134 EMPREINTE URBAINE

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176 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Le bâti domestique orléanais au 16 e siècle FIG. 3 3 rue de l’Empereur (fin du 15 e -début du 16 e siècle) (photo Laurent Mazuy) Les ouvrants sont clos par des volets de bois à panneaux. Cette gamme de mises en forme joue également le compartimentage et la hachure, la volonté d’orner et de classer. Les programmes décoratifs sculptés accompagnent et renforcent le jeu des surfaces. Les sculptures peuvent marquer les étages et encadrer les croisées et demi-croisées (11) : sur les sablières de chambrée, des larmiers et des engoulants ; sur les poteaux de fenêtres, des pinacles (12) ; sur les meneaux d’impostes et les traverses des fenêtres, des accolades coiffées de fleurons. L’ornement apporte, alors, à chaque étage un (ou deux) point fixe. Là où l’on pavoise. Dans les cas où, à la manière d’une résille, les sculptures (pinacles et accolades) passent de bois en bois pour couvrir la totalité de la façade (13) , c’est le rythme orthogonal de la trame rectangulaire et des fenêtres qui est souligné. La croix de Saint- André intervient, alors, comme un motif qui vient barrer une suite de surfaces encadrées de reliefs… La profusion et la diversité des décors secondaires (corbeilles végétales, figures, surface d’écailles…), distribuées par l’ornement linéaire et le jeu des courbes, donnent à la façade une nouvelle texture et l’effet d’une surface tachetée (VOIR OIR P.--, FIG. 14). La façade en pan-de-bois à croix de Saint-André est donc multiple : symétrique ou asymétrique ; sculptée ou non, pour partie ou en totalité. Elle entremêle surfaces, percements et reliefs, par la superposition et l’emboîtement d’une suite de trames et de surfaces hachurées. La façade joue le superlatif des densités, des textures et des luminosités. Hachurée et tachetée, elle se donne comme un tout fragmenté et dynamique par la profusion et l’instabilité spatiale des surfaces et des plans les uns par rapport aux autres. (11) Les 124 et 126 rue de Bourgogne (1501 [d] et 1504 [d]), les 32, 54 et 64/66 rue de la Charpenterie (1501 [d], autour de 1535 [d] et 1466 [d]), le 10 rue de la Cholerie (façade gauche, 1519 [d]), le 33 rue de l’Empereur (façade droite, 1490 [d]), le 9 rue de la Pierre-Percée (1492 [d]), le 32 rue du Poirier (1523 [d]) et le 11 rue de Vaudour (1507 [d]). La façade de droite du 35 rue de l’Empereur (1483d) présente une distribution symétrique des baies et un programme sculpté autour de la croisée centrale. (12) Bien souvent, le poteau de l’allège à croix de Saint-André des croisées porte également un pinacle qui renforce l’axe du meneau. (13) Les façades des 266 et 280/282 (façade double) rue de Bourgogne (autour de 1480 [d] et 1505 [d]) et 111 et 221 rue Bourgogne (fi n du 15 e -début du 16 e siècle) présentent une répartition symétrique des fenêtres. Les façades du 28 rue Étienne-Dolet (fi n du 15 e - début du 16 e siècle) et du 10 rue de la Cholerie (façade droite, 1519 [d]) présentent une répartition asymétrique des fenêtres.
Les façades en pierre Les façades en pierre relèvent d’une tout autre logique. Elles présentent une surface unie : L’enduit, du blanc aux tons sable ou brun clair, inscrit le plan à la manière d’une peau, d’un cuir « tendu » (14) . Les parements de pierre (tuffeau et pierre d’Apremont), rythment et animent la clarté de la surface (15) (FIG 3). Les baies, croisées et demi-croisées (la présence de petites fenêtres hautes en continu est uniquement rendue possible grâce à l’ossature d’une charpente) sont placées librement et le plus souvent alignées sur un appui filant simplement mouluré ou bien décoré de frises végétales. Ces fenêtres concentrent le décor (mouluration des chambranles, meneaux et traverses à cavet, à boudin ou à tore à listel, larmiers à culots géométriques ou à figures…). L’ensemble présente un plan et une surface unique. La façade homogène apparaît, massive et stable. Les façades en briques La construction de briques semble être l’apanage des grands hôtels particuliers plus larges que hauts, développant leur programme sur de vastes parcelles : le 10 rue du Cloître- Saint-Aignan dans la tradition gothique (maison du roi Louis XI, 1480 [d]) et le 24/28 rue de la Bretonnerie (hôtel Brachet) réalisé dans la première décennie du 16 e siècle tout comme l’aile Louis XII du château de Blois. On remarquera la proximité des deux édifices en terme constructif et la modernité de l’hôtel Brachet par l’étonnante composition symétrique des deux tours d’escalier hors œuvre et le décor d’oves sur la corniche (16) . La façade sur jardin de cet hôtel, percée et rythmée par la mise en travée des croisées et demi-croisées de pierre, présente un parement de brique tendu par un damier de losanges (briques surcuites noires), rehaussé de losanges imbriqués (FIG. 4). L’ensemble emboîte deux natures de surfaces, le rayé et le semé, auxquelles il faut ajouter l’effet tacheté produit par les baies. La façade, simple et raffiné, ondule à la lumière tout en gardant un effet massif. La façade de la maison Louis XI présente en revanche un parement de brique uni. La résille des joints confère à la surface la vibration d’une étoffe. FIG. 4 26/28 rue de la Bretonnerie (début du 16 e siècle ?) détail de la façade sur jardin (photo Laurent Mazuy) (14) Par exemple : les 215 et 261 rue de Bourgogne (début du 16 e siècle ? et fi n du 15 e -début du 16 e siècle) ou le 8 rue Étienne-Dolet (début du 16 e siècle ?). (15) Par exemple : le 4 place du Châtelet (1510 [d]), le 3 rue de l’Empereur (fi n du 15 e - début du 16 e siècle) ou le Musée Historique et Archéologique de l’Orléanais, rue Charles-Sanglier (façade de droite, début du 16 e siècle ?). (16) Voir infra, La dernière enceinte d’Orléans et le développement de l’habitat dans les nouveaux quartiers (fi n 15 e siècle - première moitié du 16 e siècle) par C. ALIX. 177
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