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CENTRE PAUL LEGER

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LA LEGENDE DU SKI<br />

Des bûcherons font glisser les arbres abattus jusqu'au village par des chemins glacés.<br />

Assis au sommet de la glissière, Flocon-de-Neige vit les deux troncs filer côte à côte, gagner de la<br />

vitesse, passer en y imprimant à peine leur trace sur des parties de neige molle où, de pointe ou<br />

immobiles, ils eussent enfoncé jusqu'en leur milieu. Il les vit, entraînés par la vitesse acquise, quitter le<br />

sol au passage de bosses ou d'ondulations du terrain et, malgré leur poids, sauter comme des<br />

crayons lancés par une main gigantesque.<br />

Flocon-de-Neige se mit à rêver. Il s'imagina qu'il devenait un géant, comme l'on en voit dans les<br />

contes de fées caresser du doigt le coq du clocher et franchir d'une enjambée une maison ou un<br />

fleuve. Parce qu'il était le maître de son rêve, il fixa les troncs d'arbres à ses pieds de géant et debout<br />

sur eux, il se laissa entraîner par leur propre vitesse et glissa lui aussi sur la pente glacée,<br />

se grisant d'une course prodigieuse.<br />

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il souffrit de se voir si petit et si lent à marcher sur la neige.<br />

Pour faire une grande chose il suffit parfois de transposer son rêve dans la réalité et de mettre<br />

toute son énergie à cette réalisation. Flocon-de-Neige fit cela. Il pensa que les dimensions de son corps<br />

ne changeaient rien à son rêve et que si deux troncs d'arbres étaient nécessaires pour permettre à un<br />

géant de glisser sur la neige, deux simples planches suffiraient pour porter un homme.<br />

Il se mit à l'œuvre sans attendre d'avantage. A coups de hachette, il ébarba deux branches<br />

longues de deux mètres environ, les fixa à ses pieds avec des cordes et se lança dans la descente.<br />

Hélas ! Il ne put parcourir un pouce de distance et tomba dans la neige. Un autre que lui se fût peut-être<br />

découragé à ce premier échec. Lui, au contraire, se remit plus ardemment au travail. Il aplanit les<br />

bûches sur toute leur longueur, jusqu'à leur donner la forme de deux longues planches et, de nouveau,<br />

les fixa à ses pieds. Cette fois-ci, il glissa rapidement sur la pente. Il comprit que son beau rêve allait<br />

se réaliser. Quelques mètres plus bas, l'extrémité de ses planches heurta une excroissance du<br />

terrain. Il fut projeté sur le sol. La même expérience plusieurs fois renouvelée le convainquit de la<br />

nécessité de recourber l'extrémité de ses bois. Il dut pour cela diminuer l'épaisseur des planches jusqu'à<br />

deux centimètres seulement. En les chauffant à la vapeur et en les mettant dans une presse, fabriquée<br />

par lui exprès pour cela, il put les recourber. Il eut en même temps l'idée de creuser une profonde<br />

rainure à la partie inférieure du bois pour que la direction en fût plus rectiligne.<br />

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