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<strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle<br />
potelets des portes piétonnes et jours d’imposte. Au 37<br />
rue des Charretiers, le rez-de-chaussée comporte une porte<br />
cochère, dont l’un des piédroits est simplement sculpté<br />
d’un relief représentant deux hommes, vêtus à la mode du<br />
16 e siècle, dans une forêt abattant un arbre à la hache.<br />
Les lucarnes<br />
Le couronnement de ces façades à rive sur rue était assuré<br />
par une lucarne, dont le caractère parfois monumental<br />
rappelait la forme triangulaire des pignons. Ces lucarnespignons,<br />
qui peuvent être restituées sur de nombreuses<br />
maisons d’après les traces d’assemblage laissées sur leur<br />
surcroît (28) , présentent une fermette débordante qui<br />
s’accompagne d’un décor mouluré (chevrons de tête,<br />
aisseliers et jambettes courbes) et sculpté pour les potelets<br />
à têtes élargies portant les blochets (pinacles au 11 rue de<br />
Vaudour ; figures en pied au 261 rue de Bourgogne : un<br />
couple d’homme et de femme sauvages) (FIG. 1 ET 2). Les autres<br />
lucarnes, moins imposantes, sont néanmoins sujettes à un<br />
décor particulier : moulures des têtes élargies des poteaux<br />
portant le débord de la toiture, accolade sur la traverse,<br />
planches de rives trilobées, poinçon pendant (4 rue de la<br />
Cholerie ; 1 bis rue du Bourdon-Blanc, vers 1500 (29) ; 7 rue<br />
Saint-Éloi, deux lucarnes en bois sur une façade en pierre,<br />
1462 [d]). Il s’agit de lucarnes à meneau et traverse, dont<br />
le débord de la toiture est parfois porté par des aisseliers<br />
(35 rue de l’Empereur, maison nord : 1483 [d]). Enfin, des<br />
lucarnes plus simples et aux dimensions plus restreintes<br />
(avec meneau et sans traverse) présentent comme décor<br />
principal leurs planches de rives découpées en forme d’arc<br />
ou trilobées : 46 rue du Colombier (façade sur cour), 10<br />
rue de la Vieille-Monnaie (avec chanfreins), maison rue du<br />
Bœuf-Saint-Paterne, etc. (30)<br />
Les éléments disparus des façades<br />
D’autres éléments, qui nous échappent en grande partie<br />
aujourd’hui, participaient également de la mise en valeur<br />
des maisons : menuiseries et volets des ouvertures du rezde-chaussée<br />
et des étages, toitures (tuiles plates à crochets,<br />
essentes en bois et ardoises pour les 15 e et 16 e siècles),<br />
faîtages et épis, souches de cheminées, etc. Les châssis de<br />
vitraux pouvaient être peints (FIG. 11), comme en témoigne<br />
un fragment de la croisée du deuxième étage de la maison 20<br />
rue de l’Empereur (vers 1500) orné d’un décor « gothique »<br />
représentant un monogramme ou un millésime inscrit<br />
dans un quadrilobe (31) .<br />
Charpentiers, « ymagiers » et menuisiers<br />
FIG. 11<br />
Dans la quarantaine de maisons ornées de pinacles et de<br />
gâbles évoquées ci-dessus, la réalisation des sculptures a dû<br />
constituer un poste de dépenses élevé du chantier. On peut<br />
se demander si ce travail était effectué par des charpentiers<br />
qui auraient alors possédé cette compétence, ou si les<br />
commanditaires ont eu recours à des « tailleurs d’image »<br />
ou « ymaigiers », dont l’activité est bien différenciée et<br />
20 rue de l’Empereur<br />
(fin 15 e -début 16 e siècle ;<br />
détruite en 1844)<br />
motif décoratif peint<br />
sur un fragment de vitrail<br />
de la croisée du<br />
deuxième étage<br />
de la façade antérieure<br />
(d’après dessin<br />
VERGNAUD-ROMAGNESI 1844).<br />
(28) Lucarnes-pignons conservées : 261 rue de Bourgogne (provenant d’une maison du quartier des<br />
Halles), 11 rue de Vaudour (1507 [d]), 43 rue du Poirier, 6 bis rue Jeanne-d’Arc (dans la cour,<br />
façade remontée au 19 e siècle ?). Lucarnes pignons détruites connues par l’iconographie ou<br />
des descriptions : 3 rue des Carmes, deux maisons rue de la Corroierie, 29-33 rue de l’Écrevisse,<br />
anciennement 20 rue de l’Empereur, 30 rue des Hôtelleries (jouxtant l’ancienne chapelle Saint-<br />
Jacques), etc. Lucarnes-pignons détruites et restituées grâce aux assemblages sur surcroîts :<br />
264 rue de Bourgogne, 32 rue de la Charpenterie, 33 rue de l’Empereur (maison nord, 1490 [d]),<br />
48 rue Sainte-Catherine.<br />
(29) Relevé dans : MAZUY, ALIX, AUBANTON 2006 : p. 102.<br />
(30) Lucarne de la maison rue du Bœuf-Saint-Parterne dessinée dans : LAPRADE 1942 : pl. 43. De manière<br />
générale, les décors de toutes ces lucarnes se rapprochent de ceux présents sur la ferme<br />
débordante supportant les avant-toits des quelques rares maisons pignon sur rue connues à<br />
Orléans : blochets sur consoles sculptés de quarts d’arcs à redents et culs-de-lampe avec un<br />
feuillage frisé sur la maison de Jacques Boucher (JARRY 1909 : p. 55), poinçon en forme de clefpendante<br />
pour la maison anciennement 3 place du Marché-à-la-Volaille.<br />
(31) Ce fragment de vitrail, présent sous le bardage des planches et d’ardoises qui recouvraient le pande-bois,<br />
fut dessiné par C.-F. Vergnaud-Romagnési lors de la démolition de la maison en 1844 (ALIX<br />
2002 : t. 3, p. 89-90). La façade en pan-de-bois de cette maison a été relevée par L. Vaudoyer<br />
dans : DE BAUDOT, PERRAULT-DABOT 1856 : pl. 88, D.<br />
(32) Exemple plus tardif (seconde moitié du 16 e siècle) sur une maison en pan-de-bois à grille : moulure<br />
fi lante d’appui de la maison 227 rue de Bourgogne (seconde moitié du 16 e siècle ?). Autre<br />
procédé issu de la menuiserie, l’assemblage à coupe d’onglet est utilisé dans des maisons du<br />
dernier tiers du 16 e siècle évoquées plus bas (16 rue de la Poterne, 45 rue de la Charpenterie). Il<br />
permet de retourner la moulure en quart-de-rond des sablières sur les arêtes des poteaux.