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134 EMPREINTE URBAINE

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Quelques façades se distinguent par l’importance de leur<br />

programme sculpté. Sur une maison anciennement rue<br />

Sainte-Catherine (35) , la structure et une partie du décor<br />

couvrant (pinacles, accolades et arcs surbaissés s’étendant<br />

sur les panneaux pleins) restent parfaitement identiques aux<br />

habitations précédemment décrites (FIG. 13). En revanche,<br />

toutes les pièces de bois sculptées sont couvertes de motifs<br />

répétitifs : imbrications et écailles, oves, chapelets de perles,<br />

rubans torsadés (36) . Remarquons que les oves, ornements<br />

d’origine antique très en vogue en France à partir des années<br />

1500, présentent une adaptation locale du motif puisque<br />

qu’ils sont compris dans d’épaisses coques non tronquées<br />

dépourvues de motifs de liaison (37) , interprétation que l’on<br />

observe également sur les demeures en pierre (38) .<br />

Sur l’ensemble de la façade, les bases des pinacles reposent<br />

sur vingt et un culots, représentant des personnages en<br />

buste, masculins ou féminins, parfois couverts de chaperons.<br />

Certaines de ces figures sont représentées de face ou de trois<br />

quarts avec un bras figé dans un geste didactique. Pour<br />

le surcroît du comble, les culots sont sculptés de visages<br />

stylisés représentés de face, évoquant des mascarons ou des<br />

masques feuillus. Les poteaux à têtes élargies supportant<br />

le débord de la lucarne sont également munis de culots<br />

sculptés de visages stylisés (39) . Ils portent une colonnette à<br />

base moulurée, à chapiteau et à fût orné d’imbrications. Audessus,<br />

l’élargissement du poteau est sculpté à la manière<br />

d’une niche abritant un personnage en pied, qui repose sur<br />

un petit cul-de-lampe représentant un mascaron à gauche,<br />

et une tête de putto ailé à droite. Le personnage du poteau<br />

de droite est un évêque coiffé d’une mitre, tenant sa crosse<br />

de la main gauche et bénissant de l’autre. Sur le poteau de<br />

gauche, il s’agit d’un moine encapuchonné, peut-être en<br />

position d’orant. Cette maison est donc bien caractéristique<br />

de l’art de la première Renaissance, dont le décor abondant<br />

fait la synthèse entre des motifs importés d’Italie et ceux<br />

issus du répertoire « gothique » traditionnel.<br />

Autre exemple de décor luxueux, la maison anciennement<br />

située au 29-33 rue de l’Écrevisse comportait deux unités<br />

d’habitation jointives, dont les façades à pinacles étaient<br />

couronnées chacune par une lucarne-pignon (40) . D’après les<br />

descriptions du 19 e siècle, leurs débords étaient portés par<br />

des figures dont certaines auraient représenté des moines.<br />

Dans la cour, la façade de la galerie possédait d’étroits<br />

panneaux de croix de Saint-André (entre 35 et 38 cm de<br />

large) surmontés par des entretoises sculptées d’arcs en anse<br />

de panier renfermant une frise d’oves (FIG. 14). La croisée<br />

au centre était jouxtée de chaque côté de son registre<br />

FIG. 14<br />

Maison anciennement 29-33 rue de<br />

l’Écrevisse, milieu 16 e siècle (vers 1545 ?)<br />

façade remontée place Abbé Desnoyers<br />

en 1890, disparue dans les années 1940),<br />

élévation de l’étage de la galerie sur cour.<br />

(Orléans, Archives municipales, Sous-série 1Fi)<br />

(35) Dans la numérotation du 19 e siècle, elle était située au 14 rue Sainte-Catherine. C’est à cette époque<br />

que la maison fut détruite et que sa façade fut déplacée place Abbé-Desnoyers, où elle brûla<br />

en 1940 (ALIX 2002 : t. 2, p. 112-118 ; t. 3, p. 48-49). Certains éléments de son décor sont représentés<br />

en détail sur une planche dans VERDIER, CATTOIS 1855-1857 : t. 2, p. 118-119.<br />

(36) Les trois sablières de chambrée sont engoulées et ornées d’un corps de moulures sculpté : pour<br />

le rez-de-chaussée, d’un chapelet dont le ruban alterne avec deux perles, le tout surmonté d’une<br />

frise d’arceaux ; pour le premier étage, d’un chapelet à ruban et perle unique ; pour le deuxième<br />

étage, d’un ruban torsadé orné de pointes-de-diamant alternant avec des imbrications.<br />

(37) DAGNAS-THOMAS 1998 : t. 1, p. 150-154.<br />

(38) À Orléans, deux types d’oves sont visibles sur l’hôtel brique et pierre de François Brachet, dit de<br />

la Vieille-Intendance (24-28 rue de la Bretonnerie), construit vers 1505-1510 : ils sont de formes<br />

ovoïdes dans des coques tronquées mais séparés par de petites feuilles (sur les culs-de-lampe<br />

des échauguettes), ou à l’inverse, sphériques à l’intérieur de coques non tronquées et séparés par<br />

des dards (sur la corniche des tours d’escalier et des échauguettes). Sur la corniche de la maison<br />

de l’Ours (4 place du Châtelet), les oves sont quant à eux dépourvus de motifs de liaison. Dans<br />

un autre exemple de la ville, la corniche de la maison 24 rue Louis-Roguet (façade rue Étienne-<br />

Dolet) présente des oves à coques tronquées, séparés par des dards, qui sont plus conformes aux<br />

exemples italiens. Pour les maisons en pan-de-bois, de tels oves sphériques et sans dard ornent<br />

par exemple la maison dite de François I er à Aubigny-sur-Nère (Cher), qui pourrait dater de 1519<br />

(TOULIER 1994 : p. 28), ou la maison de la rue de la Porte-Mouton à Gallardon (Eure-et-Loire).<br />

(39) Cette lucarne comporte un poinçon pendant sculpté à son sommet d’un petit pinacle et en pied<br />

d’une tête animale tournée vers le sol. Les planches de rives ornées de torsades à pointes-dediamant<br />

forment un arc brisé à l’intrados ponctué de redents. Elles reposent sur un entrait également<br />

torsadé et engoulé à ses extrémités. Une lucarne quasiment identique couronnait la maison<br />

anciennement 1 rue de la Vieille-Peignerie (ALIX 2008 : p. 32-33).<br />

(40) Cette maison détruite au 19 e siècle est connue par de brèves descriptions et par quelques représentations<br />

(ALIX 2002 : t. 2, p. 152-153). La façade de sa galerie sur cour fut remontée au musée<br />

historique en 1890, avant de disparaître dans les années 1940.<br />

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