218 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - L’espace universitaire FIG. 2 Occupation des sols à la fin du 15 e siècle (S.A.M.O. : conception Michel Philippe - DAO Laurent Mazuy)
effectuée en 1581. Celle-ci intéresse d’abord l’ancienne Porte Bourgogne, puis la Tour-Blanche. À noter qu’il n’est nulle part fait mention de vestiges des deux tours intermédiaires, à savoir celles de Saint-Flou et d’Avallon, sans doute annihilées depuis ; quant à la muraille, subsistante on le sait, jusqu’à nos jours, elle fait désormais partie du décor, intégrée à celui-ci sous l’appellation de « muraille ancienne » ou de « vieille muraille », terminologie reprise dans la plupart des descriptions des maisons des rues Saint-Flou et de la Tour-Neuve aux 16 e et 17 e siècles. Face à la Tour-Blanche, la maison attribuée à Pierre du Lys, symbolise la transition entre le 15 e et le 16 e siècles. Présence d’une tannerie L’étude menée il y a quelques années par le Service Archéologique Municipal et par le Service Régional d’Archéologie sur le sud de ce quartier a permis une approche archéologique des ateliers de tannerie. Leur implantation semble se faire au 15 e siècle. « L’étude des bacs de tanneurs situés au sud du site indique que ce type d’aménagement est appelé à subir de nombreuses réfections. Leur destruction prend place aux environs du 18 e siècle (10) ». Une rapide étude historique confirme les résultats des archéologues, en datant certains ateliers, à l’exemple de la maison du tanneur Étienne Groslet, proche la Tour Carrée, en la grande cour touchant aux murs de la ville ; dans le terrier de 1610, une « grange à plains » représentative d’une activité de tannerie est indiquée à cet endroit, preuve d’une permanence de cette activité. Une autre présence de marchand tanneur est attestée en 1480, donnant sur la rue de la Folie (11) . Aux 16 e et 17 e siècles, ces activités se poursuivent en la rue de la Tannerie, sous la forme d’étables, de halles, de moulins et de tanneries. Celles de raffinerie prendront progressivement le relais au 17 e siècle, remplacées à la fin du siècle suivant par la vinaigrerie Dessaux. Premières installations des établissements scolaires La première université se caractérise d’abord par la diversité d’écoles particulières, comparables à des cours donnés par des maîtres (FIG. 2). Chaque école prend le nom d’un maître ou du propriétaire du lieu. Celles-ci s’installent dans un espace compris aujourd’hui entre la rue de l’Université, la rue du Pommier et la rue du Puits-de-Linières, la rue du Gros-Anneau, la rue Courreau (aujourd’hui disparue) et la rue des Africains. L’Université enclose dans les murs de l’enceinte galloromaine de la ville s’ouvre à la fin du 15 e siècle (12) . La colonisation de la muraille, du côté de la rue actuelle de la Tour-Neuve, lui permet de s’intégrer enfin parmi la population. La proximité des Guerres de religion ne va pas rompre l’équilibre entre le « haut du quartier » alors voué à l’étude et à la détente, et le « bas du quartier » industrieux. Mais, incontestablement, les reconstructions et la réorganisation partielle de la voirie locale vont le transfigurer. Une certaine déchéance morale condamnera alors la formation universitaire enseignée sur les bords de la Loire. Cela se fera avec le temps, pas avant le milieu du 17 e siècle, comme un écho lointain aux fracas de ce siècle. L’aménagement d’un nouvel espace universitaire Le terme de « Grandes Écoles » qualifiera à partir du 16 e siècle un bâtiment très spécifique situé dans la rue actuelle de l’Université (FIG. 3), autrefois appelée « rue des Grandes Écoles » (13) . Enseignants et élèves sont principalement établis sur la rue du Gros-Anneau et la rue des Anges ; en 1543, les « Grandes Écoles de France » occupent trois parcelles du prieuré de Saint-Flou ; l’une d’elles est habitée par l’enseignant Morice Vincent. Le bas de la rue du Gros-Anneau « aultrement les deux anges », comprend quatre parcelles : les deux dernières relèvent de « suppots (10) Voir SAMO 1994. (11) Orléans, Archives départementales du Loiret, 2J 2485, compte de Saint-Liphard (2 Mi 3616), 28 janvier 1470 ; Paris, Archives nationales, R4* 614, fol. 89, cloître Saint-Pierre-le-Puellier : « la maison du portail de la grand cour, au bout de laquelle y a une grange à plains, appartenant a me jacques mesmin procureur... ». Il s’agit de la parcelle Perdoux 242 (cadastre fi n 18 e siècle). La parcelle donnant sur la rue de la Folie est Perdoux 297, attestée en 1480, selon Orléans, Archives municipales, C 1954, dossier SRI, Dessaux, numéro 107 de l’étude. (12) Voir à ce sujet la communication sur la librairie de l’Université « L’Université d’Orléans aux 15 e et 16 e siècles », par Clément Alix, Julien Noblet et Michel Philippe, Journées du Patrimoine 2008, en cours de publication par la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais ; d’après le rapport effectué précédemment pour le Service Archéologique Municipal d’Orléans. (13) Ce bâtiment, disparu au début du 19 e siècle, donnera une nouvelle ampleur à l’Université d’Orléans, par l’unité et la qualité architecturale du lieu. L’Université d’Orléans est assimilable à un établissement unique, de belle qualité architecturale. Ces « Grandes Écoles » deviendront une référence matérielle et architecturale mais également une sorte de label de qualité grâce à un enseignement du droit largement loué dans tout le monde occidental. 219