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Costa Brava - Babel des arts

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COSTA BRAVA ‐ BABEL DES ARTS<br />

DE L’ESCULAPE À LA SCULPTURE «PASSAGES»<br />

Des ruines d'Empúries à la mémoire immortalisée à travers la sculpture du XXI e siècle de<br />

Portbou. De Josep Puig i Cadafalch, qui a commencé les fouilles de cet important ensemble<br />

archéologique en 1908 à L’Escala, à la sculpture intitulée Passages réalisée en 1999 par Dani<br />

Karavan en hommage à la commune frontalière de Portbou, pour remémorer la persécution<br />

et la mort du penseur juif allemand Walter Benjamin –en septembre 1940– dans cette ville.<br />

De l'Esculape à cette sculpture‐mémorial, comprise en tant qu’installation‐architecture sans<br />

frontière, pendant plus de cent ans, la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong> s’étendant de Blanes a Cadaqués –<br />

comme dans la chanson du groupe Sopa de Cabra, qui faisait toutefois fi de Colera et<br />

Portbou – est devenue un véritable carrefour de l’art dans la région méditerranéenne.<br />

Référence historique à l’époque du roi Jacques I er , elle devint un jalon‐clé de l’histoire de<br />

l’art mondial pendant le XX e siècle, notamment grâce à deux de ses villes : Cadaqués et<br />

Tossa de Mar. Au début du XXI e siècle, elle reprend un nouveau souffle pour se resituer dans<br />

un contexte où la culture constitue un axe fondamental du développement et de<br />

l’excellence <strong>des</strong> régions.<br />

Même si <strong>des</strong> noms tels que Marc Chagall, Salvador Dalí, Marcel Duchamp et Dani Karavan‐<br />

Walter Benjamin sont de gran<strong>des</strong> références qui ont exporté le nom de « <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong> » dans<br />

le monde entier, il est assez complexe de citer tous les personnages qui ont été les plus<br />

emblématiques au cours <strong>des</strong> cent dernières années. Cette diffusion, d’il y a quelques siècles<br />

à nos jours, n’aurait par ailleurs peut‐être pas été possible si la vie artistique et intellectuelle<br />

de ces parages et de ces villages situés en bord de mer n’avait pas été plus ou moins intense.<br />

Picasso, Sert et Kitaj ont également laissé leur empreinte dans ces contrées. Tous trois y ont<br />

vécu avant l’avènement du tourisme et du boom de la construction. Ils y ont d’une certaine<br />

manière contribué. Kitaj a noué <strong>des</strong> liens très étroits avec Josep Vicent Roma, directeur<br />

d'une fabrique de liège et maire socialiste après l’ère franquiste. Comme il le rappela lui‐<br />

même lors d’une entrevue accordée à la revue Bonart : « J’ai introduit cet artiste américain<br />

au sein de la réalité de la Péninsule de l’époque et du catalanisme. Les traces que cela a<br />

laissées dans la conscience de Kitaj ont été très profon<strong>des</strong>. Car la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong>, plus que le<br />

soleil, la plage et les rochers, était aussi synonyme de construction d’une nouvelle réalité<br />

multiculturelle combinant l’identité et la culture ancestrales d’une région avec les progrès<br />

actuels et une vision d’avenir ». La récente sélection de Ferran Adrià à l’Expo Documenta de<br />

Kessel – un événement artistique de référence à l’échelle internationale –, ce cuisinier qui, à<br />

Roses, intègre totalement l’art dans son travail, constitue une bonne alliance entre l’avenir<br />

et la fusion de domaines comme la gastronomie et l’art. Une symbiose qu’Adrià a mise en<br />

pratique et qu’il a héritée de ces amis artistes qui venaient le voir, le motiver et le soutenir<br />

artistiquement depuis Cadaqués.<br />

Cependant, la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong> – un endroit parfois méconnu et wagnérien – n’a pas vécu que<br />

grâce à ses artistes ; son mécénat a également joué un rôle important, comme en témoigne<br />

l’action d’entrepreneurs comme Antoni Vila Casas au cours <strong>des</strong> dernières années. Le mécène<br />

barcelonais a en effet entreposé sa collection de photographies contemporaines nationales<br />

et internationales dans le magnifique bâtiment médiéval du Palais Solterra, à Torroella de<br />

