Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

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74 début des années 1880, de plus en plus d’agriculteurs de la haute vallée de la Saint- Jean abandonnent les activités agricoles pour travailler dans l’industrie forestière. L’arrivée des chemins de fer au Madawaska a eu, au début du siècle, des effets positifs sur l’économie et la marche des affaires des deux communautés. Situées à la croisée de quatre réseaux de chemins de fer, de trois rivières et de routes importantes, leur emplacement à la frontière internationale facilitait les échanges commerciaux. Ce carrefour d’importantes voies de communication, a permis d’orienter l‘économie de base des deux villes vers de nouvelles activités commerciales et industrielles importantes tel que la transformation du bois. Après la délimitation frontalière, les deux communautés se sont donc séparées dans l’exploitation des produits agricoles mais elles sont restées unies dans l’exploitation des produits de la forêt. Les entrepreneurs forestiers des deux rives de la Saint-Jean se sont lancés très tôt dans le développement de l’industrie forestière. À partir des années 1863 et 1864, les activités forestières dans la région de Saint-Léonard et de Van Buren se multipliaient à vue d’oeil (Lapointe,1989 p.245). Sur la rivière Saint- Jean et à l’embouchure de la Grande Rivière, plus de 20 entrepreneurs exploitent la forêt. Ces entrepreneurs sont irlandais, anglais, écossais ou américains et leur capital provient surtout de Grande-Bretagne. Le plus important est Frederick W. Brown. Le long de la rivière proprement dite, les entrepreneurs des deux rives font la coupe du bois sur une superficie de 15 milles carrés. Au printemps, la majeure partie du bois coupé de cette région flotte sur la rivière Saint-Jean avant d’être expédié à Portland et à New-York. À cette date, très peu de produits manufacturés sortent des forêts de la haute Saint-Jean. Ce n’est qu’en 1881, que la Van Buren Manufaturing s’installe, dans un grand moulin de deux étages, et se spécialise dans la fabrication de bardeaux et de madriers de construction (Lapointe,1989, p.248). La production est exportée principalement en Grande-Bretagne. Une partie importante du bois provenant de la haute vallée de la Saint-Jean est alors transformées à Van Buren. Cette ville s’est impliquée très tôt dans les industries de la transformation du bois. Ces activités forestières ont eu d’importantes répercussions sur l’économie des deux villes. Les moulins assurent des emplois aux travailleurs des deux communautés. De plus, au début, une importante partie des produits forestiers manufacturés à Van Buren sont transportés, par traversier et par le pont après 1910, à Saint-Léonard pour être exportés par le seul chemin de fer de la région, le Canadian Pacific (Lapointe,1989 p.248). La gare construite au début du XXe et plusieurs nouveaux entrepôts sont au service des moulins des deux rives de la Saint-Jean. Plusieurs moulins apparaissent aussi à Saint-Léonard. L’été on coupe le bois mou et l’hiver le bois franc. Une grande

75 partie du bois traité dans les moulins de Saint-Léonard provient des terres de la couronne, aujourd’hui propriété de la Compagnie Irving. En 1916, une nouvelle phase de l’industrie du bois est introduite. M. Croft construit à Van Buren une usine de pâte à papier The Aroostook Pulp & Paper Company. Plusieurs Canadiens dont un nombre important de citoyens de Saint-Léonard travaillent dans les moulins américains. À cette époque on peut habiter sur une rive et travailler sur l’autre sans condition. Au début du XXe siècle, Saint-Léonard et Van Buren constituent le plus important centre commercial et industriel de la vallée de la haute Saint-Jean. Les moulins à bois des deux villes produisent et vendent sur le continent américain et sur les marchés européens. En 1900, Van Buren, avec ses 1 875 habitants, est la métropole la plus importante du Madawaska américain. Saint-Léonard, plus populeuse, compte 2 738 habitants et domine du côté canadien. À ces dates, la population d’Edmundston n’est que de 1 882 habitants et celle de Grand Sault se chiffre à 1 253 (Lapointe, 1989). Les importantes constructions ferroviaires, routières et industrielles, les activités forestières, le développement de nouvelles colonies, la présence de voyageurs, l’augmentation démographique font naître plusieurs commerces dans les deux villes. Plusieurs magasins généraux, garages, auberges, hôtels, bars apparaissent et changent le paysage des deux villes. Les fermiers sont devenus hôteliers, restaurateurs, barbiers, confectionneurs, épiciers et forment une classe commerçante prospère. La classe dirigeante inclut au moins trois médecins qui traitent les patients des deux rives de la Saint-Jean. Le 20 novembre 1910, Van Buren et Saint-Léonard sont reliés par un pont international. Cette voie de communication redonne une certaine unité aux deux villes, facilite et augmente les échanges économiques, culturels et familiaux. Saint-Léonard devient alors le point de jonction entre les voies ferroviaires et routières canadiennes et américaines. Le volume des échanges commerciaux devient assez considérable pour que le secrétariat d’État à Washington transfère en 1916, de Edmundston à Saint- Léonard le bureau de l’agence consulaire. Pendant plusieurs années, ce bureau sera celui qui percevra le plus de frais douaniers des 66 agences consulaires dans le monde (Lapointe,1989, p.262). Déjà, depuis 1907-1908, des postes canadien et américain de douane et immigration sont installés du côté de Saint-Léonard. L’immigration est responsable de vérifier l’entrée des étrangers au pays. Les douaniers canadiens et américains ont la responsabilité de vérifier les véhicules et les passagers afin d’éviter la contrebande de marchandises d’un pays à l’autre. Leur tâche n’a pas été facile lors de la période de prohibition (voir annexe 4).

