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134 EMPREINTE URBAINE

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D’autres habitats sont perceptibles sur la rue Saint-Flou<br />

actuelle et au milieu du pâté de maisons des écoles. L’église<br />

du même nom a été construite au début du 11 e siècle<br />

par Robert le Pieux, sous le nom de Notre-Dame (à<br />

l’époque aussi dénommée Notre-Dame-entre-Mur-et-<br />

Fossé (5) ). Forts de cette fondation, et de son auguste<br />

dépendance, les moines de la Conception, alias de Saint-<br />

Flou, vont établir leur domaine seigneurial sur un certain<br />

nombre de places proches de leur église, sur l’actuelle rue<br />

Saint-Flou, mais également sur l’actuelle rue de l’Université.<br />

Ils sont sans doute dès le 13 e siècle détenteurs des seigneuries<br />

foncières des terrains sur lesquels s’établiront les bâtiments<br />

appelés les « Grandes Écoles », vers 1500.<br />

L’espace de cet îlot est également occupé par des vergers,<br />

des places vides et des vignes, attestés sur le haut de la rue<br />

des Africains et au-delà de la muraille orientale. De l’autre<br />

côté du fossé, à l’est, la paroisse du Crucifix-Saint-Aignan,<br />

constitue un des faubourgs de la Ville. Ce nom lui vient<br />

d’une chapellenie fondée en 1192 par Philippe Auguste en<br />

l’église de Saint-Aignan, plus tard érigée en cure sous le<br />

nom de paroisse du Crucifix-Saint-Aignan, au sein même<br />

de cette église (6) .<br />

Effacement des fonctions militaires<br />

de la muraille<br />

La fin du 15 e siècle marque la fin de la muraille, dans<br />

sa fonction défensive. Celle-ci s’entrouvre pour laisser le<br />

passage de l’ouest vers l’est en plusieurs endroits. Perdant<br />

de son aspect répulsif, elle peut être domestiquée, ce<br />

que ne manqueront pas de faire des individus de toutes<br />

origines, sans doute confortés en leur démarche par le<br />

caractère à la fois martial, mais surtout symbolique, de<br />

cette défense antique. Les premières mentions d’une<br />

utilisation de la muraille à des fins privées remontent à la<br />

fin de 1493. Cette année, le pâtissier et marchand Jacques<br />

Bremeux prend à ferme une allée « étant au droit du haut<br />

de la tour de la porte Bourgogne, contenant 2 toises en<br />

longueur et d’une toise en largeur, joignant de la maison<br />

du dit preneur », à tenir et exploiter moyennant 2 sols<br />

parisis de cens annuel (7) . Ces premières mentions sont<br />

relatives à la porte Bourgogne, la « vieille » porte d’accès au<br />

faubourg Saint-Aignan et de Bourgogne… Les termes de<br />

« vieille » ou « ancienne », qualifiant tantôt la porte, tantôt<br />

la muraille gallo romaine, impliquent des constructions<br />

nouvelles, ou en cours, pour l’appareil défensif à l’est de<br />

la Ville.<br />

À cette époque, l’administration ducale baille à l’avocat<br />

Liphard Hureau une tour appartenant au duc, en la<br />

muraille de l’ancienne clôture de la ville, joignant l’église<br />

Notre-Dame-de-la-Conception (Saint-Flou), « a prendre<br />

depuis les murs de leglise jusqu’au pave de la rue par<br />

lequel on va de lecu blanc a Saint-Aignan et tenant dune<br />

autre part a lhotel davalon, compris lespesseur des murs<br />

et carrures de la dite tour avenir au dit pave, pour 8 sols<br />

parisis de rente annuelle. D’après une autre copie, maître<br />

Liphard Hureau sera tenu de faire couvrir cette tour et y<br />

faire édifice, tellement qu’elle puisse valoir la dite rente,<br />

voire plus… Chaque fois que le duc voudra utiliser la<br />

tour il devra dédommager l’avocat pour cela » (8) . Plusieurs<br />

informations sont ici données. La première confirme la<br />

colonisation de la muraille ancienne et sa perte d’intérêt<br />

défensif pour la cité. Une autre peut être trouvée dans la<br />

description du bâti, et dans un nouveau chemin reliant les<br />

maisons du quartier à l’église Saint-Aignan. Cela pourrait<br />

correspondre à la rue du Chêne-Percé ; en effet, la maison<br />

de l’Écu-Blanc semble bien marquer l’angle entre la rue<br />

Saint-Flou et la rue du Puits-de-Linières ; dès lors, le<br />

chemin le plus direct vers Saint-Aignan semble passer par<br />

la rue du Chêne-Percé (9) .<br />

Adossé à la muraille gallo-romaine, ce quartier vit non<br />

seulement à l’ombre de celle-ci, mais il tend désormais<br />

à la coloniser, et à s’appuyer sur celle-ci. On en voit une<br />

illustration à travers une visite de la rue du Chêne-Percé<br />

(5) GAILLARD 1 990 ; la fondation serait de 1020, selon Soyer ; le nom de Saint-Flou apparaît en<br />

1350. Parmi les autres noms de ce lieu fi gure aussi celui de Notre-Dame-de-la-Conception :<br />

Auxerre, Archives départementales de l’Yonne, H 440, fol. 36 « un papier informe, ou il paraît<br />

une notte, que le prieur de notre dame de la conception a été donné à l’abbaye de Saint-Jean de<br />

sens en l’an mil cent quarante par un évesque d’Orléans, et que cette donnation a été confi rmée<br />

par la bulle du pape Eugenne trois en l’an mil cent cinquante ». Voir aussi Auxerre, Archives<br />

départementales de l’Yonne, H 376, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Jean-lès-Sens.<br />

(6) LOUIS GAILLARD, Les noms des rues d’Orléans, 1989-1990, 153 p, manuscrit déposé aux<br />

Archives départementales du Loiret, p. 112.<br />

(7) Paris, Archives nationales, R4 1047, 8 novembre 1493.<br />

(8) Paris, Archives nationales, R4 1047 et 306, fol. 81, acte du 6 août 1493. Parcelle actuelle BL 101 ?<br />

numéro de parcelle 341 dans le plan-terrier de Perdoux à la fi n du 18 e siècle ; numéro de parcelle<br />

432 dans le cadastre napoléonien au début du 19 e siècle ; deux maisons du Grand et Petit-Écu-<br />

Blanc, se joignant, sont indiquées paroisse Saint-Liphard, dans un compte de Saint-Liphard, Orléans,<br />

Archives départementales du Loiret, 2J 2485, 22 mai 1540.<br />

(9) Voir à ce sujet une mention donnée dans le terrier de 1610 (Paris, Archives nationales, R4* 614, fol. 62v°) :<br />

« la rue de la conception allant au puis de lignieres du costé de Sainte-Croix : la maison faisant le coing<br />

de la ditte rue de la conception appelée l’escu blanc appartenant a anthoine simon, en laquelle est<br />

demeurant sebastien de cleves ; à cens de la damoiselle escorcol ». En ce qui concerne Liphard Hureau<br />

(et sa famille), un descendant de ce nom possède en 1543 la parcelle Perdoux 334 (cadastre fi n 18 e<br />

siècle), BL 95 ou Napo 409 (cadastre début 19 e siècle), rue de la Corne de Cerf.<br />

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