Montgrí. Par ailleurs, la maison Can Mario de Palafrugell, une construction industrielle du<br />

début du XX e siècle, expose le fonds de sculpture catalane contemporaine. Deux collections<br />

de haut rang proposées en Catalogne et dans la Péninsule.<br />

Soulignons également la future installation de la collection de peintures catalanes de la<br />

baronne Carmen Thyssen dans l’ancienne fabrique de liège Serra Vicens de Sant Feliu de<br />

Guíxols. Le projet de restauration et d’architecture, déjà présenté, est en cours de<br />

réalisation. Vu l’importance que revêt la collection de cette mécène, cette initiative, une <strong>des</strong>


plus ambitieuses qui ait été lancée récemment, jouit d’un potentiel impressionnant. Ce<br />

rapprochement a été possible grâce aux relations familiales existant entre la baronne et la<br />

population de Sant Feliu de Guíxols. Avec le Centre d’étu<strong>des</strong> Walter Benjamin de Portbou,<br />

dont l’avant‐projet avait été réalisé par l’architecte Norman Foster, mais qui est en suspens,<br />

il s’agit <strong>des</strong> projets les plus importants qui, si tout va bien, viendront renforcer la richesse du<br />

patrimoine de la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong>, hérité de l’Antiquité à nos jours.<br />

LA CATALOGNE NORD ET LA COSTA BRAVA<br />

La <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong> et la Catalogne Nord ont toujours été caractérisées par un transfert constant<br />

de personnes et de connaissances. Il fut d’ailleurs un temps où les deux régions n’en<br />

formaient qu’une seule. À cette étroite relation, il convient d’ajouter le fait que la guerre<br />

civile a forcé de nombreux républicains – dont beaucoup d’artistes – à s’exiler. C’est ainsi<br />

que le sculpteur <strong>des</strong> années 1900 Arísti<strong>des</strong> Mallol, très lié à Barcelone et Paris, est né à<br />

Banyuls, où il a aussi établi sa résidence. C’est là qu’il recevait ses amis catalans et français<br />

Hugué, Casanovas, Séverac, Bonnard et Denis, entre autres.<br />

Ceret fut et reste un autre épicentre de relations entre la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong> et la Catalogne Nord.<br />

Ce village prit part à l’aventure de l’art moderne en 1910 en accueillant les artistes Manolo<br />

Hugué et Frank Burty ainsi que le compositeur Déodat de Séverac. Un an plus tard à peine,<br />

après le passage de Picasso et Braque, André Salomon l’appela « la Mecque du cubisme ».<br />

Une Mecque qui a donné naissance à un musée d’art dirigé depuis 1986 par Josefina<br />

Matamoros, fille d’exilés républicains. Ce centre, qui accueille le visiteur avec une œuvre<br />

murale en céramique d’Antoni Tàpies à l’entrée, atteste <strong>des</strong> nombreuses relations existant<br />

entre la Catalogne Nord et le Principat (provinces de Barcelone, Tarragone, Lérida et<br />

Gérone). Il reflète aussi la kyrielle d’artistes qui sont passés par Ceret : Picabia, Sunyer,<br />

Soutine, Masson, Tzara, Gargallo, Cocteau, Brossa, Perejaume et Carr, entre autres. Et pour<br />

poursuivre ce tissage de relations, une <strong>des</strong> dernières expositions du musée s’est consacrée<br />

au fauvisme. Ce mouvement, lancé à Collioure par Matisse et Derain, a gagné la<br />

reconnaissance du village, où gît un républicain emblématique, le poète Antonio Machado.<br />

