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134 EMPREINTE URBAINE

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au nord de Saint-Euverte fut abandonné. Le tracé définitif<br />

de l’enceinte se cantonna donc à la ligne de boulevards<br />

actuels de la ville, procurant une nouvelle surface enclose<br />

de 69,5 ha. Entamés dès le printemps 1486, les travaux de<br />

construction de la dernière enceinte débutent par le front<br />

sud bordant la Loire et par l’édification de la porte Saint-<br />

Paterne située sur la rue Bannier, une des principales voies<br />

d’accès à la ville. L’achèvement des travaux fut officiellement<br />

marqué par la venue de monseigneur de Sansac, chevalier<br />

de l’ordre, envoyé par le roi du 4 au 7 février 1556, afin de<br />

visiter l’enceinte et d’effectuer la réception des ouvrages.<br />

Cette nouvelle enceinte était munie de murs de courtine<br />

régulièrement percés d’embrasures de tir, précédés par un<br />

fossé et une lice, et flanqués d’au moins dix-sept tours<br />

défendues par des canonnières. L’accès était permis par<br />

cinq portes aux plans et aux élévations diverses qui étaient<br />

précédées par des ouvrages avancés, des boulevards, dont<br />

certains seront remplacés dans la deuxième moitié du<br />

16 e siècle par des bastions appelés ravelins (devant la porte<br />

Saint-Laurent mais également devant la porte Bourgogne<br />

de la troisième enceinte ou le fort des Tourelles).<br />

Certains ouvrages présentent des dispositifs caractéristiques<br />

des fortifications françaises d’inspiration royale de cette<br />

époque : tours munies de chambres en entresol formant<br />

casemates réservées uniquement aux tirs et isolées par d’épais<br />

vantaux (porte Saint-Paterne), grosses tours d’artillerie<br />

placées aux angles de l’enceinte (tour de Saint-Laurent au<br />

sud-ouest avec un diamètre de 19,5 m), ouvrages munis<br />

d’un bossage au caractère symbolique évident (porte Saint-<br />

Jean ; tour de Bourbon). Il est possible que le flanquement<br />

du fond des fossés ait été assuré par des caponnières (ou<br />

moineaux), ouvrages de défense bas, comme ceux qui ont<br />

été édifiés à la même époque sur d’autres fortifications de la<br />

ville : celle de la Brebis (ajoutée à la tour de l’angle sud-est<br />

de la troisième enceinte entre 1510-1540), ou celle de la<br />

tête de l’ancien pont des Tourelles au sud de la Loire (entre<br />

1560-1570), tandis que des remparts de terre et des terrasses<br />

d’artillerie commencent à venir doubler certains tronçons<br />

du mur de courtine, comme celle de la motte Sanguin<br />

édifiée contre la troisième enceinte à partir de 1539 (3) .<br />

Résultant originellement de la volonté des habitants<br />

des faubourgs de se protéger, la création de la dernière<br />

enceinte d’Orléans va s’accompagner d’une opération<br />

de réaménagement urbanistique de grande envergure<br />

permettant la mise en place d’un nouveau réseau viaire et<br />

de nouveaux équipements (égouts). Ce plan d’urbanisme,<br />

décidé à partir de 1486, est le fruit d’une décision collégiale<br />

placée sous la direction d’agents ducaux et royaux, Jehan<br />

de Loan remplacé en 1488 par Jean de Gourville et Yvon<br />

d’Illiers (4) . Si certains secteurs anciens déjà fortement<br />

urbanisés sont conservés sans modifications notoires de la<br />

voirie et du parcellaire (quartier sud-ouest entre la Loire<br />

et l’actuelle rue des Carmes, à vocation artisanale et lié<br />

aux activités portuaires ; quartier nord-est correspondant<br />

à l’extension du quartier de la cathédrale au nord de<br />

l’enceinte du Bas-Empire), ailleurs, l’opération entraîne la<br />

mise en place d’une série d’îlots réguliers quadrangulaires<br />

entrecoupés par des rues se croisant à angle droit et<br />

s’appuyant sur de grands axes anciens (rue Bannier, rue de<br />

la Bretonnerie, rue des Carmes, rue de la Porte-Saint-Jean,<br />

rue de la Porte-Madeleine, rue du Colombier). Le procèsverbal<br />

de 1488 prévoyait une certaine hiérarchisation de la<br />

circulation liée à l’utilisation des rues : la majorité d’entre<br />

elles devaient posséder une largeur standard de 2,5 toises<br />

(environ 4,87 m), exceptées quelques voies privilégiées<br />

correspondant soit à deux axes nord-sud (formés par les<br />

rues actuelles des Grands-Champs, du Grenier-à-Sel et du<br />

Bœuf-Saint-Paterne) mesurant 3 toises (environ 5,84 m),<br />

soit aux deux rues que les commissaires ont baptisées de<br />

leurs propres noms (la rue de Gourville de 3 toises, la rue<br />

d’Illiers de 4 toises). Cela s’accompagna du réaménagement<br />

des trois grandes places situées aux débouchés des anciennes<br />

portes de la ville : la place du Marché de la Porte-Renard, la<br />

« grande place de l’Estappe au vin » et la place du « Martroy<br />

au blé » qui symbolise le centre de la nouvelle ville (FIG. 1).<br />

Afin de faire d’Orléans un centre attractif capable de rivaliser<br />

avec d’autres grandes villes du royaume, ce projet avait<br />

pour but d’accroître l’activité économique de la ville grâce<br />

à l’installation d’habitants dans ces quartiers nouvellement<br />

enclos, comme cela apparaît dans le mémoire établi par<br />

Jehan de Loan en 1486 : « au plaisir de Dieu quant ladite<br />

cloture sera faite, plusieurs y ediffieront et feront des<br />

maison pour eulx loger » (5) . Au travers de lettres patentes<br />

datées du 26 mai 1488, le roi dispensa des obligations<br />

ordinaires les membres des corporations de tous métiers<br />

(sauf de boucherie) qui demeuraient dans les nouveaux<br />

quartiers (6) .<br />

(3) JESSET, CHAMBON, YVERNAULT 2005 : p. 42-43.<br />

(4) Pour cette opération d’urbanisme voir : « La dernière enceinte d’Orléans et ses nouveaux quartiers<br />

: une opération d’urbanisme de grande ampleur », dans ALIX, DURANDIERE 2004 : p. 7-28.<br />

(5) Orléans, Bibliothèque municipale, ms. 595, f° 162.<br />

(6) Orléans, Archives municipales, AA 9, f° 6. En 1470, de semblables privilèges et franchises furent<br />

déjà accordés aux gens de métier par Louis XI, afi n qu’ils puissent s’installer dans les nouveaux<br />

quartiers protégés par la troisième enceinte (MICHAUD-FREJAVILLE 1983 : p. 429).<br />

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