134 EMPREINTE URBAINE

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140 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Les nouveaux espaces urbains FIG. 1 Porte Madeleine Localisation des habitations construites entre la fin du 15 e et au milieu du 16 e siècle dans la dernière enceinte (Plan établi d’après le cadraste de 1823) (dessin Cl. Alix) Porte Saint-Jean Porte Saint-Laurent q s 7 r 7 j ? ? ? Porte Saint-Paterne 7 h ? m o g ? n 1 p 2 a e c Notre-Dame-de-Recouvrance 0 100 500 m Rues antérieures à l'opération d'urbanisme : rues mentionnées dans les procès-verbaux de 1488 rues non mentionnées mais supposées antérieures Rues créées lors de l’opération d'urbanisme Grandes places : a : Marché de la Porte-Renard (place De Gaulle) b : Etape au vin c : Martroi au blé Edifices relegieux reconstruits ou construits dans les nouveaux quartier entre 1450-1550 7 d i 8 l 5 4 k f 3 6 b Cathédrale Porte Saint-Vincent Deuxième enceinte Première enceinte Troisiéme enceinte d : rue d’Angleterre e : rue Bannier f : rue de la Bretonnerie g : rue des Carmes h : rue des Charretiers i : rue du Colombier j : rue Croix-de-Bois k : rue d’Escures l : rue de Gourville m : rue des Grands-Champs n : rue N-D-de-Recouvrance o : rue d’Illiers p : rue de la Lionne q : rue Porte-Saint-Jean r : rue Stanislas-Julien s : rue des Turcies St-Aignan Vestiges d’habitat médiéval, subsitant ou attesté, antérieur à la fin du 15 e siècle (notamment caves) Habitations, subsistantes ou attestées, fin 15 e - première moitié 16 e siècle 1 : maison 12 rue Notre-Dame-de-Recouvrance 2 : hôtel de Guillaume Toutin 3 : hôtel de François Brachet (Vieille-Intendance) 4 : hôtel de Jehan Brachet le Jeune (Grand jardin) 5 : maison de Janot le Bouteiller 6 : hôtel de Jacques Groslot 7 : maisons sérielles en pan-de-bois 8 : maisons de Sevin et de la Porte-Renard St-Euverte
au nord de Saint-Euverte fut abandonné. Le tracé définitif de l’enceinte se cantonna donc à la ligne de boulevards actuels de la ville, procurant une nouvelle surface enclose de 69,5 ha. Entamés dès le printemps 1486, les travaux de construction de la dernière enceinte débutent par le front sud bordant la Loire et par l’édification de la porte Saint- Paterne située sur la rue Bannier, une des principales voies d’accès à la ville. L’achèvement des travaux fut officiellement marqué par la venue de monseigneur de Sansac, chevalier de l’ordre, envoyé par le roi du 4 au 7 février 1556, afin de visiter l’enceinte et d’effectuer la réception des ouvrages. Cette nouvelle enceinte était munie de murs de courtine régulièrement percés d’embrasures de tir, précédés par un fossé et une lice, et flanqués d’au moins dix-sept tours défendues par des canonnières. L’accès était permis par cinq portes aux plans et aux élévations diverses qui étaient précédées par des ouvrages avancés, des boulevards, dont certains seront remplacés dans la deuxième moitié du 16 e siècle par des bastions appelés ravelins (devant la porte Saint-Laurent mais également devant la porte Bourgogne de la troisième enceinte ou le fort des Tourelles). Certains ouvrages présentent des dispositifs caractéristiques des fortifications françaises d’inspiration royale de cette époque : tours munies de chambres en entresol formant casemates réservées uniquement aux tirs et isolées par d’épais vantaux (porte Saint-Paterne), grosses tours d’artillerie placées aux angles de l’enceinte (tour de Saint-Laurent au sud-ouest avec un diamètre de 19,5 m), ouvrages munis d’un bossage au caractère symbolique évident (porte Saint- Jean ; tour de Bourbon). Il est possible que le flanquement du fond des fossés ait été assuré par des caponnières (ou moineaux), ouvrages de défense bas, comme ceux qui ont été édifiés à la même époque sur d’autres