L’exilé le plus récent (années 80) est l’artiste barcelonais Carles Pazos qui, lassé <strong>des</strong> gens qui<br />

ne prêchent que pour la chapelle du Principat, est venu s’y réfugier.<br />

RADIOGRAPHIE RÉSUMÉE<br />

Ci‐après, vous trouverez une radiographie résumée, une chronique, pourrait‐on dire,<br />

comprenant quelques traits relatifs à certains <strong>des</strong> grands noms et événements artistiques de<br />

la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong>. Un résumé marqué par quelques absences qui retrace tout – à quelques<br />

exceptions près – le centenaire de la dénomination « <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong> » lancée par Ferran Agulló.<br />

Une synthèse qui met l’accent sur l’art contemporain, souvent le moins cité en raison du<br />

manque de distance temporelle.<br />

PORTBOU. En 1999, soixante ans après que Walter Benjamin se suicide à Portbou pour<br />

échapper à la griffe nazie – de mèche avec le régime franquiste –, l'artiste israélien Dani<br />

Karavan commémora cette tragédie à l’aide d’un monument qui allie sculpture et<br />

architecture : trois pièces d’acier Corten disposées dans un rayon de moins de cinquante<br />

mètres qui se terminent en un tunnel fermé par une vitre qui donne sur la falaise, vers<br />

l’infinitude de la mer. Une œuvre d’une subtilité allégorique peu habituelle au sein de l’art<br />

contemporain actuel. En marge de ce symbole <strong>des</strong> XX e et XXI e siècles, le sculpteur et<br />

collectionneur Frederic Marès – qui dispose d’un musée à Barcelone –, le peintre et<br />

scénographe Esteve Francès et les frères Rafel et Àngels Santos Torroella – respectivement<br />

critique d’art réputé et auteur de la fameuse œuvre Un mundo, conservée au Musée Reina<br />

Sofía de Madrid – ont été les piliers artistiques de la ville.


COLERA. À l’exception de la naissance du peintre Joan Padern, ce village n’avait jamais été<br />

synonyme de tradition artistique. L’arrivée du peintre et sculpteur new‐yorkais Ralph<br />

Bernabei et de sa compagne belge, Silvy Wittevrongel, directrice d’une galerie, ont modifié<br />

l’orographie artistique de la localité. Tout d’abord avec la galerie Horizon, inaugurée en 1993<br />

au centre‐ville, transférée par la suite vers un espace plus grand à l’entrée du village. Ensuite<br />

avec l’édition de la revue annuelle Outer Horizons. Deux initiatives pour lesquelles la<br />

participation du <strong>des</strong>sinateur allemand Frido Steinen‐Broo et l’artiste de Gérone Enric<br />

Ansesa, entre autres, s’est avérée décisive.<br />

LLANÇÀ. Dans les années soixante, Llançà était une référence. Dans le quartier de Guifreu, la<br />

ville a hébergé Josep Palau i Fabre, poète, homme de théâtre et un <strong>des</strong> plus grands<br />

spécialistes de Picasso. Il n’était pas seul. Le romancier Pere Calders, avec qui il a eu une<br />

relation du style « je t’aime, moi non plus », y a également élu domicile. Autre personnage<br />

de la vie artistique de Llançà : le peintre et aquarelliste Josep Martínez Lozano qui, avec le<br />

maire de l’époque, Josep Maria Salvatella, fonda le Musée de l’aquarelle ; une référence<br />

nationale actuellement dirigée par son petit‐fils, Eduard Martínez. Ou encore FER, le<br />

<strong>des</strong>sinateur et promoteur du prix d’humour graphique El Gat Perich, organisé au départ<br />

depuis Llançà.<br />

SELVA DE MAR ‐ PORT DE LA SELVA. Bien qu’il ait vécu longtemps à Paris, Fernando Lerín,<br />

cultivateur d’une abstraction que l’on peut qualifier de poétique, incarne la principale<br />

présence artistique de la Selva de Mar. Sans oublier les réunions informelles que<br />

l’historienne de l’art Marta Pol, spécialisée en performance, organisait dans les années<br />

quatre‐vingts et quatre‐vingt‐dix. À Port de la Selva, le plus grand représentant artistique<br />

<strong>des</strong> années soixante‐dix fut le prix de peinture Tina del Port, lancé par le poète de Figueres<br />

