sounet - Université de Provence

Vous qui pouvez traiter le Rhône de ruisseau,
Anas rire, en vesènt qu’un ome se prefounde
Et se noie en passant un sirnple filet d’eau.
Enfin, m’en siéu tira fresquet coume uno loquo...
Mais laissons de côté cet innocent plongeon,
— Que me dirias belèu que bate la barloquo —
Et devisons de vous. Quand quittez-vous Toulon?
Quouro vous sarras mai de la Tourre-carrado?
Quand venez-vous presser la main de vos amis?
Quouro venès quicha l’anchoio, cambarado?
Quand pourrons-nous encor nous trouver réunis?
Anas vèire, moun bèu, emé quanto alegresso,
Avec quels doux transports vous êtes attendu!
Que de poutoun nourri! que de càudi caresso!
On vous mange tout vif, mon cher enfant perdu!
Pèr moun comte, vesès, me n’en farai pas fauto:
Je veux, mon bel ami, si fort vous embrasser,
Qu’enlève la coulour bistro de vòsti gauto.
Vous êtes prévenu; c’est à vous d’aviser.
La pichoto d’Enri, queto bravo pichoto!
Vous appelle sans cesse, et, rien qu’à votre nom,
Se met à trefouli de gau, la couquinoto!
Oh! la charmante enfant! oh! le gentil luron!
Disès-me s’avès vist eila moun vièi Felibre,
Ce vénérable ami, ce JEUNE et beau vieillard,
Lou bon Moussu Thouroun, enca verd coume un vibre
L’esprit fin, le grand cœur, dont s’honore le Var?
Manquessias pas au mens de ié faire vesito;
Avant de revenir, charmant réintegré,
Vole qu’anés douna pèr iéu, que l’amerito,
Un amical bonjour au poète inspiré...
Ah, ç’anen, sarié tèms d’arresta la machino,
Puisque l’on doit bientôt vous revoir sous nos cieux.
Alor, nous countarés voste viage de Chino
Et je vous chanterai quelques refrains joyeux!...
1868.