186 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle 1493 33 rue de l'Empereur 1490 1569 35 rue de l'Empereur 1483 FIG. 1 33 et 35 rue de l’Empereur restitution des façades à panneaux de croix de Saint-André édifiées entre la fin du 15 e et le dernier tiers du 16 e siècle (S.A.M.O. : conception Laurent Mazuy - DAO Sébastien Pons - relevé Clément Alix - restitution Laurent Mazuy et Clément Alix) 0 1 m
identique avec un même nombre et type d’ouvertures, l’ordre de positionnement de ces dernières a pu être volontairement inversé d’un niveau à l’autre (32 rue de la Charpenterie) (5) . Au 35 rue de l’Empereur (maison nord), l’ensemble de la trame des parois des étages et du comble répond à un axe de symétrie passant par le centre de la façade, occupé par une croisée et la lucarne, de part et d’autre duquel s’organise en miroir le percement des autres ouvertures : deux jours hauts et un étroit jour rectangulaire (seulement 24 cm de large) placé à mi-hauteur et rejeté aux extrémités de chaque étage (FIG. 1). Ce parti permet de créer un jeu de contraste entre les pleins et les vides dont le dessin assez original est parfaitement symétrique. Le hourdis et la question du traitement chromatique Le hourdis, composé de petits moellons (calcaire de Beauce) enduits ou plus souvent de petites briques, participait également à la mise en valeur de la façade en renforçant le contraste avec les éléments de l’ossature en bois. L’aspect décoratif du remplissage en brique était également créé par le positionnement des éléments : obliquement pour jouxter les guettes et décharges des croix, alternativement à plat ou de chant, en épis (hôtel Toutin, vers 1540 ; tourelle d’escalier de l’hôtel 17 rue des Trois-Maries, milieu 16 e siècle) ; mais également grâce aux jeux de relief permis par l’utilisation de joints saillants lissés à la truelle et parfois rubanés (6) . Au 11 rue de Vaudour (1507 [d]), certaines briques sont incisées pour recevoir des faux-joints qui morcellent les panneaux de remplissage en de multiples motifs géométriques (FIG. 2) : chevrons, demi-cercles, cœur, etc. (7) Aucun traitement chromatique ne semble avoir accompagné les bois et leurs décors sculptés. Bien que des traces de pigments rouge foncé aient été observées sur les bois de plusieurs façades où elles étaient scellées par les couches de pigments utilisés au 18 e siècle, il reste difficile de savoir s’ils furent appliqués lors de la construction de la maison ou s’ils correspondent, plus probablement, à une campagne de « mise au goût du jour » postérieure (8) (fin 16 e siècle ou au cours du 17 e siècle). Des sablières moulurées et engoulées Même si ces façades ne possèdent pas d’encorbellement, l’usage est de conserver deux sablières superposées (9) : le décor sculpté se limite essentiellement à la sablière de FIG. 2 11 rue du Vaudour restitution de la façade antérieure construite 1507 [d] (S.A.M.O. : conception Laurent Mazuy - DAO Sébastien Pons - relevé Clément Alix - restitution Laurent Mazuy et Clément Alix) 11 rue Vaudour, 1507d (5) MAZUY, ALIX, AUBANTON 2006 : p. 64-65. 0 1 m (6) Par exemple : 32, 40, et 54 rue de la Charpenterie, respectivement vers 1501 [d], entre 1570- 1580 [d] et entre 1530-1540 [d] ; 126 rue de Bourgogne (vers 1503 [d]). Voir également infra, Les typologies des façades de la fi n du Moyen Âge à la Renaissance, par L. MAZUY (7) Dans la région, ces jeux décoratifs du hourdis de briquettes, qui rappellent des motifs employés sur les étoffes, se remarquent sur plusieurs maisons de la place Plumereau à Tours, mais leur authenticité paraît douteuse. Le seul exemple bien attesté est visible sur les deux maisons 1 rue du Change (à Tours), dont les motifs ont été dessinés vers 1940 avant leur restauration (LAPRADE 1942 : pl. 35). Dans cet exemple, les briques sont taillées de manière à obtenir des formes géométriques particulières. (8) La palette constituée uniquement de rouge foncé est donc beaucoup plus limitée que celle utilisée dans les programmes de construction ou de remaniement des pans-de-bois orléanais au 18 e siècle : ocre, jaune, orangé, saumon, etc. (ALIX 2007). (9) Ce doublement des sablières pourrait s’expliquer pour des raisons techniques et économiques : ancrages des plafonds, facilité et rapidité de levage des parois, possibilité de remaniement des étages en sous-œuvre ou par rehaussement. 187