Fages de Climent et par le marchand d’œuvres d’art Ismael Planells, né à Riudellots de la<br />

Selva, mais résidant à Figueres. Dalí était également lié au prix.<br />

CADAQUÉS. Construite entre 1725 et 1788 par Pau <strong>Costa</strong> et Joan Torres, l'église de Santa<br />

Maria héberge l'un <strong>des</strong> retables baroques les plus remarquables de Catalogne qui a inspiré<br />

<strong>des</strong> artistes de taille comme Richard Hamilton, par exemple. Bien que Dalí, à travers ses<br />

peintures, ait transformé le paysage rocheux de la ville en lieu de découverte de la méthode<br />

parano‐critique surréaliste, Eliseu Meifren fut un <strong>des</strong> premiers à découvrir sa beauté<br />

picturale. Avec Gala, Dalí s’installa à Portlligat, juste au nord de Cadaqués, en 1930. Sa<br />

présence attira de grands noms tels que Lorca, Buñuel et Miró. Après douze ans d’absence,<br />

en 1948, à leur retour <strong>des</strong> Etats‐Unis, ils décidèrent d’établir leur point d’ancrage à leur<br />

résidence d’été de Portlligat.<br />

Ramon Pitxot, « coupable » de la vocation artistique de Dalí, s’y installa au début du siècle<br />

dernier et invita Picasso à venir passer l’été. C’était en 1911. C’est là que Picasso lança le<br />

cubisme analytique. Marcel Duchamp y passait également l’été, tout comme, après lui, Max<br />

Ernst, Man Ray, John Cage et Richard Hamilton, qui acheta le presbytère de l’église de<br />

Cadaqués. Ils furent tous superbement radiographiés par le peintre, éditeur et essayiste<br />

Joan Josep Tharrats dans le livre Cent anys de pintura a Cadaqués. Luis Romero fut un <strong>des</strong><br />

critiques par antonomase de l’activité artistique de Cadaqués. Il vécut aussi de près le<br />

pèlerinage <strong>des</strong> membres de la Gauche divine de Barcelone à Cadaqués. À noter l’exposition<br />

de 1976 organisée par l’ADAG (Assemblée démocratique d’artistes de Gérone) en hommage<br />

à Carles Rahola.<br />

Après la mort de l’architecte américain Peter Harden, son associé, l’architecte, artiste et<br />

responsable de galerie Lanfranco Bombelli émigra à Cadaqués, où il ouvrit une galerie qu’il<br />

baptisa du nom de la ville. Il y invita les plus grands artistes nationaux et internationaux<br />

comme Joseph Beuys, Dieter Roth, Jasper Johns, Frank Stella, David Hockney et Max Bill, par


exemple, à venir exposer et/ou séjourner. Avec son aide, l'artiste Antoni Muntadas créa la<br />

première chaîne de télévision locale et Antoni Miralda réalisa ses premières installations<br />

gastrosculpturales. Ràfols Casamada et son épouse, Maria Girona, également artiste, ainsi<br />

qu’Eduardo Arranz‐Bravo, qui collaborait à l’époque avec Rafael Bartolozzi, furent aussi<br />

étroitement liés à Cadaqués et à Bombelli. Surtout Arranz‐Bravo, auteur de la fameuse<br />

performance Intens Cadaqués Blau en 1987. Fondé en 1992, l’Athénée de Cadaqués,<br />

principalement mis sur pied par Wolfgang Berus, réalisa <strong>des</strong> tâches très fertiles.<br />

À l’heure actuelle, force est de mentionner le travail réalisé par l’Atelier Galeria Fort et le<br />

prix de minigravure qu’il organise, la galerie Marges‐U, orchestrée par les artistes Nobuko<br />

