134 EMPREINTE URBAINE

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188 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle chambrée qui comporte un corps de moulures contrastées formant larmier, comme par exemple au 32 rue des Pastoureaux (bâtiment sur cour, vers 1520-1530) où la doucine est surmontée d’un listel jouant le rôle de coupelarme (10) . La moulure convexe du larmier est fréquemment couverte de motifs d’imbrications (écailles) et s’accompagne parfois d’une frise de motifs répétitifs (arceaux au 54 rue de la Charpenterie, vers 1530-1540 [d]). Les extrémités du corps de moulures de la sablière de chambrée s’achèvent souvent dans la gueule d’un animal sculpté (FIG. 2), qui constitue le seul motif singulier de la façade (11) . À l’instar des pans-de-bois de plusieurs régions (Normandie, Bourgogne, Val de Loire, Berry, etc.), cet engoulant forme un bon motif d’amortissement des moulures de la sablière, qui a perdu le rôle effrayant et le caractère symbolique qu’il pouvait revêtir en tant que décor dans certaines églises. Cet ornement d’origine médiéval reste d’un emploi courant jusqu’au début du 17 e siècle à Orléans où il est associé à des motifs classiques (12) . Il est d’un usage très prisé dans la première moitié du 16 e siècle puisqu’il orne également les poutres des plafonds d’une quinzaine d’habitations en pierre ou plusieurs entraits de lucarnes. Les cas où le décor s’étend à la sablière de plancher correspondent à des exemples antérieurs à la fin du 15 e siècle : frise de fleurs à quatre pétales au 64-66 rue de la Charpenterie (1466 [d]) ; frise de gros trilobes se développant sur les deux sablières superposées au 266 rue de Bourgogne (entre 1473-1488 [d]). Traitement sculpté des fenêtres d’étages et des panneaux pleins : pinacles et accolades Hormis les sablières, le décor se concentrait principalement autour des fenêtres. La mise en valeur la plus simple consiste à les orner d’une moulure, un chanfrein, parfois amorti par un petit congé triangulaire, qui adoucit les angles des encadrements tout en favorisant la pénétration de la lumière vers l’intérieur (13) . Les appuis des croisées et demicroisées sont systématiquement moulurés et leur partie supérieure vient déborder sur le devant des piédroits (14) . Un décor sculpté permet également la valorisation des fenêtres principales dont les piédroits sont ornés de pinacles à crochets (15) sur bases prismatiques, reliés par des accolades situées sur les traverses (FIG. 1 ET 2). Pour les croisées, la partie supérieure du meneau était sculptée d’un fleuron, tandis qu’un court pinacle était sculpté sur le potelet central de l’allège (FIG. 7). Dans certaines maisons, ces motifs de couvrement s’étendent sur les autres éléments de la structure afin de mettre en valeur les panneaux pleins : les poteaux d’étage reçoivent des pinacles et les entretoises séparant les panneaux de croix de Saint-André sont sculptées d’un arc surbaissé ou d’un arc en accolade (FIG. 5 ET 6). Comme sur les traverses, ces gâbles présentent un tracé assez aplati de manière à s’adapter à la hauteur réduite de l’entretoise. Si ce décor « gothique » peut-être restitué sur de nombreuses façades sur rue où il a été bûché au 18 e ou 19 e siècle lors de l’agrandissement des fenêtres ou de l’installation des lattis pour enduits couvrants (16) , en revanche, il subsiste en partie ou dans son intégralité sur quelques rares élévations situées en position secondaire et n’ayant jamais été (10) Cependant, il subsiste quelque exemples de façade à sablière unique. Au 264 rue de Bourgogne, exemple le plus ancien attesté par la dendrochronologie (première moitié du 15 e siècle), la sablière unique est moulurée dans sa partie supérieure d’un quart-de-rond dégagé par une moulure concave. Au 4 rue de la Cholerie (façade postérieure, milieu ou seconde moitié du 15 e siècle), la doucine ornant la sablière unique retombe à l’aplomb des arêtes de chaque poteau du niveau inférieur : elle dessine ainsi une série d’arcs déprimés dont les écoinçons renferment un motif : bouillon de feuillage, petit