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134 EMPREINTE URBAINE

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détachée de celle du charpentier à la fin du Moyen Âge.<br />

Cela fut certainement le cas pour les culots figurés ou les<br />

programmes importants évoqués ci-dessous. Rappelons<br />

également, qu’à plusieurs reprises, les décors en relief<br />

empruntent des techniques utilisées en menuiserie, que les<br />

« huchiers » de cette époque réalisent couramment pour des<br />

meubles ou des vantaux d’ouvertures, notamment avec les<br />

flottages : par exemple, le recouvrement des moulures de<br />

l’accolade sur les piédroits, le débordement des moulures<br />

d’un appui ou d’une pièce filante sur les poteaux créant ainsi<br />

un effet de continuité (32) . Autre exemple de recouvrement,<br />

au 35 rue de l’Empereur (maison nord, 1483 [d]), les traces<br />

observées montrent que les culots portant les bases des<br />

pinacles pendaient au-devant de la sablière de chambrée.<br />

Dans le petit lotissement édifié vers 1466 [d] au 62-64 rue<br />

de la Charpenterie, constitué de trois unités d’habitation<br />

à un étage, il est intéressant de noter l’utilisation d’un<br />

décor raffiné nécessitant le recours à d’autres techniques<br />

de menuiserie (FIG. 12). De petites arcatures à réseaux<br />

« flamboyants » sont sculptées sur des planches utilisées<br />

comme remplissage de l’allège des baies : ces panneaux<br />

menuisés étaient glissés dans des châssis (deux montants<br />

entre lesquels s’assemblent, à tenon et mortaise renforcés<br />

par deux petites chevilles, une traverse basse et une haute).<br />

Ces châssis étaient disposés entre les deux piédroits et les<br />

deux potelets de l’allège dont les arêtes étaient moulurées<br />

d’un petit tore dégagé par un filet (33) .<br />

L’introduction des motifs « Renaissance »<br />

À l’instar de nombreuses villes, le décor des maisons<br />

en pan-de-bois puise dans le répertoire du « gothique<br />

flamboyant » jusqu’au milieu du 16 e siècle : moulures<br />

prismatiques, profondes et accentuées, gorges et tores, qui<br />

permettent de souligner la structure en étant concentrées<br />

autour des baies ou sur la sablière de chambrée. C’est à<br />

partir des années 1515-1530 que ces décors gothiques<br />

commencent à s’enrichir de motifs couvrants telles les<br />

écailles, les imbrications, les torsades, etc. : 32 rue du<br />

Poirier (1524 [d]), 32 rue des Pastoureaux (FIG. 7), 1 rue<br />

de la Vielle-Peignerie (34) . Ces mêmes motifs se retrouvent<br />

également sur quelques lucarnes en bois couronnant des<br />

élévations en pierre : colonnettes et accolade couvertes<br />

d’imbrications et d’écailles, 8 place du Cardinal-Touchet ;<br />

torsade à pointes-de-diamant alternant avec des écailles<br />

sur le linteau de la lucarne du 15 rue des Trois-Maries<br />

(façade sur cour). Simultanément, une évolution apparaît<br />

dans la forme des pinacles comme l’illustre l’exemple du<br />

FIG. 12<br />

66 rue de la Charpenterie (1466 [d])<br />

façade antérieure, étage, sablière ornée de rosaces et allège de<br />

la croisée fermée de panneaux sculptés sur châssis.<br />

(Cl. R. Malnoury, (c) Région Centre Inventaire général, ADAGP).<br />

32 rue du Poirier : les crochets sont ramassés près de la<br />

pointe qui présente un aspect plus trapu et moins effilé ;<br />

le corps reste de plan carré sur toute sa hauteur et se<br />

rapproche de la forme d’un pilastre (FIG. 4). Sur la lucarne<br />

de la maison en pierre 26 rue Louis-Roguet (façade sur<br />

cour), le décor « gothique » des moulures des piédroits, qui<br />

se prolongeait sur la traverse avec une accolade, est flanqué<br />

par de véritables petits pilastres à chapiteaux doriques à la<br />

place des habituels pinacles. C’est donc également dans ces<br />

années qu’apparaissent les premiers ornements italianisants<br />

mêlés au vocabulaire « flamboyant », comme cela a été<br />

évoqué avec l’exemple de la façade 37 rue de l’Empereur<br />

(acanthes et denticules). D’autres décors de transition<br />

se remarquent ponctuellement : petite feuille d’acanthe<br />

sculptée sur l’aisselier supportant la coursière de la maison<br />

28 rue de la Poterne (vers 1540) par exemple.<br />

(33) L’utilisation de panneaux menuisés se retrouve par exemple au 16 e siècle en Normandie (Les Andelys,<br />

Gisors, Caudebec-en-Caux) et particulièrement à Rouen, comme aux 115-117 rue du Gros-<br />

Horloge (VIOLLET-LE-DUC 1854-1868 : t. 6, p. 268-272, article « maison », fi g. 29-30 ; Lescroart<br />

1980 : p. 105, 111, 126, 129 ; LETTERON 2002 : p. 227), à Mâcon ou à Thiers (ENLART 1929 : p. 196,<br />

199, fi g. 118), et sur plusieurs maisons dites « à vitrine » ou à « mur-rideau » de la fi n du 16 e et<br />

du 17 e siècle à Dinan et à Saint-Malo (SOULAS 1986 : p. 73-80 ; LELOUP 2002 : p. 140-151). Des<br />

planches recouvrant l’ossature sont attestées en Belgique où elles sont parfois ornées du motif<br />

« en plis de serviettes » (HOUBRECHTS 2008 : p. 4-5).<br />

(34) A l’image des motifs qui ornent les fûts des pinacles ou des colonnettes de nombreuses maisons<br />

en pan-de-bois sculptées de cette époque : maison dite de Francois I er à Aubigny-sur-Nère (Cher),<br />

maison de la Porte Mouton à Gallardon (Eure-et-Loire), maison 19 rue aux Fèvres dit manoir de le<br />

Salamandre à Lisieux (Calvados), etc.<br />

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