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134 EMPREINTE URBAINE

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<strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle<br />

potelets des portes piétonnes et jours d’imposte. Au 37<br />

rue des Charretiers, le rez-de-chaussée comporte une porte<br />

cochère, dont l’un des piédroits est simplement sculpté<br />

d’un relief représentant deux hommes, vêtus à la mode du<br />

16 e siècle, dans une forêt abattant un arbre à la hache.<br />

Les lucarnes<br />

Le couronnement de ces façades à rive sur rue était assuré<br />

par une lucarne, dont le caractère parfois monumental<br />

rappelait la forme triangulaire des pignons. Ces lucarnespignons,<br />

qui peuvent être restituées sur de nombreuses<br />

maisons d’après les traces d’assemblage laissées sur leur<br />

surcroît (28) , présentent une fermette débordante qui<br />

s’accompagne d’un décor mouluré (chevrons de tête,<br />

aisseliers et jambettes courbes) et sculpté pour les potelets<br />

à têtes élargies portant les blochets (pinacles au 11 rue de<br />

Vaudour ; figures en pied au 261 rue de Bourgogne : un<br />

couple d’homme et de femme sauvages) (FIG. 1 ET 2). Les autres<br />

lucarnes, moins imposantes, sont néanmoins sujettes à un<br />

décor particulier : moulures des têtes élargies des poteaux<br />

portant le débord de la toiture, accolade sur la traverse,<br />

planches de rives trilobées, poinçon pendant (4 rue de la<br />

Cholerie ; 1 bis rue du Bourdon-Blanc, vers 1500 (29) ; 7 rue<br />

Saint-Éloi, deux lucarnes en bois sur une façade en pierre,<br />

1462 [d]). Il s’agit de lucarnes à meneau et traverse, dont<br />

le débord de la toiture est parfois porté par des aisseliers<br />

(35 rue de l’Empereur, maison nord : 1483 [d]). Enfin, des<br />

lucarnes plus simples et aux dimensions plus restreintes<br />

(avec meneau et sans traverse) présentent comme décor<br />

principal leurs planches de rives découpées en forme d’arc<br />

ou trilobées : 46 rue du Colombier (façade sur cour), 10<br />

rue de la Vieille-Monnaie (avec chanfreins), maison rue du<br />

Bœuf-Saint-Paterne, etc. (30)<br />

Les éléments disparus des façades<br />

D’autres éléments, qui nous échappent en grande partie<br />

aujourd’hui, participaient également de la mise en valeur<br />

des maisons : menuiseries et volets des ouvertures du rezde-chaussée<br />

et des étages, toitures (tuiles plates à crochets,<br />

essentes en bois et ardoises pour les 15 e et 16 e siècles),<br />

faîtages et épis, souches de cheminées, etc. Les châssis de<br />

vitraux pouvaient être peints (FIG. 11), comme en témoigne<br />

un fragment de la croisée du deuxième étage de la maison 20<br />

rue de l’Empereur (vers 1500) orné d’un décor « gothique »<br />

représentant un monogramme ou un millésime inscrit<br />

dans un quadrilobe (31) .<br />

Charpentiers, « ymagiers » et menuisiers<br />

FIG. 11<br />

Dans la quarantaine de maisons ornées de pinacles et de<br />

gâbles évoquées ci-dessus, la réalisation des sculptures a dû<br />

constituer un poste de dépenses élevé du chantier. On peut<br />

se demander si ce travail était effectué par des charpentiers<br />

qui auraient alors possédé cette compétence, ou si les<br />

commanditaires ont eu recours à des « tailleurs d’image »<br />

ou « ymaigiers », dont l’activité est bien différenciée et<br />

20 rue de l’Empereur<br />

(fin 15 e -début 16 e siècle ;<br />

détruite en 1844)<br />

motif décoratif peint<br />

sur un fragment de vitrail<br />

de la croisée du<br />

deuxième étage<br />

de la façade antérieure<br />

(d’après dessin<br />

VERGNAUD-ROMAGNESI 1844).<br />

(28) Lucarnes-pignons conservées : 261 rue de Bourgogne (provenant d’une maison du quartier des<br />

Halles), 11 rue de Vaudour (1507 [d]), 43 rue du Poirier, 6 bis rue Jeanne-d’Arc (dans la cour,<br />

façade remontée au 19 e siècle ?). Lucarnes pignons détruites connues par l’iconographie ou<br />

des descriptions : 3 rue des Carmes, deux maisons rue de la Corroierie, 29-33 rue de l’Écrevisse,<br />

anciennement 20 rue de l’Empereur, 30 rue des Hôtelleries (jouxtant l’ancienne chapelle Saint-<br />

Jacques), etc. Lucarnes-pignons détruites et restituées grâce aux assemblages sur surcroîts :<br />

264 rue de Bourgogne, 32 rue de la Charpenterie, 33 rue de l’Empereur (maison nord, 1490 [d]),<br />

48 rue Sainte-Catherine.<br />

(29) Relevé dans : MAZUY, ALIX, AUBANTON 2006 : p. 102.<br />

(30) Lucarne de la maison rue du Bœuf-Saint-Parterne dessinée dans : LAPRADE 1942 : pl. 43. De manière<br />

générale, les décors de toutes ces lucarnes se rapprochent de ceux présents sur la ferme<br />

débordante supportant les avant-toits des quelques rares maisons pignon sur rue connues à<br />

Orléans : blochets sur consoles sculptés de quarts d’arcs à redents et culs-de-lampe avec un<br />

feuillage frisé sur la maison de Jacques Boucher (JARRY 1909 : p. 55), poinçon en forme de clefpendante<br />

pour la maison anciennement 3 place du Marché-à-la-Volaille.<br />

(31) Ce fragment de vitrail, présent sous le bardage des planches et d’ardoises qui recouvraient le pande-bois,<br />

fut dessiné par C.-F. Vergnaud-Romagnési lors de la démolition de la maison en 1844 (ALIX<br />

2002 : t. 3, p. 89-90). La façade en pan-de-bois de cette maison a été relevée par L. Vaudoyer<br />

dans : DE BAUDOT, PERRAULT-DABOT 1856 : pl. 88, D.<br />

(32) Exemple plus tardif (seconde moitié du 16 e siècle) sur une maison en pan-de-bois à grille : moulure<br />

fi lante d’appui de la maison 227 rue de Bourgogne (seconde moitié du 16 e siècle ?). Autre<br />

procédé issu de la menuiserie, l’assemblage à coupe d’onglet est utilisé dans des maisons du<br />

dernier tiers du 16 e siècle évoquées plus bas (16 rue de la Poterne, 45 rue de la Charpenterie). Il<br />

permet de retourner la moulure en quart-de-rond des sablières sur les arêtes des poteaux.

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