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Le chantier de la cathédrale<br />
Sainte-Croix d’Orléans<br />
à la Renaissance<br />
N NE PEUT ASSOCIER LE 16 E SIÈCLE À LA CATHÉDRALE SAINTE-CROIX D’ORLÉANS SANS SONGER DE PRIME<br />
abord aux désastres des guerres de religion. La cathédrale d’Orléans fut sans doute, en France, la<br />
plus exemplaire victime architecturale du vandalisme religieux (1) avec son quasi anéantissement<br />
(« le Grand Abattis ») opéré en 1568. Comment se présentait-elle alors ? Qu’en reste-t-il ?<br />
Un grand projet<br />
du gothique « classique »<br />
poursuivi à la Renaissance<br />
Le chantier de la cathédrale gothique d’Orléans est un<br />
projet tardif en comparaison avec les grandes cathédrales<br />
du gothique rayonnant comme Chartres, Amiens, Reims<br />
ou Bourges. Il fallut un début d’effondrement de la vaste<br />
et prestigieuse cathédrale romane, datant des premiers<br />
capétiens, pour en décider projet. Commencé en 1287 sous<br />
l’impulsion de l’évêque Robert de Courtenay, le chœur<br />
ogival est inauguré le 13 novembre 1329.<br />
C’est un ouvrage exceptionnel dont un plan sur parchemin<br />
est même conservé à l’Œuvre de la cathédrale de Strasbourg.<br />
Il revient à l’historien de l’Art Suisse-Allemand Peter<br />
Kurman, dans son article « Cologne et Orléans » d’avoir<br />
remis à sa juste place l’ouvrage gothique d’Orléans.<br />
Il souligne le gigantisme du projet (hors la hauteur sous<br />
voûte de 32 mètres comparable à Notre-Dame-de-Paris),<br />
par la longueur projetée (la cathédrale achevée dépasse en<br />
longueur celles d’Amiens et Cologne), par le faste du chœur,<br />
inspiré d’Amiens mais doté de neuf chapelles rayonnantes<br />
(chiffre inégalé), par la variété et la richesse du système d’arcs<br />
boutants et de classicisme par la citation consciente de formes<br />
du gothique rayonnant du premier tiers du 13 e siècle.<br />
La guerre de Cent Ans interrompit les travaux. Le chantier<br />
fut repris dans la seconde moitié du 15 e siècle sous l’évêque<br />
François de Brilhac. On bâtit alors la croisée et les transepts<br />
tout en conservant leurs façades romanes.<br />
Pyrrhus d’Angleterre, visitant le chantier de la cathédrale au<br />
début du règne de François I er , décrivait l’édifice gothique<br />
tel que « dans toute la Gaule, il n’y aura rien de plus beau, de<br />
plus vaste ni de plus élevé » (Panegyricus Aureliae, 1517)<br />
Le début du 16 e siècle voit l’érection de la flèche (1511) et<br />
la construction de la nef (1530-ca 1550). Tous ces ouvrages,<br />
entamés sous Louis XII, période intense de chantiers dans<br />
tout Orléans (depuis l’Hôtel de Ville, aux maisons à pansde-bois<br />
jusqu’aux remparts de l’accrue), sont imprégnés du<br />
répertoire du gothique tardif.<br />
Frédéric Aubanton,<br />
Architecte des Bâtiments<br />
de France<br />
(1) Celui-ci a commencé avec la vague iconoclaste de 1562 (dont les peintures et sculptures de sacristie,<br />
les sculptures de la porte Monseigneur et des portes d’escalier des bas-côtés de la nef<br />
gardent les traces)<br />
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