Kihira et Gustau Carbó, ainsi que la continuité de la galerie de Lanfranco Bombelli qu’assure<br />

le jeune de Cadaqués Huc Malla dans la galerie Cadaqués Dos.<br />

ROSES. Ferran Adrià – cuisinier, artiste, showman, magicien <strong>des</strong> déconstructions –, le peintre<br />

imformaliste Sánchez Santiago – qui a vécu longtemps en Suisse – et le sculpteur<br />

expressionniste Narcís <strong>Costa</strong> – qui, originaire de Gérone, vit à l’Empordà, où il crée <strong>des</strong><br />

pièces d’une lecture excellente dont le fer et le bois sont les matières essentielles –<br />

constituent la crème de la créativité locale.<br />

GARRIGUELLA‐PERALADA. Le peintre expressionniste Patxè – Xavier Casellas – et<br />

l’informaliste Jordi Gispert – originaire de Salt – sont les principaux promoteurs de l’art<br />

contemporain de la ville. Après avoir réalisé une diffusion efficace par le biais d’expositions<br />

dans les années soixante‐dix et quatre‐vingts, dans les années quatre‐vingt‐dix, ils ont opté<br />

pour les conférences et les réunions informelles en petit comité.<br />

Les organisateurs du festival de musique de la ville ont tenu à intégrer de nombreux artistes<br />

comme Eduardo Arroyo, Antonio Saura, Antoni Miralda et Luis Gordillo, qui ont été chargés<br />

de faire les affiches <strong>des</strong> différentes éditions.<br />

L'ESCALA ET L’ARMENTERA. Bien que né à L’Armentera, le peintre, administrateur culturel,<br />

homme politique et pharmacien Joan Massanet fut l’artiste de la ville qui a le plus rayonné à<br />

l’échelle internationale. En 2005, le Musée d’art de Gérone et le Musée Reina Sofía ont<br />

consacré une importante anthologie à ce grand ami de Dalí, Miró, Remei Varo et Maruja<br />

Mallo, entre autres personnalités. L’Escala dispose par ailleurs d’une salle permanente<br />

consacrée à la feu artiste de Gérone Emília Xargay, qui a longtemps eu sa résidence d’été<br />

dans la ville. Cela fait également plus de vingt ans que le peintre originaire de Sant Miquel de<br />

Campmajor, Lluís Roura, s’y est installé .<br />

TORROELLA DE MONTGRÍ. Francesc Gimeno, puis Joaquim Mir furent les premiers à<br />

découvrir le paysage de cette localité et de le valoriser à travers l’art. Influencé par ces deux<br />

artistes et par ses liens familiaux, Josep Maria Mascort Galibern (Barcelone, 1890‐1947) y<br />

atterrit également. Et en 2007, son neveu, l'avocat Ramon Mascort Amigó, inaugura la<br />

Fondation Mascort dans la Casa Galibern en vue d’encourager les œuvres et auteurs liés à<br />

l’histoire et la nature.<br />

Le Musée de la Méditerranée, ouvert récemment, constitue un autre espace<br />

muséographique de la ville, qui héberge également la galerie Botó de Roda, fondée en 1988<br />

et fermée en 2009, l’espace Michael Dunev Art Projects, en activité depuis 2000, et Atrium,<br />

l’atelier‐galerie de l’artiste barcelonais Roca Sans, qui rassemble <strong>des</strong> artistes émergents et<br />

reconnus tant nationaux qu’internationaux.<br />

PALS. La première introduction de l’art contemporain au sein de cette ville, qui remonte aux<br />

années soixante, est le fruit de l’intervention de la Marquise de Ripalba, mécène, grâce à<br />

laquelle l’Art Gallery vit le jour. Cet espace a accueilli de grands artistes catalans comme Puig


Manera, Antoni Tàpies, Joan Ponç, Enric Ansesa et Jaume Faixó, entre autres. L’univers<br />

kitsch et d’Arte Povera de l’artiste culte et courtois Toni Agustí ainsi que les marines de<br />

