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<strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle<br />
(5 rue du Bourdon-Blanc), pilastre toscan à fût orné d’une<br />
feuille d’acanthe plate et dont le chapiteau porte une console<br />
à volute sculptée de feuilles (52 rue de la Charpenterie,<br />
façade sur cour) ; pilastres toscans à fût cannelé (44 rue<br />
de la Charpenterie : façade sur cour du corps de bâtiment<br />
postérieur) ; renflement présentant un gable en talon<br />
s’assimilant à une console, à volute ou en gaine, placé sous<br />
la tête de poteaux élargis portant une sablière (22 place<br />
du Châtelet, comble de la façade sur cour ; 7 rue du Gros-<br />
Anneau, intérieur de la galerie, 17 e siècle ?), etc.<br />
Dans les maisons en pan-de-bois de la fin du Moyen Âge et<br />
de la Renaissance d’Orléans, l’absence de surplomb limite<br />
le développement de grands programmes iconographiques<br />
visibles dans d’autres centres urbains de la région, où les<br />
sculptures s’adaptent parfaitement à la forme des organes<br />
permettant le débord de la façade (figures sur les consoles<br />
ou les têtes des poteaux élargies, motifs en frise et moulures<br />
profondes des entretoises) (57) . À Orléans, ces décors<br />
sculptés se développent uniquement sur les éléments<br />
portant le débord des grandes lucarnes qui viennent pallier<br />
l’absence de véritables pignons sur rue. Même si on observe<br />
une certaine constante dans l’agencement des élévations<br />
due à l’utilisation répétitive des panneaux de croix de<br />
Saint-André, les charpentiers ont parfois su tirer parti<br />
du caractère « standardisé » de la construction pour créer<br />
une variété de programmes décoratifs grâce notamment<br />
aux diverses possibilités de percement des baies. Cette<br />
architecture en pan-de-bois offrait une alternative à la<br />
construction courante de maisons en maçonnerie de petits<br />
moellons (calcaire de Beauce), tout en présentant un aspect<br />
ornemental grâce aux pièces de bois de l’ossature. Le décor<br />
sculpté est également un moyen efficace de mettre en valeur<br />
la façade, notamment pour les fenêtres principales, même<br />
s’il reste un luxe que seuls les bourgeois, commerçants<br />
ou artisans aisés, pouvaient s’offrir. À l’échelle du corpus<br />
orléanais, l’introduction des formes classiques et l’adoption<br />
de la superposition des ordres, qui est relativement tardive<br />
au regard des habitations en pierre, semblent être restées<br />
limitées aux demeures les plus cossues. !<br />
(56) Quelques années après ces deux exemples, des termes seront également employés pour orner de<br />
manière monumentale les portes d’entrée de l’hôtel brique et pierre 3 place de l’Étape, construit<br />
vers 1549-1553 pour Jacques Groslot, bailli d’Orléans, conseiller au Grand Conseil et chancelier du<br />
duc d’Alençon.<br />
(57) Certains de ces décors présentent un développement particulièrement important, par exemple :<br />
maison des Acrobates à Blois (41), maison de la Reine Blanche à Bourges (18), maison 2 rue du<br />
Change à Tours (37), maison du Saumon à Chartres (28), maison d’Adam à Angers (49), maison<br />
18 place du Pilori à Joigny (89), etc. Sur les signifi cations de certains de ces décors : Journot à<br />
paraître. Au-delà de ces programmes, la structure même des encorbellements présente un intérêt<br />
purement décoratif et ostentatoire comme cela a été observé par exemple sur certains manoirs<br />
du Pays d’Auge (LESCROART 1995 : p. 199).