134 EMPREINTE URBAINE
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160 EMPREINTE URBAINE - Les nouveaux espaces urbains 3 FIG. 2 10 rue de la Cholerie (1519 [d]) (photo Laurent Mazuy) FIG. 3 11 rue du Tabour (1526) (photo Laurent Mazuy) 2
La distribution type du bâti dans les parcelles laniérées n’a pas changé depuis le Moyen Âge : un bâtiment sur rue, suivi d’une petite arrière-cour (puits de lumière) et enfin d’un bâtiment plus modeste lorsque la profondeur le permet. La répartition des pièces et des usages reste également inchangée. Les caves (entre un et deux niveaux, plus rarement trois, dans ce cas il s’agit de carrières de calcaire réaménagées) sont réservées au stockage et au travail notamment le premier niveau qui peut être pourvu d’un puits. Un long couloir latéral permet la traversée du bâtiment sur rue. Il donne accès à l’arrière–cour et à un escalier en colimaçon intégré dans le corps de bâtiment ou en saillie de ce dernier. Cet escalier communique avec la cave, les étages et le bâtiment d’arrière-cour par une galerie. Chaque étage du bâtiment principal est pourvu de deux pièces l’une côté cour, l’autre côté rue. Ces deux salles sont indépendantes et desservies par un couloir (situé au-dessus du précédent). Les combles peuvent être utilisés pour l’habitat ou comme greniers. La Renaissance enrichit ce plan d’une nouvelle pièce : le cabinet. Espace de rangement et coffre-fort de la maison, il est situé aux étages dans le prolongement du couloir et au gabarit de ce dernier. On y accède via la pièce sur rue. Il est éclairé par une petite fenêtre sécurisée par des barreaux. Les niveaux du bâtiment principal (rez-de-chaussée et étage) sont généralement aménagés à la manière d’un plateau technique : plafond à la française en continu et carreaux de terre cuite ou plancher en bois au sol (pour les étages). Chaque plateau peut être équipé de cheminées : deux, placées sur le mur mitoyen en regard du couloir. Des cloisons assurent la division de la surface. Les autres natures de parcelles, aux espaces moins contraints peuvent proposer d’autres distributions et des aménagements intérieurs plus souples. Les grandes maisons ou les hôtels particuliers offrent de ce point de vue des facilités. On trouve, par exemple, dans les cours des galeries à arcades (11 rue du Tabour, 1530-1540). L’architecture en pierre L’architecture en pierre, moellon enduit (VOIR P. X FIG. X) ou parement, correspond à des maisons de commerçants ou d’artisans mais également à des maisons de ville et à des hôtels particuliers. Les parements généralement en moyen appareil sont constitués de plusieurs natures de pierres (6) . Leur répartition varie en fonction des niveaux et des usages : FIG. 4 8 et 10 rue de la Poterne (1487 [d]) (photo Laurent Mazuy) calcaire de Beauce gris (pierre dure) pour les rez-de-chaussée, tuffeau blanc (pierre très tendre) ou calcaire d’Apremont doré (pierre tendre) pour les étages. Ce dernier est souvent associé aux baies (croisées, demi-croisées, fenêtres de cabinet (7) ) et aux décors sculptés qu’il reçoit : larmiers et culots, pilastres et appuis… Les rez-de-chaussée sont réservés en général aux activités commerçantes et artisanales (boutiques ou ateliers) ou comme lieux de stockage (entrepôts de négociants). En façade, les programmes architecturaux épousent les fonctions. Une porte piétonne ouvrant sur les espaces à vivre est associée soit à une devanture (surmontée d’une imposte et pourvue d’une porte) placée en feuillure sous un linteau de bois (8) ou sous une arcade (9) , soit à un simple mur percé de fenêtres hautes (10) . Pour les hôtels particuliers, l’accès à l’habitation se fait via une cour communiquant avec la rue par un portail. Les caves sont, en général, accessibles par une porte piétonne indépendante et donnant sur l’espace public. (6) L’utilisation uniforme du calcaire de Beauce semble récurrente avant la guerre de Cent Ans (ALIX 2007). (7) On observe sur certains chambranles extérieurs la présence d’un badigeon ocre (34 rue de la Charpenterie, 1519 [d] ; Musée historique et archéologique de l’Orléanais, rue Charles Sanglier, façade centrale, à partir de 1530-1540). Cette couleur est également attestée en intérieur (34 rue de la Charpenterie, 1519 [d] ; maison de la Coquille, 7 rue de la Pierre-Percèe, 1540-1545 [d]). L’application de cette couleur reste à dater. (8) Des rez-de-chaussée peuvent être, en effet, traités en pan-de-bois : 37 rue de l’Empereur (reprise en sous-œuvre, autour de 1520 [d]), 36 rue du Poirier (début du 16 e siècle)... (9) Ces grandes ouvertures sur rue peuvent être également fermées par un simple portail facilitant l’entrée et le stockage (écurie ?). Les transactions se déroulent, alors, probablement à l’étage, espace généralement réservé à l’habitat. (10) Le placement de ces fenêtres optimise l’entrée de la lumière (au plus profond de la salle) et libère l’usage de la face interne du mur (1 rue de la Tour, début du 16 e siècle, ou 5 rue des Bouchers, 1520- 1530). Ces baies sont sécurisées par des barreaux. 161
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pas changé depuis le Moyen Âge : un bâtiment sur rue, suivi<br />