fortifications de la ville : celle de la Brebis (ajoutée à la tour de l’angle sud-est de la troisième enceinte entre 1510-1540), ou celle de la tête de l’ancien pont des Tourelles au sud de la Loire (entre 1560-1570), tandis que des remparts de terre et des terrasses d’artillerie commencent à venir doubler certains tronçons du mur de courtine, comme celle de la motte Sanguin édifiée contre la troisième enceinte à partir de 1539 (3) . Résultant originellement de la volonté des habitants des faubourgs de se protéger, la création de la dernière enceinte d’Orléans va s’accompagner d’une opération de réaménagement urbanistique de grande envergure permettant la mise en place d’un nouveau réseau viaire et de nouveaux équipements (égouts). Ce plan d’urbanisme, décidé à partir de 1486, est le fruit d’une décision collégiale placée sous la direction d’agents ducaux et royaux, Jehan de Loan remplacé en 1488 par Jean de Gourville et Yvon d’Illiers (4) . Si certains secteurs anciens déjà fortement urbanisés sont conservés sans modifications notoires de la voirie et du parcellaire (quartier sud-ouest entre la Loire et l’actuelle rue des Carmes, à vocation artisanale et lié aux activités portuaires ; quartier nord-est correspondant à l’extension du quartier de la cathédrale au nord de l’enceinte du Bas-Empire), ailleurs, l’opération entraîne la mise en place d’une série d’îlots réguliers quadrangulaires entrecoupés par des rues se croisant à angle droit et s’appuyant sur de grands axes anciens (rue Bannier, rue de la Bretonnerie, rue des Carmes, rue de la Porte-Saint-Jean, rue de la Porte-Madeleine, rue du Colombier). Le procèsverbal de 1488 prévoyait une certaine hiérarchisation de la circulation liée à l’utilisation des rues : la majorité d’entre elles devaient posséder une largeur standard de 2,5 toises (environ 4,87 m), exceptées quelques voies privilégiées correspondant soit à deux axes nord-sud (formés par les rues actuelles des Grands-Champs, du Grenier-à-Sel et du Bœuf-Saint-Paterne) mesurant 3 toises (environ 5,84 m), soit aux deux rues que les commissaires ont baptisées de leurs propres noms (la rue de Gourville de 3 toises, la rue d’Illiers de 4 toises). Cela s’accompagna du réaménagement des trois grandes places situées aux débouchés des anciennes portes de la ville : la place du Marché de la Porte-Renard, la « grande place de l’Estappe au vin » et la place du « Martroy au blé » qui symbolise le centre de la nouvelle ville (FIG. 1). Afin de faire d’Orléans un centre attractif capable de rivaliser avec d’autres grandes villes du royaume, ce projet avait pour but d’accroître l’activité économique de la ville grâce à l’installation d’habitants dans ces quartiers nouvellement enclos, comme cela apparaît dans le mémoire établi par Jehan de Loan en 1486 : « au plaisir de Dieu quant ladite cloture sera faite, plusieurs y ediffieront et feront des maison pour eulx loger » (5) . Au travers de lettres patentes datées du 26 mai 1488, le roi dispensa des obligations ordinaires les membres des corporations de tous métiers (sauf de boucherie) qui demeuraient dans les nouveaux quartiers (6) . (3) JESSET, CHAMBON, YVERNAULT 2005 : p. 42-43. (4) Pour cette opération d’urbanisme voir : « La dernière enceinte d’Orléans et ses nouveaux quartiers : une opération d’urbanisme de grande ampleur », dans ALIX, DURANDIERE 2004 : p. 7-28. (5) Orléans, Bibliothèque municipale, ms. 595, f° 162. (6) Orléans, Archives municipales, AA 9, f° 6. En 1470, de semblables privilèges et franchises furent déjà accordés aux gens de métier par Louis XI, afi n qu’ils puissent s’installer dans les nouveaux quartiers protégés par la troisième enceinte (MICHAUD-FREJAVILLE 1983 : p. 429). 141
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