<strong>Costa</strong> Sobrepera sont également présentes dans la ville. Dans les années quatre‐vingt‐dix,<br />

les sœurs Bagué prirent la relève et organisèrent plusieurs expositions d'art contemporain. À<br />

noter également la galerie d’art contemporain Son Espace Gallery, mise en place par<br />

l’administrateur culturel de Palafrugell Julià Sunyer avec le soutien de l’artiste Luis Vidal, au<br />

départ, où ont notamment exposé Xavier Escribà et Marisa Bisbe.<br />

BEGUR. Ici, on soulignera surtout le travail que Laura Llorens a réalisé pendant plus de<br />

trente ans aux rênes de la galerie Can Marc, qui accueillait <strong>des</strong> œuvres d’artistes plus ou<br />

moins connus comme Lluís Birchall, Martí Rom et Rey Polo. Sans oublier Lluís <strong>Costa</strong> et les<br />

Escoles Velles de Begur qui, à la fin <strong>des</strong> années quatre‐vingt‐dix / début du vingtième siècle,<br />

sous l’impulsion de l’historien et responsable <strong>des</strong> archives municipales, ont mené toute une<br />

série d’activités et d’expositions ainsi qu’un concours de peinture en été.<br />

PALAFRUGELL ET CALELLA DE PALAFRUGELL. La présence de Mo<strong>des</strong>t Cuixart à Palafrugell<br />

depuis 1971 a renforcé le rôle que joue la ville dans les milieux artistiques de l’Empordà et<br />

appuyé un grand nombre d’artistes comme Floreal Soriguera, Jordi Sàbat, Albert Viladrosa,<br />

Eduard Bigas, Tano Pisano, Rodolfo Candelaira et Francesc Boera. Ce dernier, plus âgé, du<br />

style de Rousseau, fut découvert par Josep Gich, directeur de la galerie Pièce Unique, une<br />

grande référence de la ville. Côté galeries, on retrouve également, à différentes époques, la<br />

galerie administrée quelques années par Xavier Amir, auteur du fameux guide‐livre<br />

incontournable sur l’art <strong>des</strong> régions de Gérone ; la Salle d'Art Empordà ; la galerie Lluís Heras<br />

; Carpe Diem, dirigée par l’artiste Mercè Lluís ; et La Polèmica, librairie et salle d’expositions<br />

emblématique de la famille Turró. Pour ce qui est <strong>des</strong> musées, on citera la Fondation Josep<br />

Pla, créée en vue de diffuser l’œuvre de Pla par l’intermédiaire <strong>des</strong> intellectuels qu’il<br />

fréquentait et <strong>des</strong> artistes contemporains qui s’y sont intéressés ; le Musée du liège, faisant<br />

partie du réseau du Musée de la science et de la technique de Catalogne. Sans oublier la<br />

biennale de photographie Xavier Miserachs et les archives d’art moderne et contemporain<br />

créées par l’historienne et critique d’art Maria Lluïsa Borràs dans la bibliothèque municipale<br />

(une œuvre de Rafael Masó) de la ville. Comme nous l’avons mentionné précédemment, la<br />

Fondation Vila Casas a son siège à la maison Can Mario et prend la relève de Cuixart pour<br />

dynamiser la présence de l’art dans la ville.<br />

À Calella de Palafrugell, les jardins qui appartiennent à la caisse d’épargne Caixa Girona<br />

proposent une collection complète de sculptures contemporaines mise en place par Arcadi<br />

Calzada – ancien président de l’institution – avec le soutien du directeur de la galerie Antoni<br />

Niebla. À proximité d’un endroit idyllique et d’un jardin botanique se dressent d’imposantes<br />

sculptures de Riera i Aragó, Joseph Beuys, Enric Ansesa, Marcel Martí, Jaume Plensa, Xavier<br />

Corberó, Sergi Aguilar, Jorge Oteiza, Torres Monsó, Bonaventura Anson, etc.<br />

PALAMÓS. Le peintre Josep Maria Sert et son Mas Juny, qui furent la panacée de<br />

l’intellectualité et du glamour – dont hérita alors Salvador Dalí –, le critique d’art et juriste<br />

