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134 EMPREINTE URBAINE

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Le passage de<br />

la première Renaissance à<br />

la Renaissance classique<br />

à travers l’exemple des portails<br />

À proximité immédiate de la cathédrale, le grand<br />

Cimetière, vaste quadrilatère (d’environ 105 m x 75 m),<br />

possédait sur chacun de ces côtés une galerie couverte<br />

dont la construction s’est étalée de 1492 au milieu du<br />

16 e siècle (11) . De grandes arcades, aux piliers reposant sur<br />

des bases prismatiques, étaient destinées à recevoir un<br />

voûtement d’ogives complété d’une lierne couvert d’une<br />

charpente (12) . En dépit des destructions et des modifications<br />

apportées au 19 e siècle, l’ancienne porte d’entrée sud-ouest<br />

(déplacée) constitue le principal morceau d’architecture de<br />

la première Renaissance encore conservé (13) . Des pilastres,<br />

couronnés de niches, portent un entablement surmonté<br />

d’un fronton (14) et abrite la porte en arc plein-cintre<br />

(FIG. 5). Il s’agit d’une composition édiculaire (15) multipliant<br />

les emprunts au répertoire « à l’antique ». Rares sont les<br />

champs décoratifs laissés nus à l’exception de la frise. Les<br />

moulures de l’arc comme le fût des pilastres sont recouverts<br />

de motifs italianisants : palmettes, rinceaux, tresses à<br />

œillet, candélabres, chutes d’ornements… Toutefois, le<br />

maître d’œuvre responsable de cette composition combine<br />

les éléments du nouveau répertoire à ses habitudes<br />

constructives et ornementales. Ainsi, les niches, en saillie,<br />

animent les pilastres qui se prolongent par un ressaut dans<br />

la frise et la corniche, elles-mêmes recoupées au centre. On<br />

a donc une compartimentation de l’entablement, preuve de<br />

la volonté de souligner les lignes ascendantes au détriment<br />

des horizontales. Son choix illustre cette « assimilation<br />

créatrice » (16) qui résulte de l’originale hybridation entre un<br />

savoir-faire gothique et un vocabulaire importé d’outremonts<br />

et permet de situer la réalisation de la porte dans les<br />

années 1530 (17) .<br />

La façade sud de la Salle Saint-Lazare de l’ancien hôtel-<br />

Dieu (détruit sous la Monarchie de Juillet), comportait un<br />

portail datant de la fin des années 1530 (18) , aujourd’hui en<br />

partie remonté dans la cour de l’Hôtel des Créneaux. Deux<br />

pilastres au chapiteau corinthien portaient un entablement<br />

délimité latéralement par des ressauts (FIG. 6 ET 7). Le décor,<br />

moins recouvrant qu’au Grand Cimetière, se concentrait<br />

principalement sur la frise, ornée au centre de putti<br />

porteurs de guirlandes enserrant un écu (19) , tandis que des<br />

(11) JARRY E. 1912 : p. 300-301 et JARRY E. 1915.<br />

(12) Un contrat du 4 août 1526 mentionne la charpenterie à poser sur l’une des « galleries neufves »,<br />

ALIX 2002 : t. II, annexe XXIV, p. 46-47.<br />

(13) La galerie orientale comporte, par exemple, une niche à coquille.<br />

(14) La porte a fait l’objet de restaurations, notamment ses parties hautes. Si, comme le confi rme l’iconographie<br />

ancienne (lithographie de Charles Pensée), un fronton sommait la porte, soit celui-ci<br />

était nu, soit il portait un décor qui fut remplacé - à cause des destructions protestantes ? - au 17 e<br />

siècle et que l’on observe encore aujourd’hui.<br />

(15) Adaptée à une façade d’église, ce type de composition édiculaire se retrouve pour la première fois<br />

en France à l’église Saint-Symphorien de Tours construite entre 1526 et 1531 (BAS, GUIGNARD<br />

1909 : p. 330).<br />

(16) Cette expression est empruntée à Jean Guillaume (GUILLAUME 1983).<br />

(17) Certains auteurs, suivant Vergnaud-Romagnési, attribuaient cet ouvrage à Charles Viart, alias<br />

Pierre Biart, affi rmation sans fondement, LESUEUR 1926 : notamment p. 323-327.<br />

(18) BOUVIER 1914 : p. 121 et suivantes.<br />

FIG. 5<br />

Grand<br />

Cimetière<br />

ancienne<br />

porte d’entrée<br />

sud-ouest.<br />

(photo Laurent<br />

Mazuy)<br />

(19) Deux autres écus sont présents sur la frise sans qu’il soit possible de bien préciser, d’après la<br />

lithographie, la nature exacte de ces fi gures zoomorphes.<br />

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