Tennis Info n°443 - Juillet-Août 2012 - Fédération Française de Tennis

Roland Roland-Garros Garros 2012 2011
Simple meSSieurS
Nadalégend
En remportant son septième titre à Roland-Garros, Rafael Nadal a ajouté un chapitre
à sa légende. Et il y a fort à parier qu’il continuera de l’écrire encore longtemps…
Jamais personne, avant Rafael
Nadal, n’avait dominé à tel
point le simple Messieurs des
Internationaux de France.
Depuis sa première séance
d’entraînement parisienne le jeudi 19 mai
2005 – à 19 heures sur le court Suzanne-
Lenglen face à Ivo Karlovic –, jusqu’à la
double faute frappée par Novak Djokovic
le lundi 11 juin 2012 – à 14 h 02 sur le
court Philippe-Chatrier – , “Rafa” a remporté
52 de ses 53 matchs ! La victoire
dans cette dernière finale face au n° 1
mondial, remportée 6/4, 6/3, 2/6, 7/5 en
3 h 50 et deux jours, lui a permis d’asseoir
plus encore son pouvoir.
En remportant le tournoi pour la
7 e fois, il a dépassé Björn Borg et ses six
succès. Dans toute l’histoire du tennis
masculin, personne n’a fait mieux qu’un
septuplé* en Grand Chelem. Depuis
1968 et le début de l’ère open, seuls Pete
Sampras à Wimbledon et Rafael Nadal
à Roland-Garros, donc, ont réussi cet
Après sa 7 e victoire à Roland-Garros, Rafael
Nadal étreint son oncle et entraîneur Toni.
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exploit majuscule. Ce record serait peutêtre
déjà enterré si, en 2009, les genoux
meurtris, “Rafa” n’avait pas subi en huitièmes
de finale son seul revers parisien
face à un Robin Söderling de gala… Trois
ans plus tard, cette défaite ressemble
vraiment à un accident de parcours.
Car cette année, le Taureau de Manacor
est apparu comme le seul maître de
la terre. D’Indian Wells 2011 à l’Open
d’Australie 2012, Novak Djokovic l’avait
dompté lors de sept finales consécutives,
dont celles de Madrid et Rome sur
terre battue, puis celles de Wimbledon,
de l’US Open et de Melbourne. Mais ce
printemps, le n° 2 mondial a repris la
main. Vainqueur d’un huitième titre à
Monte-Carlo, d’un septième titre à Barcelone,
d’un sixième à Rome, l’Espagnol
a ensuite atteint la finale à Paris, sans
perdre une seule manche ! Et s’il s’est fait
une frayeur en cédant le 3 e set à Djokovic
ce dimanche 10 juin, Nadal a su boucler
l’affaire en s’accrochant à sa nouvelle tac-
tique : « Je suis très heureux de la manière
dont j’ai joué aujourd’hui, parce que j’ai
été beaucoup plus agressif. Comme lors
des deux premiers sets hier ».
Jusqu’où ira donc cet incroyable gaucher
? Déjà riche de onze titres en Grand
Chelem, comme Borg et Rod Laver,
“Rafa” semble taillé pour remporter
encore quelques majeurs, notamment
Porte d’Auteuil. Car à 26 ans, il semble
entrer dans ses meilleures années. Et son
humilité jamais feinte peut lui permettre
de renverser des montagnes. « Je l’ai déjà
dit, je le répète, (que ce soit le septième
titre) c’est accessoire. Ce qui était important
pour moi, c’était de gagner le tournoi,
a-t-il expliqué. D’une manière générale,
j’ai bien réussi au cours des huit dernières
années sur terre battue. Parce que
j’ai travaillé très dur pendant toute ma
vie. Parce que mon jeu s’adapte très bien à
cette surface. Parce que mon déplacement
est adapté à cette surface. Au niveau
mental, sur terre battue, c’est sans doute
un aspect très important, je suis très fort
sur cette surface, parce qu’il faut courir,
souffrir, avoir plus de tactique. Et aussi
parce que j’ai toujours peur de perdre.
Tous les jours, quel que soit l’adversaire,
je rentre sur le court avec énormément
de respect pour lui, sachant que je peux
gagner ou que je peux perdre. » Le voici
donc, le moteur de Nadal : la peur de
perdre. Pas sûr que cela rassure ses futurs
adversaires. Surtout ceux qui croiseront
sa route sur sa terre battue chérie…
Benjamin Waldbaum
* Le Français Max Decugis a gagné huit fois
le majeur parisien entre 1903 et 1914, mais
le tournoi n’était pas encore international.
William Renshaw a conquis sept Wimbledon
de 1881 à 1889. Richard Sears a remporté
sept US Open de 1881 à 1887, dont quatre en
ne disputant que la finale.