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sablières moulurées du bâtiment postérieur et de la galerie<br />
présentent un renflement à la manière d’un entablement à<br />
frise bombée. Parmi ces exemples, la maison anciennement<br />
48 rue des Hôtelleries (détruite), se distinguait par l’emploi<br />
d’une paroi en grille à poteaux (et potelets pour le surcroît)<br />
très espacés et systématiquement sculptés de pilastres sur<br />
consoles à volutes, recoupés par l’appui filant des baies<br />
(FIG. 17). Par comparaison aux autres exemples datés par<br />
dendrochronologie, le millésime de 1599 sculpté dans un<br />
écu sur sa façade pourrait bien correspondre à l’année de sa<br />
construction (51) .<br />
Le pan-de-bois à losanges et son décor<br />
Quant aux ossatures dites à losanges, elles se composent<br />
d’un réseau très resserré de décharges, de guettes et d’éperons<br />
assemblés à mi-bois, qui forme un étroit quadrillage de<br />
losanges très décoratif, parfois placé légèrement en retrait<br />
par rapport aux éléments de l’armature principale dans les<br />
exemples les plus anciens (sablières, poteaux de fenêtres ou<br />
de fond : 16 rue de la Poterne, 45 rue de la Charpenterie<br />
vers 1580 [d] (52) ). Sur ces deux dernières maisons, ainsi<br />
que sur celles du 14 rue Sainte-Catherine (1621 [d])<br />
et anciennement 73 rue de la Charpenterie (début du<br />
17 e siècle), les appuis sont filants, les sablières sont<br />
moulurées à l’imitation d’entablement et les réseaux de<br />
losange sont séparés par des poteaux sculptés de pilastres des<br />
différents ordres de l’architecture classique (53) . Aux 73 rue<br />
de la Charpenterie et 14 rue Sainte-Catherine, ces pilastres<br />
s’accompagnaient de consoles à volutes sculptées de feuilles<br />
d’acanthe et de rosaces en médaillons (FIG. 18). À noter, sur<br />
cette dernière maison, les têtes coniques des traditionnels<br />
tirants en fer liant les solives du plafond aux sablières<br />
participent également au décor : des stries convergent vers<br />
le centre à la manière d’un bouton de fleur.<br />
Fenêtres et lucarnes<br />
Suite à l’évolution des formats des menuiseries, les baies<br />
principales aux étages de ces maisons ne possèdent plus de<br />
traverses (qui sont intégrées aux châssis) mais conservent<br />
des meneaux. Au milieu du 16 e siècle, quelques lucarnes<br />
à meneau reprennent les formes des baies géminées<br />
visibles dans l’architecture en pierre classique : le linteau<br />
est échancré de deux petits arcs plein-cintre (295 rue de<br />
Bourgogne ; lucarnes en bois que l’on retrouve sur des<br />
édifices en pierre : 6 place du Cardinal-Touchet, 17 rue<br />
d’Escures avec planches de rive trilobées « gothiques »).<br />
D’autres lucarnes à meneau sont munies d’un poinçon à<br />
clef pendante sculptée dans lequel s’assemblent les planches<br />
de rives formant un arc plein-cintre (19 place de la Bascule,<br />
14 rue Sainte-Catherine, 73 rue de la Charpenterie, 271<br />
rue de Bourgogne 17 e siècle) ou polylobées (258 rue de<br />
Bourgogne).<br />
Autres exemples de décors sculptés<br />
Enfin citons un dernier exemple de décor remarquable, dans<br />
la cour de la maison anciennement 10 rue du Coulon (54)<br />
(détruite, fin du 16 e ou première moitié du 17 e siècle), la<br />
galerie présentait des supports anthropomorphes, cariatides<br />
ou atlantes engainés sur les potelets du garde-corps (FIG. 19), à<br />
la manière des termes dont les modèles se diffusent grâce aux<br />
traités d’architecture du milieu et de la seconde moitié du<br />
16 e siècle (55) . À titre de comparaison, remarquons que<br />
cariatides et atlantes engainés sont utilisés précocement sur<br />
les façades de deux maisons en pierre de riches commerçants,<br />
en particulier pour orner les jours d’imposte de la porte<br />
d’entrée : ils supportent l’entablement à la maison dite de<br />
la Coquille 7 rue de la Pierre-Percée (vers 1543-1544 [d]),<br />
ou reçoivent l’archivolte à la maison dite de Jean Dallibert<br />
(FIG. 17), 6 place du Châtelet (56) (années 1540).<br />
D’autres motifs sculptés de la Renaissance classique sont<br />
conservés aujourd’hui sur quelques élévations : pilastre<br />
à fût cannelé et chapiteau ionique en rez-de-chaussée et<br />
modillons à volutes portant l’appui de la fenêtre d’étage<br />
(51) Façade dessinée par L. Vaudoyer dans DE BAUDOT, PERRAULT-DABOT 1856 : pl. 89, F. Le millésime<br />
est reproduit dans PENSEE 1849 : pl. 60.<br />
(52) MAZUY, ALIX, AUBANTON 2006 : p. 21-24.<br />
(53) 45 rue de la Charpenterie : pilastres doriques au premier étage et corinthiens au second. 14 rue<br />
Sainte-Catherine : pilastres toscans aux fûts couverts de grandes feuilles d’acanthe. 73 rue de la<br />
Charpenterie : pilastres corinthiens cannelés, sablière à renfl ement évoquant une frise bombée,<br />
les deux entretoises servant d’appuis aux jours hauts sont sculptées de godrons ou de rinceaux.<br />
(54) ALIX 2002 : t. 2, p. 170-171. Aquarelle de J.-H. Chouppe, « Maison rue du Coulon 10 », 10 juillet 1876<br />
Orléans, Musée historique et archéologique de l’orléanais, 2626). Aquarelle de J.-L Loyau, « L’intérieur<br />
de la cour rue du Coulon n° 10 », 19 e siècle (ibidem, 2812). Lithographie, « Maison rue du<br />
Coulon d’après une aquarelle de Joyau (vers 1865) », dans MERLIN (E.), Le vieil Orléans, 30 eauxfortes,<br />
1878, pl. 27.<br />
(55) Comme par exemple : les modèles pour cheminées de Sebastiano Serlio, Quarto Libro, 1537 ; certaines<br />
planches du recueil gravé de termes de Jacques I er Androuet Du Cerceau, vers 1550-1560<br />
(Paris, Bibliothèque nationale de France, Cab. Est., Ed. 2 d) ; les modèles d’Hugues Sambin, Œuvre<br />
de la diversité des termes dont on use en architecture, 1572). Dans la construction en pan-de-bois<br />
du Val de Loire, plusieurs exemples de supports anthropomorphes datant du dernier tiers du 16 e<br />
siècle sont également connus sur les façades de maisons d’Angers (LETELLIER, BIGUET 1986 :<br />
p. 42).<br />
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