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Pour faire face à la crise de l'interculturel Fred Dervin Il ne ... - Users

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egain d’intérêt interdisciplinaire grâce aux travaux du groupe international <strong>de</strong> Dialogical<br />

Sciences, cf. http://www.dialogicalscience.org/) affirme que <strong>la</strong> subjectivité <strong>de</strong> l’individu<br />

est fondée sur u<strong>ne</strong> communauté <strong>de</strong> voix et <strong>de</strong> positions, qui lui sont <strong>à</strong> fois exter<strong>ne</strong>s et<br />

inter<strong>ne</strong>s. Ces voix provien<strong>ne</strong>nt <strong>de</strong> sources diverses : famille, média, hommes politiques,<br />

enseignants, etc. et se multiplient dans nos mon<strong>de</strong>s contemporains, grâce <strong>à</strong> l’accès<br />

presque illimité <strong>de</strong>s voix et positions d’autres espaces­temps (cf. l’exemple <strong>de</strong>s<br />

technologies numériques du soi dans Abbas & <strong>Dervin</strong>, 2009). Ce que les dialogical<br />

scientists tentent <strong>de</strong> <strong>faire</strong>, c’est d’i<strong>de</strong>ntifier les voix et positions chez les individus et<br />

d’observer comment celles­ci dialoguent ensemble, se réfutent, sont mises en scè<strong>ne</strong>... en<br />

al<strong>la</strong>nt au­<strong>de</strong>l<strong>à</strong> du contexte immédiat d’interaction et en prenant en compte les contextes<br />

« macro » (socialité, histoire… ) et les processus person<strong>ne</strong>ls, intra­psychologiques et<br />

subjectifs (Li<strong>ne</strong>ll, 2009). Ainsi, ce sont les voix <strong>de</strong>s « communautés » et <strong>de</strong>s autres<br />

individus mais aussi leurs influences qui sont travaillées et qui permettent d’interroger les<br />

diverses diversités mises en avant (Gillespie et al. 2008 : 37). Par exemple, u<strong>ne</strong> person<strong>ne</strong><br />

peut être amenée <strong>à</strong> décrire <strong>la</strong> position <strong>de</strong> sa communauté sans s’alig<strong>ne</strong>r sur son discours.<br />

Ou bien, <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté peut être absorbée et présentée comme seule et unique<br />

discours. C’est l<strong>à</strong> où les concepts d’intersubjectivité et d’interagentivité pren<strong>ne</strong>nt leur<br />

importance. En effet, si l’on souhaite travailler sur les diverses diversités <strong>de</strong> chacun, on<br />

<strong>ne</strong> peut pas écarter l’altérité qui compose avec l’individu ces diversités. Ce<strong>la</strong> signifie pour<br />

le chercheur, prendre en compte systématiquement les voix­autres dans ses analyses<br />

(Gillespie & Cornish, 2010: 1) et donc abandon<strong>ne</strong>r les approches individualistes, dans les<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recherche ou <strong>de</strong> travail telles que les observations, entretiens, etc. Tous les<br />

travaux linguistiques sur le dialogisme (ex.: Vion, Rosier… ) apportent <strong>de</strong> bons outils<br />

d’analyse, <strong>de</strong> bons indicateurs.<br />

Dans un livre très récent, les dialogistes Hermans & Hermans­Konopka (2009 : 3)<br />

expliquent que l’incertitu<strong>de</strong> est un concept clé pour comprendre les mon<strong>de</strong>s<br />

contemporains et les rapports entretenus entre les individus. <strong>Il</strong>s proposent ainsi<br />

d’exami<strong>ne</strong>r comment le « soi dialogique » fait <strong>face</strong> <strong>à</strong> celle­ci en termes <strong>de</strong> stratégies, en<br />

examinant les voix et les positions. Avec cette proposition, ils ouvrent tout un pan <strong>de</strong><br />

recherches potentielles en interculturel. <strong>Il</strong>s voient 5 niveaux <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong><br />

l’incertitu<strong>de</strong> que je détaille ici :<br />

1. l’individu réduit l’incertitu<strong>de</strong> i<strong>de</strong>ntitaire en diminuant le nombre et l’hétérogénéité <strong>de</strong>s<br />

positions et <strong>de</strong>s voix du soi ;<br />

2. l’individu réduit l’incertitu<strong>de</strong> en <strong>la</strong>issant émerger u<strong>ne</strong> position ou u<strong>ne</strong> voix puissante et<br />

importante, qui va domi<strong>ne</strong>r le soi entier (par ex. en rejoignant un groupe religieux,<br />

politique… ) ;<br />

3. l’individu réduit l’incertitu<strong>de</strong> en accentuant les frontières entre le soi et l’altérité,<br />

considérant cette <strong>de</strong>rnière comme trop différente, étrangère voire même abjecte (racisme,<br />

xénophobie… ) ;<br />

4. l’individu peut réduire son incertitu<strong>de</strong> en accroissant le nombre <strong>de</strong> positions et voix qui<br />

composent son soi ;<br />

5. l’individu accepte entièrement les diversités <strong>de</strong> voix et <strong>de</strong> positions qui composent son<br />

soi et fait fi <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> qui les accompag<strong>ne</strong> – et accepte donc l’impact <strong>de</strong> l’altérité<br />

sur ses positions et voix.

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