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134 EMPREINTE URBAINE

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aucune concession au nouveau style, appartiennent au<br />

gothique flamboyant qui se caractérise par une profusion<br />

ornementale, une recherche des effets de continuité et de<br />

fluidité des lignes architecturales. Ainsi, la façade de l’église<br />

Saint-Jacques comporte deux arcades brisées très élancées,<br />

que soulignaient jadis des gâbles. Les ébrasements, animés<br />

de multiples voussures ornées de redents trilobés, abritent<br />

un profus décor sculpté (choux frisés, feuilles de vigne,<br />

animaux…) auquel se mêlent des éléments architecturés<br />

comme les niches, au couronnement très développé en<br />

hauteur, qui s’imbriquent aux nervures. Entre chaque<br />

ouverture, d’autres niches, encadrées de pinacles et<br />

surmontées d’un remplage aveugle, illustrent cette horreur<br />

du vide, la volonté de couvrir de motifs l’ensemble de la<br />

façade.<br />

À l’architecture de la première<br />

Renaissance<br />

En raison de la multiplication des chantiers à cette période,<br />

l’activité architecturale du 16 e siècle présente une moindre<br />

intensité, mais non un moindre intérêt.<br />

À l’église Saint-Pierre-du-Martroi, commencée durant la<br />

dernière décennie du 15 e siècle, s’observent des intrusions<br />

du nouveau vocabulaire datant des années 1520, époque à<br />

laquelle fut posé le voûtement. Le maître maçon responsable<br />

de cette opération, Jehan Lemerle, introduit, pour recevoir<br />

les voûtes d’ogives, des culots sculptés (4) . Destinés à<br />

porter les ogives, ces éléments créent une articulation qui<br />

s’oppose à la recherche de continuité gothique. Ainsi, les<br />

nervures ne sont plus ininterrompues du sol aux clefs de<br />

voûte. Quant à l’ornementation du culot, elle joue sur<br />

la superposition de plusieurs moulures, à la modénature<br />

atténuée, qui crée des ressauts successifs afin d’offrir une<br />

assise suffisante, démontrant ainsi l’inventivité des maîtres<br />

d’œuvre dans l’utilisation et l’adaptation de la nouvelle<br />

syntaxe architecturale à la réception du mode de voûtement<br />

gothique.<br />

Au-dessus du portail latéral rue d’Escures subsiste en partie<br />

haute le décor de l’ancienne porte : flanquée des armes<br />

de généreux bienfaiteurs, une niche, qui se substitue au<br />

traditionnel fleuron gothique, souligne l’adhésion des<br />

commanditaires comme du maître maçon au vocabulaire<br />

italianisant (FIG. 1). Ce couronnement, reproduction<br />

miniature d’un tempietto reposant sur un édicule porté<br />

par une coquille, donne une touche antiquisante au portail<br />

tout en insufflant un élan vertical à la construction (5) ,<br />

preuve que si le vocabulaire change, le goût pour les effets<br />

gothiques reste présent.<br />

Un édifice construit ex nihilo :<br />

Notre-Dame-de-Recouvrance<br />

La fin du 15 e siècle, en raison de la poussée démographique,<br />

vit la construction d’une nouvelle accrue à l’ouest de la<br />

ville progressivement englobée par la quatrième enceinte (6) .<br />

Désormais sans raison d’être, les anciennes fortifications,<br />

montant de la Loire, furent progressivement démantelées :<br />

en 1514, contre ces murailles, fut lancée, pour remplacer<br />

une ancienne chapelle (7) , la construction de l’église<br />

Notre-Dame-de-Recouvrance, annexe de la paroisse<br />

Saint-Laurent. Dédiée par l’évêque orléanais Germain<br />

de Ganay en 1519 (8) , l’église n’était pas encore achevée à<br />

cette date. Victime de la fièvre destructrice huguenote, elle<br />

fut vandalisée en 1562 et 1567 puis restaurée avant d’être<br />

rendue au culte en 1594 (9) ; le monument connut une<br />

seconde vague de restaurations dans les années 1860.<br />

De plan presque rectangulaire (10) , l’église présente un<br />

chevet plat précédé d’une nef flanquée de collatéraux entre<br />

les contreforts desquels ont été élevées des chapelles. Voûté<br />

d’ogives (refaites en pierre au 17 e siècle dans les collatéraux<br />

et au 19 e siècle en plâtre dans le vaisseau principal),<br />

l’édifice était originellement contrebuté à l’extérieur par<br />

des arcs-boutants qui prenaient appui sur des culées et<br />

dont subsistent les traces d’arrachement au sommet des<br />

murs gouttereaux. Au sud-ouest s’élève un clocher, massive<br />

construction surmontée d’un beffroi.<br />

À l’intérieur, l’édifice est divisé en sept travées d’égales<br />

dimensions, à l’exception de la quatrième, plus large,<br />

matérialisant discrètement à mi-distance l’idée d’un<br />

transept. De grandes arcades, délimitées par des piliers<br />

ondulés, ouvrent sur les bas-côtés, qui eux-mêmes<br />

communiquent avec les chapelles. Chaque vaisseau est<br />

baigné d’une lumière directe, éclairage que complètent les<br />

(4) De tels culots reçoivent une voûte au rez-de-chaussée des vestiges de l’église Saint-Marceau.<br />

(5) Faisant écho aux pinacles, très effi lés, rythmant également le pourtour de l’édifi ce.<br />

(6) Au sujet de la quatrième enceinte et de l’urbanisation de ce quartier, voir infra, La dernière enceinte<br />

d’Orléans et le développement de l’habitat dans les nouveaux quartiers d’Orléans, par C. ALIX.<br />

(7) CHENESSEAU 1930 : p. 112.<br />

(8) BUZONNIERE 1849 : p. 365.<br />

(9) GAILLARD et DEBAL 1987 : p. 17.<br />

(10) Le mur nord de l’édifi ce présente une obliquité tandis qu’au sud, l’implantation du clocher a empêché<br />

la réalisation, comme au nord, d’une chapelle latérale.<br />

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