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Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine

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gouvernement dans son projet. À Saint-Léonard, deux requêtes <strong>fait</strong>es <strong>au</strong>près des<br />

<strong>au</strong>torités sont ignorées. En guise de protestation, les élèves restent à la maison. Au<br />

Madawaska, en 1873, une seule école fonctionne, celle numéro huit de Saint-Léonard<br />

qui enseignait <strong>au</strong>x anglo-protestants de la paroisse. Après la tragédie de Caraquet (14<br />

janvier 1875) date où la population acadienne s’insurge contre la loi sur les écoles<br />

neutres et où les protestations tournent à l’émeute et c<strong>au</strong>se la mort de deux individus,<br />

le Premier Ministre accepte le compromis proposé par les députés catholiques.<br />

Dorénavant, seules les écoles publiques seront financées, le programme scolaire sera<br />

le même pour tous, des manuels en <strong>français</strong> devront être disponibles pour certains<br />

cours, le <strong>français</strong> pourra être utilisé avec les élèves unilingues <strong>français</strong> et la religion<br />

sera enseignée après les heures scolaires régulières.<br />

Ceci apporte peu d’amélioration à la situation scolaire du Madawaska et à celle de<br />

Saint-Léonard. À la fin du XIXe siècle et <strong>au</strong> début du XXe siècle, la situation n’est<br />

guère encourageante. En réalité, le système scolaire du Madawaska se classe parmi<br />

les plus démunis de la province. <strong>Le</strong> nombre d’analphabètes y est très important. En<br />

1870, sur une population de 11 641 habitants, 2476 adultes (20 ans et plus) étaient<br />

incapables de lire et d’écrire. Dans les années 1880, l’assiduité scolaire selon les<br />

statistiques était la plus basse de la province soit 44.92%(Lapointe,1985).<br />

L’absentéisme écolier du côté canadien est attribuable, entre-<strong>au</strong>tre <strong>au</strong> système<br />

scolaire qui oblige les écoliers à apprendre le <strong>français</strong> avec des livres anglais et à<br />

rester après l’école pour les cours de religion, à la p<strong>au</strong>vreté ainsi qu’à l’éloignement des<br />

écoles. Il est vrai <strong>au</strong>ssi que la possibilité de gagner de l’argent dans les chantiers, de<br />

travailler à la construction ferroviaire ou dans les manufactures attiraient les jeunes<br />

plus ambitieux de gagner de l’argent que de faire des études. De plus, les institutions<br />

d’éducation supérieure étaient peu accessibles car le Madawaska était à cette époque<br />

une région géographiquement isolée. Par conséquent, en 1891, la population de cette<br />

partie du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick était majoritairement illettrée, soit 9,837 sur 18,217.<br />

L’absentéisme, assez important <strong>au</strong> Madawaska et reconnu <strong>au</strong>ssi chez les jeunes<br />

Acadiens et Acadiennes du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, a sans doute retardé leur<br />

l’assimilation linguistique. C’est par les statalismes linguistiques des institutions<br />

éducationnelles que les dirigeants des États arrivent à imposer une langue. Ce retard a<br />

permis à un grand nombre d’Acadiens de conserver leur langue et plus tard d’obtenir<br />

les droits qu’ils ont acquis depuis plus de vingt ans.<br />

En ce qui a trait à la qualité de l’enseignement offerte sur ce territoire, selon les<br />

surintendants des écoles du Madawaska, la paroisse de Saint-Léonard apparaît<br />

comme l’une des meilleure (voir table<strong>au</strong> II). Au début du siècle, Saint-Léonard connaît

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