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134 EMPREINTE URBAINE

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<strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle<br />

enduites : façade donnant sur une ruelle ou une impasse, ou<br />

façade postérieure ouvrant sur une cour (17) . L’exemple le plus<br />

ancien de ce type de décor à pinacles est attesté à la maison<br />

de Jacques Boucher (dite maison de Jeanne d’Arc), trésorier<br />

du duc, anciennement 33-37 rue du Tabour (première<br />

moitié du 15 e siècle, détruite en 1940 (18) ). En définitif, ces<br />

sculptures ornaient une quarantaine de maisons à panneaux à<br />

croix de Saint-André (soit la moitié du corpus des habitations<br />

présentant ce type d’ossature), et il n’a été observé que sur<br />

une seule maison dont la façade est en pan-de-bois à grille (9<br />

rue Stanislas-Julien : pinacles sur piédroits des baies, première<br />

moitié du 16 e siècle (19) ).<br />

Ces pinacles reposent sur des bases prismatiques, parfois<br />

portées par de petits culots, fréquemment en forme de<br />

pyramide renversée simplement moulurée (20) . À partir des<br />

années 1520, ils pouvaient également être figurés (visages ou<br />

petits personnages en buste) (21) et ils se retrouvent dans les<br />

intérieurs d’habitations en pierre contemporaines, notamment<br />

autour des portes piétonnes percées dans des cloisons en<br />

pan-de-bois à grille et surmontées d’un linteau orné d’une<br />

accolade : cloison au 12 rue Notre-Dame-de-Recouvrance<br />

(couloir au rez-de-chaussée du corps de bâtiment postérieur),<br />

cage d’escalier au 4 rue des Trois-Maillets (1527 [d]) ou<br />

cloison au 15 rue de l’Ételon (couloir du rez-de-chaussée) (22) .<br />

Dans ces trois exemples, il s’agit toujours de personnages<br />

assez stéréotypés : un homme encapuchonné (FIG. 8), une<br />

représentation d’un noble ou d’un bourgeois la tête coiffée<br />

d’un chapeau, un putto ailé présentant parfois un objet,<br />

comme un écu (23) . Enfin, c’est également à partir des années<br />

1520 que certains culots en façade reçoivent des motifs de<br />

feuilles imbriquées, qui se répètent sur les bagues des pinacles<br />

(32 rue des Pastoureaux, 32 rue du Poirier) (FIG. 4 ET 7).<br />

Les maisons d’angle<br />

Les maisons situées à l’angle de deux rues étaient<br />

couramment valorisées, puisqu’elles bénéficiaient d’une<br />

situation privilégiée avec un certain recul permettant<br />

d’observer leur décor. Ainsi, le poteau cornier, constitué<br />

d’un bois long, peut recevoir un traitement sculpté dont<br />

les motifs se répètent sur toute sa hauteur. Aux étages<br />

du 124 rue de Bourgogne/1 rue du Bourdon-Blanc<br />

(1501 [d]), chaque face du poteau comporte deux pinacles<br />

sur bases prismatiques qui sont reliés par de petites<br />

arcatures « flamboyantes » semblables à des réseaux de baies<br />

miniaturisées. La tête de ce poteau est légèrement élargie<br />

et traitée comme un support mouluré (cavet et chanfrein<br />

obliques descendent sur l’arête externe du poteau). Des<br />

pinacles ornaient également les poteaux corniers des façades<br />

de la maison anciennement située entre la rue Saint-Étienne<br />

et l’impasse Sainte-Colombe. Sur la maison 23 rue du Poirier/<br />

rue de l’Empereur (milieu ou deuxième tiers du 16 e siècle),<br />

le décor bûché du poteau cornier ne peut être restitué avec<br />

précision mais il s’apparente à un pilastre. Ce décor était<br />

renforcé par les deux poteaux d’étage situés à proximité,<br />

un sur chaque façade, sculpté d’un pilastre à fût lisse et<br />

(17) Décors conservés. Sur ruelle ou impasse : 4 rue de la Cholerie, 32 rue du Poirier (1524 [d]). Sur<br />

cour : 14 place du Châtelet (1497 [d]), 282 rue de Bourgogne (vers 1505 [d]), 32 rue des Pastoureaux<br />

(façade du bâtiment postérieur). Au 83 rue de la Charpenterie (1479 [d]), seuls les pinacles<br />

ornant le piédroit oriental de la demi-croisée située à chaque étage ont été épargnés du bûchage<br />

puisqu’ils étaient protégés par un enduit posé lors d’une campagne de réfection du hourdis de la<br />

tourelle d’escalier jouxtant la façade.<br />

(18) JARRY 1909 : p. 54-55.<br />

(19) La façade principale sur cour de la maison anciennement située entre la rue Saint-Étienne et l’impasse<br />

Sainte-Colombe forme un cas particulier : le rez-de-chaussée à croix de Saint-André ornées<br />

de pinacles et d’accolades était surmonté d’un haut surcroît en pan-de-bois à grille également<br />

sculpté (vers 1500). De grandes pièces obliques (éperons) décorées de moulures s’assemblaient<br />

dans des poteaux sculptés de pinacles de plans quadrangulaires et munis de crochets (façades<br />

démontées au début des années 1960 ; 4 photographies conservées aux Archives départementales<br />

du Loiret, Cliché vue 506-509 ; une gravure dans : HUET, PIGELET 1900: p. 209).<br />

(20) Notons qu’au 83 rue de la Charpenterie, les bases prismatiques ne reposent pas sur un culot mais<br />

comportent une plinthe très développée en hauteur.<br />

(21) Exemples de culots fi gurés : 54 rue de la Charpenterie (vers 1530-1540 [d]), anciennement 1 rue<br />

de la Vieille-Peignerie (détruite), anciennement 20 rue de l’Empereur (détruite en 1844).<br />

(22) ALIX 2002: t. 2, p. 85.<br />

FIG. 8<br />

4 rue des<br />

Trois-Maillets<br />

(maison en<br />

pierre de taille)<br />

cloison nord<br />

de la cage<br />

d’escalier du<br />

second étage,<br />

culot est de la<br />

porte d’entrée<br />

représentant<br />

un acrobate<br />

ou un fou<br />

(1527 [d]).<br />

(photo Clément Alix)<br />

(23) Ces représentations caractéristiques de la sculpture du « gothique fl amboyant », souvent stéréotypées,<br />

se remarquent très fréquemment sur les édifi ces en pierre de la même époque, où elles ornent<br />

les culots des larmiers enveloppant des croisées et des demi-croisées (ALIX 2008 : p. 22-24).

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