Cesáreo Rodríguez Aguilera, le critique d’art et collectionneur Francesc Galí – à l’origine du<br />

concours photographique Vila de Palamós –, les peintres expressionnistes Muxart et Xargay<br />

et les postimpressionnistes Comas et Sarquella, sont les meilleurs représentants de la ville,<br />

où ils résident toute l’année. À l’heure actuelle, Nyaki et Lluïsa Xarnach constituent le grand<br />

enjeu contemporain de la ville, le premier dans le domaine de l’art graphique et la deuxième<br />

dans celui <strong>des</strong> installations.<br />

PLATJA D’ARO ‐ CASTELL D’ARO ‐ S’AGARÓ. Pour évoquer ce triumvirat, rien de tel que<br />

deux icônes incontournables : d’une part l’ensemble architectural de Rafael Masó, un <strong>des</strong>


illustres artistes modernistes et art nouveau de Gérone et de la Catalogne, concepteur de la<br />

ville‐jardin de S’Agaró ; et d’autre part le peintre barcelonais Manel Bea, qui a résidé à<br />

Castell d’Aro depuis 1979 jusqu’à sa mort. Bea, très talentueux, combinait sa peinture<br />

informaliste avec <strong>des</strong> lignes surréalisantes. L’artiste Àlex Pallí, la galerie que la famille Niebla<br />

a eue dans la ville à différentes époques et la galerie Omnium Ars sont les autres présences<br />

notoires. Le marchand d’œuvres d’art d’origine aragonaise Juanjo Gallardo, qui dirige les<br />

expositions de l’emblématique Castell de Benedormiens, comprenant <strong>des</strong> œuvres de Goya,<br />

Bea, Dalí, Cuixart, Puértolas, Navarro Vives..., a été un personnage‐clé dans le cadre de la<br />

diffusion de Castell d’Aro. Cette ville est par ailleurs le lieu de résidence estivale de l’artiste<br />

barcelonais Josep Navarro Vives (né à Paris), qui est passé de l’art cinétique à la peinture<br />

métaphysique en passant par l’informalisme.<br />

SANTA CRISTINA D'ARO. La Casa Màgica (la Maison magique), une grande ferme catalane,<br />

est pleine de posters, ustensiles de magie, jeux de cartes, automates, peintures, <strong>des</strong>sins,<br />

sculptures… Le Musée de l’illusion et de la curiosité rassemble toute cette collection<br />

engrangée au fil <strong>des</strong> ans par l’illusionniste, promoteur culturel et mécène Xevi Sala <strong>Costa</strong>,<br />

mieux connu sous le nom de « Xevi le magicien ». Les peintures de Josep Albertí et de Josep<br />

Perpinyà constituent également une partie importante de la collection.<br />

SANT FELIU DE GUÍXOLS. Les artistes Josep Berga, Pons Martí, Torrent Bruch et Ferran<br />

Ponsjoan furent les premiers à proposer une vision personnelle du paysage <strong>des</strong> lieux. Plus<br />

tard, on notera aussi la présence du Barcelonais Josep Amat qui, entre autres paysages, a<br />

immortalisé un moment de la ville qui perdure dans la mémoire en dépit de la disparition<br />

lointaine <strong>des</strong> bancs verts. Il existe <strong>des</strong> preuves selon lesquelles son ami, le peintre Raoul<br />

Dufy, était venu lui rendre visite. Le mécénat de la baronne Thyssen s’est avéré décisif<br />

pour la reconnaissance de son œuvre. De son côté, Josep Albertí, né aux Baléares, a<br />

certainement imprégné ses peintures de l’image la plus viscérale d’un paysage qu’il avait<br />

dans le cœur. Jusqu’à sa mort, en 1993, Albertí dont l’artisticité innée, tant pour le<br />

chant, que pour la poésie et l’art plastique (pour la vie, en définitive) en fit un <strong>des</strong><br />

personnages les plus charismatiques de la ville. On pourrait dire qu’il a fait office de fil<br />

conducteur, de lien entre les artistes de différentes générations, aussi bien locaux<br />

qu’étrangers. Il y a également Kitaj, que nous avons mentionné précédemment. À partir<br />

