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168 <strong>EMPREINTE</strong> <strong>URBAINE</strong> - Les nouveaux espaces urbains<br />
Une ville renouvelée<br />
A VILLE POURSUIT SON EXTENSION EN DIRECTION DE L’OUEST ET DU NORD-OUEST. UN NOUVEAU<br />
rempart est érigé offrant de nouveaux espaces à l’architecture. La distribution urbaine s’appuie<br />
sur une permanence des usages des quartiers médiévaux.<br />
À la fin du 15 e et au début du 16 e siècle, la ville est un<br />
vaste chantier. Les deux dernières enceintes, celle à l’est<br />
dite de Louis XI (seconde moitié du 15 e siècle) et celle à<br />
l’ouest et au nord construite à la fin du 15 e siècle et durant<br />
la première moitié du 16 e , autorisent une reconquête plus<br />
dynamique et ambitieuse des espaces et du bâti détruits lors<br />
des préparatifs du siège anglais de 1428-1429. Les anciens<br />
faubourgs deviennent des voies de communication internes<br />
importantes et la place du Martroi est investie d’un rôle<br />
central et pivot entre la ville médiévale et la « ville nouvelle »<br />
(FIG. 1). D’autres axes structurants semblent émerger en<br />
complément du maillage médiéval : les rues Notre-Damede-Recouvrance,<br />
des Charretiers et des Grands-Champs<br />
(axes nord-sud) et les rues Croix-de-Bois, d’Illiers et de la<br />
Lionne (axes est-ouest).<br />
Si les terrains contenus entre les rues Bannier et des Carmes<br />
(nord-ouest) font l’objet d’un plan d’urbanisme, les secteurs<br />
entre les rues Bannier et de la Bretonnerie (au nord) et<br />
au sud de la rue des Carmes présentent en revanche un<br />
développement plus spontané. Enfin, les terrains devant<br />
l’ancienne enceinte sont construits et des rues sont percées.<br />
Les quartiers en cœur de ville ne sont pas en reste. On<br />
observe, pour exemple, aux 33, 35 rue de l’Empereur une<br />
reprise homogène d’une partie d’un tronçon de rue et<br />
ceci sur un temps très court (cinq façades entre 1483 [d]<br />
et 1493 [d]). Ce front bâti présente au sud deux doubles<br />
parcelles construites à environ trois ou quatre ans d’intervalle<br />
(1493 [d] pour la plus au sud et 1490 pour la seconde). La<br />
proximité de mise en œuvre relève peut-être d’un projet<br />
de lotissement. D’autres chantiers notamment le 280 et<br />
282 rue Bourgogne (double parcelle) attestent l’utilisation<br />
de plusieurs lots de bois datés de l’automne 1501 [d] à<br />
l’hiver 1505 [d] et donc l’existence d’un stockage, voire<br />
d’une gestion prévisionnelle de la matière première.<br />
L’analyse des façades témoigne d’une architecture<br />
renouvelée, à la fois riche et standardisée, répartie sur<br />
l’ensemble du territoire de la ville en fonction des activités<br />
et de la topographie historique issue principalement du<br />
Moyen Âge. On remarquera que cette dernière (fonction<br />
économique, politique, religieuse et universitaire) reste<br />
stable et connaît même un renforcement.<br />
Le choix d’une architecture en pan-de-bois ou en pierre<br />
semble résulter du croisement entre les possibilités<br />
techniques et formelles qu’offre le matériau, les coûts<br />
de réalisation et la dimension ostentatoire voulue par le<br />
commanditaire mais également du secteur urbain qui<br />
l’accueille : nature et activité.<br />
Le pan-de-bois se retrouve dans les quartiers modestes ou<br />
fortunés associé à des usages commerciaux et artisanaux.<br />
Laurent Mazuy,<br />
Médiateur du patrimoine<br />
(Orléans)