Louise Gravel Shea - Le fait français au Maine
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Charlottetown ou de Fredericton. L’idéal <strong>au</strong>rait été un prêtre acadien. Il n’y avait à cette<br />
époque qu’un prêtre acadien dans les diocèses des Maritimes, l’abbé Poirier,<br />
nouvellement ordonné. Selon Léon Théri<strong>au</strong>lt, l’influence du diocèse de Québec à<br />
Rome a été be<strong>au</strong>coup moindre que celle des évêques écossais et irlandais des<br />
Maritimes. Ces derniers ont <strong>fait</strong> pression <strong>au</strong>près de Rome pour que les diocèses des<br />
Maritimes soient sous la seule juridiction d’évêques et de prêtres anglophones.<br />
La commun<strong>au</strong>té de Grande-Rivière n’a pas été très affectée par la domination<br />
épiscopale anglophone. La paroisse de Saint-Bruno n’a eu comme curé que des<br />
prêtres envoyés par le diocèse de Québec ou des prêtres francophones et ce jusqu’en<br />
1869, date de la scission ecclésiastique de Saint-Bruno. À cette date, la rive sud de la<br />
paroisse de Saint-Bruno, américaine depuis 1842, est intégrée <strong>au</strong> diocèse de Portland,<br />
<strong>Maine</strong>. La rive nord de Grande-Rivière qui est devenue la paroisse civile de Saint-<br />
Léonard fonde la paroisse religieuse de Saint-Léonard-de-Port-M<strong>au</strong>rice. La nouvelle<br />
paroisse reste intégrée à la structure ecclésiastique des Maritimes.<br />
À partir des années 1860, une classe moyenne commence à se former en Acadie. Des<br />
institutions d’envergure sont mises sur pied. Van Buren et, plus tard, Saint-Léonard y<br />
ont participé (voir table<strong>au</strong> I). L’Église acadienne des Maritimes, après les années 1860,<br />
s’affirme. <strong>Le</strong> clergé francophone prend de l’importance. Il compte plusieurs<br />
personnalités religieuses qui assurent le leadership, luttent contre l’émigration vers les<br />
États-Unis ou l’Ouest canadien et font la promotion de la colonisation des Maritimes. Il<br />
a <strong>au</strong>ssi un <strong>au</strong>tre but: acadianiser les structures ecclésiastiques des Maritimes. Au<br />
début du XXe siècle, le clergé francophone, devant la difficulté de faire nommer un<br />
francophone à la tête d’un diocèse et l’impossibilité de convaincre les évêques<br />
d’origine anglaise et irlandaise, s’adresse à Rome. Il demande de créer un nouve<strong>au</strong><br />
diocèse afin de réunir les catholiques de langues <strong>français</strong>e dans un même diocèse.<br />
Rome refuse, mais compromet en nommant, en 1910, Mgr <strong>Le</strong>blanc, évêque d’origine<br />
acadienne et francophone, à la tête d’un diocèse à majorité anglophone, celui de Saint-<br />
Jean, N.-B.<br />
L’Église acadienne continue ses démarches, ses pressions et ses pétitions à Rome.<br />
En 1936, elle obtient la création du diocèse de Moncton. Mgr Melanson en devient le<br />
premier évêque. Deux <strong>au</strong>tres évêchés seront crées par la suite: celui d’Edmundston,<br />
en 1944 par la division de celui de Bathurst; et celui de Yarmouth, en Nouvelle-Ecosse,<br />
par la division de celui d’Halifax. L’Église acadienne est devenue plus influente et a su<br />
imposer ses vues afin de servir les catholiques de langue <strong>français</strong>e.<br />
En somme, la question épiscopale des Maritimes, donc du Nouve<strong>au</strong>-Brunswick, est liée<br />
à des considérations ethniques ou linguistiques <strong>au</strong>tant du côté anglophone que du