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aucune concession au nouveau style, appartiennent au<br />
gothique flamboyant qui se caractérise par une profusion<br />
ornementale, une recherche des effets de continuité et de<br />
fluidité des lignes architecturales. Ainsi, la façade de l’église<br />
Saint-Jacques comporte deux arcades brisées très élancées,<br />
que soulignaient jadis des gâbles. Les ébrasements, animés<br />
de multiples voussures ornées de redents trilobés, abritent<br />
un profus décor sculpté (choux frisés, feuilles de vigne,<br />
animaux…) auquel se mêlent des éléments architecturés<br />
comme les niches, au couronnement très développé en<br />
hauteur, qui s’imbriquent aux nervures. Entre chaque<br />
ouverture, d’autres niches, encadrées de pinacles et<br />
surmontées d’un remplage aveugle, illustrent cette horreur<br />
du vide, la volonté de couvrir de motifs l’ensemble de la<br />
façade.<br />
À l’architecture de la première<br />
Renaissance<br />
En raison de la multiplication des chantiers à cette période,<br />
l’activité architecturale du 16 e siècle présente une moindre<br />
intensité, mais non un moindre intérêt.<br />
À l’église Saint-Pierre-du-Martroi, commencée durant la<br />
dernière décennie du 15 e siècle, s’observent des intrusions<br />
du nouveau vocabulaire datant des années 1520, époque à<br />
laquelle fut posé le voûtement. Le maître maçon responsable<br />
de cette opération, Jehan Lemerle, introduit, pour recevoir<br />
les voûtes d’ogives, des culots sculptés (4) . Destinés à<br />
porter les ogives, ces éléments créent une articulation qui<br />
s’oppose à la recherche de continuité gothique. Ainsi, les<br />
nervures ne sont plus ininterrompues du sol aux clefs de<br />
voûte. Quant à l’ornementation du culot, elle joue sur<br />
la superposition de plusieurs moulures, à la modénature<br />
atténuée, qui crée des ressauts successifs afin d’offrir une<br />
assise suffisante, démontrant ainsi l’inventivité des maîtres<br />
d’œuvre dans l’utilisation et l’adaptation de la nouvelle<br />
syntaxe architecturale à la réception du mode de voûtement<br />
gothique.<br />
Au-dessus du portail latéral rue d’Escures subsiste en partie<br />
haute le décor de l’ancienne porte : flanquée des armes<br />
de généreux bienfaiteurs, une niche, qui se substitue au<br />
traditionnel fleuron gothique, souligne l’adhésion des<br />
commanditaires comme du maître maçon au vocabulaire<br />
italianisant (FIG. 1). Ce couronnement, reproduction<br />
miniature d’un tempietto reposant sur un édicule porté<br />
par une coquille, donne une touche antiquisante au portail<br />
tout en insufflant un élan vertical à la construction (5) ,<br />
preuve que si le vocabulaire change, le goût pour les effets<br />
gothiques reste présent.<br />
Un édifice construit ex nihilo :<br />
Notre-Dame-de-Recouvrance<br />
La fin du 15 e siècle, en raison de la poussée démographique,<br />
vit la construction d’une nouvelle accrue à l’ouest de la<br />
ville progressivement englobée par la quatrième enceinte (6) .<br />
Désormais sans raison d’être, les anciennes fortifications,<br />
montant de la Loire, furent progressivement démantelées :<br />
en 1514, contre ces murailles, fut lancée, pour remplacer<br />
une ancienne chapelle (7) , la construction de l’église<br />
Notre-Dame-de-Recouvrance, annexe de la paroisse<br />
Saint-Laurent. Dédiée par l’évêque orléanais Germain<br />
de Ganay en 1519 (8) , l’église n’était pas encore achevée à<br />
cette date. Victime de la fièvre destructrice huguenote, elle<br />
fut vandalisée en 1562 et 1567 puis restaurée avant d’être<br />
rendue au culte en 1594 (9) ; le monument connut une<br />
seconde vague de restaurations dans les années 1860.<br />
De plan presque rectangulaire (10) , l’église présente un<br />
chevet plat précédé d’une nef flanquée de collatéraux entre<br />
les contreforts desquels ont été élevées des chapelles. Voûté<br />
d’ogives (refaites en pierre au 17 e siècle dans les collatéraux<br />
et au 19 e siècle en plâtre dans le vaisseau principal),<br />
l’édifice était originellement contrebuté à l’extérieur par<br />
des arcs-boutants qui prenaient appui sur des culées et<br />
dont subsistent les traces d’arrachement au sommet des<br />
murs gouttereaux. Au sud-ouest s’élève un clocher, massive<br />
construction surmontée d’un beffroi.<br />
À l’intérieur, l’édifice est divisé en sept travées d’égales<br />
dimensions, à l’exception de la quatrième, plus large,<br />
matérialisant discrètement à mi-distance l’idée d’un<br />
transept. De grandes arcades, délimitées par des piliers<br />
ondulés, ouvrent sur les bas-côtés, qui eux-mêmes<br />
communiquent avec les chapelles. Chaque vaisseau est<br />
baigné d’une lumière directe, éclairage que complètent les<br />
(4) De tels culots reçoivent une voûte au rez-de-chaussée des vestiges de l’église Saint-Marceau.<br />
(5) Faisant écho aux pinacles, très effi lés, rythmant également le pourtour de l’édifi ce.<br />
(6) Au sujet de la quatrième enceinte et de l’urbanisation de ce quartier, voir infra, La dernière enceinte<br />
d’Orléans et le développement de l’habitat dans les nouveaux quartiers d’Orléans, par C. ALIX.<br />
(7) CHENESSEAU 1930 : p. 112.<br />
(8) BUZONNIERE 1849 : p. 365.<br />
(9) GAILLARD et DEBAL 1987 : p. 17.<br />
(10) Le mur nord de l’édifi ce présente une obliquité tandis qu’au sud, l’implantation du clocher a empêché<br />
la réalisation, comme au nord, d’une chapelle latérale.<br />
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