléans (20) (FIG. 6). Ces lieux sont bien attestés<br />
au 17 e siècle, mais ils existent auparavant. Le jeu de paume<br />
appelé le Petit Bellesbat apparaît en 1544 rue de la Tour-<br />
Neuve, sans doute proche du cimetière de la Conception.<br />
Cette année-là, les frères Foiret baillent à loyer pour 6 ans,<br />
à Anthoine Cailly, une maison avec jeu de paume, appelée<br />
le petit Bel Ebat, rue de la Croix, tenant au cimetière de<br />
Saint-Flou, par-derrière aux murailles ; il réparera la galerie<br />
du jeu de paume, le long du cimetière, et la mettra « en<br />
bricolle », entretiendra la couverture des autres galeries (21) .<br />
En 1612, ce lieu n’existe déjà plus ; à son emplacement s’est<br />
bâtie « une maison et grande cour qui était anciennement<br />
en deux maisons et deux jeux de paume appelés le Petit<br />
Bellesbat, détenu par la veuve pierre gorant… » Cette<br />
parcelle de la famille Gorrand s’intitulera les Fratres au 17 e<br />
siècle, peut-être pour illustrer une dynastie familiale (22) ?<br />
Les deux autres salles sont établies au centre du quartier. La<br />
maison et jeu de paume de la Petite Marquette, appartenant<br />
à François Fournier, et occupés par Cesar Bazin, figurent rue<br />
Courreau, du côté de la Conception, c’est-à-dire sans doute<br />
FIG. 5<br />
Maison de Jean Calvin ?<br />
au bas de la rue. Elle doit jouxter la maison et jeu de paume<br />
de la Grande Marquette, située rue des Africains, détenue<br />
par le même propriétaire en 1610. La même année, un autre<br />
jeu de paume est localisé au bas de cette même rue, côté rue<br />
du Gros-Anneau : la maison et jeu de paume d’Avallon ouvre<br />
sur la rue Courreau ; elle appartient à Pierre Rouet, au lieu de<br />
Françoise d’Avallon, qui a annexé trois maisons (23) . !<br />
(16) LE MAIRE 1960 : p. 328-332.<br />
(17) BIMBENET 1858.<br />
(18) MADELINE 1997 : p. 3-18.<br />
(Archives départementale du Loiret, 22 Fi 2-3,<br />
collection Eugène Chauffy)<br />
(19) Orléans, Archives départementales du Loiret, série A 1800-2200 et B 1-1535, tome II, imp. G. Jacob, 1886.<br />
(20) Il existe un autre établissement entre les rues des Tanneurs et de la Folie, d’après Cahier d’archéologie,<br />
Service Archéologique Municipal d’Orléans (SAMO), juin 1997.<br />
(21) Orléans, Archives départementales du Loiret, 2J 2485, compte de St Liphard (2 Mi 3616), 9 juin 1544.<br />
(22) Paris, Archives nationales, R4* 312, État des maisons à Orléans, 1581, f° 70v° ; R4* 615, 109, 1612 et<br />
mai 1677.<br />
(23) Paris, Archives nationales, R4* 614, terrier de 1610. Un autre établissement de jeu de paume est établi<br />
plus bas dès 1571, parcelle Perdoux 281, selon Archives Municipales d’Orléans, C 1956, dossier<br />
Dessaux établi par le Service Régional de l’Inventaire ; une tannerie occupe les lieux aux 18 e et 19 e siècles.<br />
Le nom d’Avallon vient sans doute de celui de Françoise d’Avallon, présente sur place en 1543.