<strong>des</strong> années soixante‐dix, d’autres artistes sont aussi venus s’installer à Sant Feliu de Guíxols,<br />

comme les fameux Marzo‐Mart – sculpteur et peintre – et Alberto Udaeta – sculpteur et<br />

bijoutier–, les peintres Josep Miralles et Xavier Ruscalleda (décédé récemment) ainsi que la<br />

sœur de ce dernier, Queralt. À épingle aussi, le créateur sporadique et administrateur<br />

culturel Richard Vanderaa.<br />

En plus de cette vie plastique animée, cette ville héberge aussi le Musée de l’histoire <strong>des</strong><br />

jouets – Collection Tomàs Pla et organise le concours international de <strong>des</strong>sin de la biennale<br />

Prix Josep Amat. Côté galeries, on peut mentionner l’ancienne galerie Carme Tatché, Fècit –<br />

dirigée par Mar Nadal – et l’actuelle Galeria Kroma, orchestrée par les sœurs Cendrós. Sans<br />

oublier le Musée Thyssen susmentionné, bien sûr, un <strong>des</strong> fers de lance de la nouvelle ère de<br />

la ville.<br />

TOSSA DE MAR. D’une « boîte cachée entre les montagnes » (Joan Maragall) à la « <strong>Babel</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>arts</strong> » (Rafael Benet). Olga Sacharoff et son époux, Otto Lloyd, ainsi que l’artiste anglais<br />

Galwey furent les premiers à découvrir Tossa de Mar, en 1916. Ce n’est que plus tard, dans<br />

les années trente, que de nombreux artistes, écrivains, philosophes, poètes, architectes…<br />

vinrent s’y concentrer (d’où la dénomination « <strong>Babel</strong> <strong>des</strong> <strong>arts</strong> » du peintre et critique d’art<br />

Rafael Benet) et que la ville devint le refuge physique, spirituel et créatif d’une série<br />

d’artistes.


« Le paradis bleu » : c’est ainsi que Marc Chagall baptisa Tossa de Mar à la suite <strong>des</strong> séjours<br />

qu’il y passa pour fuir du géant nazi, au cours <strong>des</strong> étés de 1933 et 1934. Aujourd’hui, le<br />

Musée municipal conserve encore la fameuse œuvre intitulée Le violoniste bleu. L’arrivée de<br />

Chagall a coïncidé avec celle d’artistes internationaux comme Brignoni, Schulein, Kars,<br />

Masson, Metzinger et Klein et de noms catalans comme les sculpteurs Enric Casanovas et<br />

Enric Monjo et les peintres Pere Creixams – dont le séjour à Paris a eu <strong>des</strong> effets catalyseurs<br />

sur les artistes étrangers – Emili Armengol, Manuel Humbert, Oleguer Junyent et Perrin.<br />

Parmi les principaux artistes contemporains de la ville figurent notamment Bonaventura<br />

Anson – qui, bien que ne résidant pas à Tossa, y est très lié – et l’administratrice culturelle et<br />

critique d’art Glòria Bosch – qui a joué un grand rôle dans le cadre de la récupération de l’art<br />

catalan contemporain. Autres artistes talentueux qui viennent passer l’été à Tossa de Mar :<br />

le peintre américain Dennis Hollingsworth, le sculpteur d’origine écossaise Mick Tacker ainsi<br />

que les artistes barcelonais Joaquim Hidalgo et Blanco Grané qui, l’été, transforment leurs<br />

studios en petits show‐rooms.<br />

Sans oublier le travail de la Galeria Joan Planellas.<br />

LLORET ET BLANES. Le photojournaliste Òscar Rodbag incarne la contribution à l’art la plus<br />

imposante que Lloret n’avait plus connu depuis <strong>des</strong> lustres. Blanes, pour sa part, dispose<br />

d’un éventail artistique légèrement plus large. La Fondation Àngel Planells, le groupe Public<br />

Project, la galerie l’Arcada de Blanes et le jeune artiste Miquel Gelabert, résidant<br />

actuellement à Barcelone, sont les derniers points de diffusion artistique de la <strong>Costa</strong> <strong>Brava</strong>.<br />

Ricard Planas Camps, éditeur de la revue Bonart<br />

Soutien éditorial : Antoni Ribas Tur, historien de l’art

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