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Pour faire face à la crise de l'interculturel Fred Dervin Il ne ... - Users

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surtout s’il est présent dans les actes d’interaction, il <strong>ne</strong> peut ignorer sa propre<br />

contribution aux actes i<strong>de</strong>ntitaires qui se déroulent <strong>de</strong>vant ses yeux, l’interagentivité qu’il<br />

impose aux sujets, et aspirer <strong>à</strong> décrire ce qui se passe, tel un « <strong>de</strong>tached observer using a<br />

<strong>ne</strong>utral <strong>la</strong>nguage to exp<strong>la</strong>in ‘raw data’ » (Rosaldo, 1993: 37). Nous avons l<strong>à</strong> un point<br />

essentiel que Gauje<strong>la</strong>c (2009 : 362) soulig<strong>ne</strong> pour <strong>la</strong> recherche sur l’i<strong>de</strong>ntité en<br />

sociologie, et dont l’interculturel pourrait jouir : « Bon nombre <strong>de</strong> sociologues soulèvent<br />

<strong>de</strong>s questions perti<strong>ne</strong>ntes sur l’i<strong>de</strong>ntité, le sujet, <strong>la</strong> subjectivité, qui conduisent <strong>à</strong> <strong>de</strong>s<br />

recompositions disciplinaires. Mais sont­ils prêts pour autant <strong>à</strong> accepter les conséquences<br />

théoriques et méthodologiques que cette ouverture implique ? ». Dans l’interculturel,<br />

sommes­nous aussi prêts <strong>à</strong> accepter cette omni­diversité, ces diverses diversités <strong>de</strong><br />

chacun qui vont au­<strong>de</strong>l<strong>à</strong> <strong>de</strong>s catégories soli<strong>de</strong>s ou pseudo­mouvantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> nationalité, <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue, l’ethnie… ? Sommes­nous également en mesure <strong>de</strong> prendre en compte l’impact<br />

<strong>de</strong> notre propre diversité et <strong>de</strong>s discours afférents sur les données que nous examinons ?<br />

Enfin, pouvons­nous nous satis<strong>faire</strong> d’analyses inévitablement incomplètes car<br />

incapables d’expliquer le vrai divers ? Et <strong>de</strong> remettre ainsi en question notre casquette <strong>de</strong><br />

« travailleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve » (Latour, 2009 : 43) ? <strong>Il</strong> <strong>ne</strong> s’agit pas l<strong>à</strong> d’avouer <strong>la</strong> défaite ou<br />

<strong>de</strong> <strong>faire</strong> preuve <strong>de</strong> lâcheté mais <strong>de</strong> respecter les diverses diversités avec lesquelles nous<br />

sommes amenées en interculturel.<br />

Diverses diversités<br />

La vérité est qu'on change sans cesse, et que l'état lui­même est déj<strong>à</strong> du<br />

changement.<br />

Bergson, 1907 : 13<br />

Passons <strong>à</strong> présent aux diverses diversités. En psychologie sociale, le concept du<br />

« sens <strong>de</strong> communauté », i.e. <strong>la</strong> réalité psychologique <strong>de</strong> ce que être membre d’u<strong>ne</strong><br />

« communauté » signifie pour un individu, a été travaillé entre autres pas Gillespie et al.<br />

(2008 : 36) pour démontrer les aspects dynamiques <strong>de</strong>s sentiments d’appartenance. En<br />

effet, dans leurs étu<strong>de</strong>s, ils montrent bien comment les individus adhèrent <strong>à</strong> différentes<br />

communautés, qui se contredisent et qu’ainsi, que les attachements <strong>à</strong> diverses<br />

communautés peuvent coexister et interagir au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> subjectivité d’un individu (ibid :<br />

49).<br />

<strong>Il</strong> est c<strong>la</strong>ir que, même si ces diversités sont évi<strong>de</strong>ntes, l’individu contemporain<br />

peut se réfugier dans <strong>de</strong>s appartenances, <strong>de</strong>s communautés et limiter ses attachements.<br />

<strong>Pour</strong> créer u<strong>ne</strong> i<strong>de</strong>ntité, il faut un autre, et parfois, cet autre nous pousse <strong>à</strong> nous renfermer<br />

dans u<strong>ne</strong> i<strong>de</strong>ntité unique, <strong>à</strong> refuser <strong>la</strong> multiplicité par peur, par hiérarchie, par « fatigue »<br />

(Ehrenberg, 2000). De Singly (2008 : 95), qui est re<strong>la</strong>tivement critique <strong>de</strong>s visions parfois<br />

idéalistes <strong>de</strong>s postmo<strong>de</strong>r<strong>ne</strong>s, nous explique que « même hyper­mo<strong>de</strong>r<strong>ne</strong>, l’individu <strong>ne</strong><br />

peut pas vivre sans un certain enraci<strong>ne</strong>ment, sans <strong>de</strong>s appartenances revendiquées. <strong>Il</strong> le<br />

fait avec modération. Mais il le fait, non seulement pour se distinguer, mais aussi pour<br />

être ancré. La consistance dont il a besoin <strong>ne</strong> peut pas venir d’u<strong>ne</strong> i<strong>de</strong>ntité virevoltante,<br />

elle doit prendre appui sur d’autres supports, notamment sur <strong>de</strong>s appartenances ».<br />

Zygmund Bauman (2003 : 110) note <strong>à</strong> propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> communauté qu’elle<br />

représente u<strong>ne</strong> sorte <strong>de</strong> contrat d’assurance contre les risques <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> créés par les<br />

mon<strong>de</strong>s pluriels dans lesquels nous vivons.

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