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début des années 1880, de plus en plus d’agriculteurs de la h<strong>au</strong>te vallée de la Saint-<br />

Jean abandonnent les activités agricoles pour travailler dans l’industrie forestière.<br />

L’arrivée des chemins de fer <strong>au</strong> Madawaska a eu, <strong>au</strong> début du siècle, des effets positifs<br />

sur l’économie et la marche des affaires des deux commun<strong>au</strong>tés. Situées à la croisée<br />

de quatre rése<strong>au</strong>x de chemins de fer, de trois rivières et de routes importantes, leur<br />

emplacement à la frontière internationale facilitait les échanges commerci<strong>au</strong>x. Ce<br />

carrefour d’importantes voies de communication, a permis d’orienter l‘économie de<br />

base des deux villes vers de nouvelles activités commerciales et industrielles<br />

importantes tel que la transformation du bois.<br />

Après la délimitation frontalière, les deux commun<strong>au</strong>tés se sont donc séparées dans<br />

l’exploitation des produits agricoles mais elles sont restées unies dans l’exploitation des<br />

produits de la forêt. <strong>Le</strong>s entrepreneurs forestiers des deux rives de la Saint-Jean se<br />

sont lancés très tôt dans le développement de l’industrie forestière. À partir des<br />

années 1863 et 1864, les activités forestières dans la région de Saint-Léonard et de<br />

Van Buren se multipliaient à vue d’oeil (Lapointe,1989 p.245). Sur la rivière Saint-<br />

Jean et à l’embouchure de la Grande Rivière, plus de 20 entrepreneurs exploitent la<br />

forêt. Ces entrepreneurs sont irlandais, anglais, écossais ou américains et leur capital<br />

provient surtout de Grande-Bretagne. <strong>Le</strong> plus important est Frederick W. Brown.<br />

<strong>Le</strong> long de la rivière proprement dite, les entrepreneurs des deux rives font la coupe du<br />

bois sur une superficie de 15 milles carrés. Au printemps, la majeure partie du bois<br />

coupé de cette région flotte sur la rivière Saint-Jean avant d’être expédié à Portland et<br />

à New-York. À cette date, très peu de produits manufacturés sortent des forêts de la<br />

h<strong>au</strong>te Saint-Jean. Ce n’est qu’en 1881, que la Van Buren Manufaturing s’installe, dans<br />

un grand moulin de deux étages, et se spécialise dans la fabrication de barde<strong>au</strong>x et de<br />

madriers de construction (Lapointe,1989, p.248). La production est exportée<br />

principalement en Grande-Bretagne. Une partie importante du bois provenant de la<br />

h<strong>au</strong>te vallée de la Saint-Jean est alors transformées à Van Buren. Cette ville s’est<br />

impliquée très tôt dans les industries de la transformation du bois. Ces activités<br />

forestières ont eu d’importantes répercussions sur l’économie des deux villes. <strong>Le</strong>s<br />

moulins assurent des emplois <strong>au</strong>x travailleurs des deux commun<strong>au</strong>tés. De plus, <strong>au</strong><br />

début, une importante partie des produits forestiers manufacturés à Van Buren sont<br />

transportés, par traversier et par le pont après 1910, à Saint-Léonard pour être<br />

exportés par le seul chemin de fer de la région, le Canadian Pacific (Lapointe,1989<br />

p.248). La gare construite <strong>au</strong> début du XXe et plusieurs nouve<strong>au</strong>x entrepôts sont <strong>au</strong><br />

service des moulins des deux rives de la Saint-Jean. Plusieurs moulins apparaissent<br />

<strong>au</strong>ssi à Saint-Léonard. L’été on coupe le bois mou et l’hiver le bois franc. Une grande

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