d’une petite arrière-cour (puits de lumière) et enfin d’un<br />
bâtiment plus modeste lorsque la profondeur le permet.<br />
La répartition des pièces et des usages reste également<br />
inchangée. Les caves (entre un et deux niveaux, plus rarement<br />
trois, dans ce cas il s’agit de carrières de calcaire réaménagées)<br />
sont réservées au stockage et au travail notamment le premier<br />
niveau qui peut être pourvu d’un puits.<br />
Un long couloir latéral permet la traversée du bâtiment<br />
sur rue. Il donne accès à l’arrière–cour et à un escalier en<br />
colimaçon intégré dans le corps de bâtiment ou en saillie<br />
de ce dernier. Cet escalier communique avec la cave, les<br />
étages et le bâtiment d’arrière-cour par une galerie.<br />
Chaque étage du bâtiment principal est pourvu de deux<br />
pièces l’une côté cour, l’autre côté rue. Ces deux salles sont<br />
indépendantes et desservies par un couloir (situé au-dessus<br />
du précédent). Les combles peuvent être utilisés pour<br />
l’habitat ou comme greniers.<br />
La Renaissance enrichit ce plan d’une nouvelle pièce : le<br />
cabinet. Espace de rangement et coffre-fort de la maison, il<br />
est situé aux étages dans le prolongement du couloir et au<br />
gabarit de ce dernier. On y accède via la pièce sur rue. Il est<br />
éclairé par une petite fenêtre sécurisée par des barreaux.<br />
Les niveaux du bâtiment principal (rez-de-chaussée et<br />
étage) sont généralement aménagés à la manière d’un<br />
plateau technique : plafond à la française en continu et<br />
carreaux de terre cuite ou plancher en bois au sol (pour les<br />
étages). Chaque plateau peut être équipé de cheminées :<br />
deux, placées sur le mur mitoyen en regard du couloir. Des<br />
cloisons assurent la division de la surface.<br />
Les autres natures de parcelles, aux espaces moins<br />
contraints peuvent proposer d’autres distributions et<br />
des aménagements intérieurs plus souples. Les grandes<br />
maisons ou les hôtels particuliers offrent de ce point de vue<br />
des facilités. On trouve, par exemple, dans les cours des<br />
galeries à arcades (11 rue du Tabour, 1530-1540).<br />
L’architecture en pierre<br />
L’architecture en pierre, moellon enduit (VOIR P. X FIG. X) ou<br />
parement, correspond à des maisons de commerçants ou<br />
d’artisans mais également à des maisons de ville et à des<br />
hôtels particuliers.<br />
Les parements généralement en moyen appareil sont<br />
constitués de plusieurs natures de pierres (6) . Leur<br />
répartition varie en fonction des niveaux et des usages :<br />
FIG. 4<br />
8 et 10 rue de la Poterne (1487 [d])<br />
(photo Laurent Mazuy)<br />
calcaire de Beauce gris (pierre dure) pour les rez-de-chaussée,<br />
tuffeau blanc (pierre très tendre) ou calcaire d’Apremont<br />
doré (pierre tendre) pour les étages. Ce dernier est souvent<br />
associé aux baies (croisées, demi-croisées, fenêtres de<br />
cabinet (7) ) et aux décors sculptés qu’il reçoit : larmiers et<br />
culots, pilastres et appuis…<br />
Les rez-de-chaussée sont réservés en général aux activités<br />
commerçantes et artisanales (boutiques ou ateliers) ou<br />
comme lieux de stockage (entrepôts de négociants).<br />
En façade, les programmes architecturaux épousent les<br />
fonctions. Une porte piétonne ouvrant sur les espaces à<br />
vivre est associée soit à une devanture (surmontée d’une<br />
imposte et pourvue d’une porte) placée en feuillure sous<br />
un linteau de bois (8) ou sous une arcade (9) , soit à un simple<br />
mur percé de fenêtres hautes (10) .<br />
Pour les hôtels particuliers, l’accès à l’habitation se fait via<br />
une cour communiquant avec la rue par un portail. Les<br />
caves sont, en général, accessibles par une porte piétonne<br />
indépendante et donnant sur l’espace public.<br />
(6) L’utilisation uniforme du calcaire de Beauce semble récurrente avant la guerre de Cent Ans (ALIX<br />
2007).<br />
(7) On observe sur certains chambranles extérieurs la présence d’un badigeon ocre (34 rue de la<br />
Charpenterie, 1519 [d] ; Musée historique et archéologique de l’Orléanais, rue Charles Sanglier,<br />
façade centrale, à partir de 1530-1540). Cette couleur est également attestée en intérieur (34<br />
rue de la Charpenterie, 1519 [d] ; maison de la Coquille, 7 rue de la Pierre-Percèe, 1540-1545 [d]).<br />
L’application de cette couleur reste à dater.<br />
(8) Des rez-de-chaussée peuvent être, en effet, traités en pan-de-bois : 37 rue de l’Empereur (reprise<br />
en sous-œuvre, autour de 1520 [d]), 36 rue du Poirier (début du 16 e siècle)...<br />
(9) Ces grandes ouvertures sur rue peuvent être également fermées par un simple portail facilitant<br />
l’entrée et le stockage (écurie ?). Les transactions se déroulent, alors, probablement à l’étage,<br />
espace généralement réservé à l’habitat.<br />
(10) Le placement de ces fenêtres optimise l’entrée de la lumière (au plus profond de la salle) et libère<br />
l’usage de la face interne du mur (1 rue de la Tour, début du 16 e siècle, ou 5 rue des Bouchers, 1520-<br />
1530). Ces baies sont sécurisées par des barreaux.<br />
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