visage humain, etc. (11) Sculptures d’engoulants conservées : 264 rue de Bourgogne (remaniement du comble entre 1493-1524 [d]), 32 rue du Poirier (1524 [d]). Sculptures bûchées ayant laissé des traces : 11 rue de Vaudour (1507 [d]), 54 rue de la Charpenterie, etc. (12) Pour l’utilisation du motif de l’engoulant, ALIX 2008 : p. 28-37. Sur les pans-de-bois, l’exemple le plus tardif se trouve sur la sablière unique du premier étage de la maison 258 rue de Bourgogne (pan-de-bois à grille : entre 1596-1621 [d] et certainement autour de 1602) : le motif a été bûché mais il subsiste trois écailles du cou sur l’about est de la sablière. la même date, il orne les pièces de bois formant linteau des devantures de boutiques de certaines maisons en pierre ou en brique et pierre (4 place du Châtelet ; anciennement 3 place du Châtelet, détruite). (13) Pour les fenêtres, les exemples de moulures plus complexes sont très rares : petit cavet surmonté d’un quart-de-rond au 266 rue de Bourgogne (entre 1473-1488 [d]) et au 4 rue de la Cholerie (milieu ou seconde moitié du 15 e siècle). (14) Exemples conservés partiellement : demi-croisées du 33 rue de l’Empereur (maison sud, 1493 [d]), croisées du 35 rue de l’Empereur (maison nord, 1483 [d]). La moulure bûchée en partie supérieure se composait, de bas en haut, d’une bande surmontée d’un quart-de-rond et d’un cavet. Au 32 rue des Pastoureaux, l’appui est encore sculpté d’un motif de torsade. (15) Les pinacles relevés sur plusieurs maisons de la fi n du 15 e et du début du 16 e siècle présentent de fortes similitudes (largeurs et proportions identiques) : le corps passe du plan carré au plan polygonal (à 45°) insuffl ant un effet de dynamisme, tandis qu’au sommet les couronnes de crochets sont régulièrement espacées (FIG. 14). (16) Décors bûchés ou détruits. Motifs cantonnés aux baies : 103 rue de Bourgogne, 124 rue de Bourgogne/1 rue du Bourdon-Blanc, 126 rue de Bourgogne, 260 rue de Bourgogne (poteaux à pinacles en remplois sur les extrémités des étages), 62-66 rue de la Charpenterie, 4 place du Châtelet (façade postérieure, enduite dans la deuxième moitié du 20 e siècle), 32 rue de la Charpenterie, 54 rue de la Charpenterie, 37 rue des Charretiers, 10 rue de la Cholerie (maison nord), 7 rue de l’Écu-d’Or, 35 rue de l’Empereur (maison nord), 3 et 5 rue du Petit-Puits, 15 rue du Poirier, 2 rue de la Poterne (façade postérieure), 48 rue Sainte-Catherine, 64 rue Sainte-Catherine (poteaux à pinacles en remploi dans l’allège du deuxième étage), 9 rue de la Tour (façade postérieure), 11 rue de Vaudour, anciennement 30 rue des Hôtelleries (jouxtant l’ancienne chapelle Saint-Jacques), anciennement 51 rue des Hôtelleleries, anciennement 1 rue de la Vieille-Peignerie (détruite). Motifs s’étendant sur les panneaux pleins : 109 rue de Bourgogne, 221 rue de Bourgogne, 280-282 rue de Bourgogne, 10 rue de la Cholerie (maison sud), 33 rue Étienne-Dolet, 18 rue des Pastoureaux/28 rue Étienne-Dolet, anciennement 20 rue de l’Empereur (détruite en 1844), anciennement 3 place du Marché-à-la-Volaille (rive sud de la place du Châtelet, détruite au 19 e siècle), maison anciennement située entre la rue Saint-Étienne et l’impasse Sainte-Colombe.
3 4 5 6 FIG. 3 14 place du Châtelet façade postérieure (sur cour, 1497 [d]), pinacle à crochets. (photo Clément Alix) FIG. 4 32 rue du Poirier, façade occidentale sur impasse, premier étage (1524 [d]) pinacle à crochets ornant le piédroit nord de la croisée (photo Laurent Mazuy) 7 FIG. 7 32 rue des Pastoureaux corps de bâtiment postérieur, façade sur cour, premier étage, pinacle sculpté au centre de l’allège de la croisée (vers 1520-1530). (photo Clément Alix) FIG. 5 Maison anciennement située entre la rue Saint-Étienne et l’impasse Sainte-Colombe (fin 15 e -début 16 e siècle, démontée au début des années 1960) façade sur cour, rez-de-chaussée (Orléans, Archives départementales du Loiret, cliché vue 509) FIG. 6 14 place du Châtelet façade postérieure (sur cour), second étage (1497 [d]). (photo Clément Alix) 189
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